Prévue dès le mois de juillet, la très stratégique visite au Qatar du chef de la transition tchadienne, Mahamat Idriss Déby, aura lieu ce week-end. Elle a nécessité deux mois de tractations.

Comme nous l’avions révélé (AI du 22/07/21), le président de la transition tchadienne Mahamat Idriss Déby, dit « Kaka », se rendra bien au Qatar pour parler de la réconciliation nationale. Il devrait, selon nos sources, arriver dimanche. En amont, une équipe d’une vingtaine de cadres, dont le ministre des Affaires étrangères Mahamat Zène Chérif, doit déjà rejoindre Doha ce vendredi.

Coûteux dialogue national

Mahamat Idriss Déby rencontrera l’émir Tamim ben Hamad al-Thani pour discuter de la participation financière du Qatar à la transition politique ouverte après la mort du maréchal Idriss Déby en avril 2021. Ndjamena a transmis mi-juillet un document à plusieurs de ses partenaires – dont le Qatar – dans lequel le coût du « dialogue national » est chiffré à près de 149 milliards de francs CFA (227 millions d’euros). Le gouvernement tchadien n’a réuni à ce jour qu’un peu moins de 10 milliards de francs CFA (15 millions d’euros).

Kaka parlera également du sort du plus encombrant hôte tchadien de Doha : Timan Erdimi. Neveu de l’ancien président, ce dernier vit depuis plus d’une décennie au Qatar, à l’hôtel Mövenpick de la corniche, à la suite d’un accord passé entre le Soudan et le Tchad visant à l’écarter de la tête de la rébellion. Via son parti de l’Union des forces de la résistance (UFR), Erdimi a failli renverser son oncle une première fois en 2008 depuis le Soudan, puis lors d’une seconde tentative en février 2019 alors qu’il vivait déjà au Qatar. A l’époque, ses colonnes de pick-up venant du Sud libyen avaient été stoppées in extremis par les Mirage français. L’armée tchadienne, dont une partie du commandement est principalement composée de Zaghawa – comme l’est Erdimi -, n’avait pas souhaité combattre (AI du 23/09/19).

Alors que Kaka a mis sur pied fin août, sous l’autorité de l’ancien président Goukouni Weddeye, un comité technique chargé d’échanger avec les rebelles dans le cadre du dialogue national, Erdimi ne s’est toujours pas prononcé officiellement sur sa participation à l’initiative.

Laborieuse préparation

La préparation de cette visite à Doha a nécessité plusieurs voyages de Mahamat Zène Chérif dans l’émirat gazier et – fait rare en diplomatie – le ministre s’est même déplacé en personne le 26 août à l’ambassade du Qatar à Ndjamena pour y rencontrer le chargé d’affaires Abdul Sattar Saleh al-Ansari. Doha avait très tôt montré son soutien à Kaka pour conduire les affaires de l’Etat en dépêchant le 16 mai 2021 son vice-ministre des affaires étrangères à N’Djamena, Sultan bin Saad al-Muraikhi.

La relation entre les deux pays a connu de nombreux bouleversements ces dernières années.

Le Tchad, poussé par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, a rompu entre 2017 et 2018 ses relations diplomatiques avec le Qatar. Ce dernier était alors confronté à un blocus terrestre et aérien de la part de ses deux voisins, ainsi que de l’Égypte et de Bahreïn. Depuis 2018, les deux parties ont rouvert leurs ambassades, actuellement occupées de part et d’autre par des chargés d’affaires.

Tchadanthropus-tribune avec la Lettre du Continent

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