Fin de la françafrique, exigence de démocratie, ces différentes questions vont éclipser le thème officiel sur l’environnement et la bonne gouvernance
 
Le 14ème sommet de la francophonie s’ouvre ce 12 octobre à Kinshasa capitale de la RD Congo sous le thème «enjeux environnementaux et économiques dans la bonne gouvernance». Pour les organisateurs de l’évènement, le choix de ce thème s’explique par le fait que la gestion solidaire des enjeux environnementaux et économiques constitue aujourd’hui un préalable indispensable à la matérialisation des objectifs du millénaire pour le développement en ce qu’elle constitue un enjeu majeur pour le devenir de la planète et pour le renforcement de la coexistence pacifique. Comme très souvent l’évènement risque de se voir pris en otage d’une réalité devenue stratégique, celle de la relation entre la France et les Etats Africains membres de la Francophonie. Depuis qu’il a été élu à la tête de la France, François Hollande a reçu très peu de chef d’Etats Africains et très peu de dirigeants issus de la vieille garde. Ce sommet sera avant toute chose celui de la rencontre entre une Afrique obligée de changer et le responsable d’un pays partenaire où les choses ont déjà changé. Le président français a assuré jeudi soir qu’il tiendrait ses promesses de campagne électorale. "Les temps ont changé", a-t-il asséné jeudi soir lors d’une interview donnée à RFI, France 24 et TV5Monde, des médias ayant une grosse présence en Afrique. «C’est une nouvelle politique qui est en train de se définir. Je ne veux pas des passe-droits. C’est fini le temps des émissaires, des intermédiaires, de ceux qu’on pouvait emmener dans nos bagages», a-t-il insisté.
 
 
© Journalducameroun.com 
Kin accueille le 14ème sommet de la Francophonie
Le nouveau cap de la France

Le président français a également affirmé qu’il aborderait systématiquement les questions des droits de l’homme et de la démocratie avec les chefs d’Etat qu’il rencontrera. «Je veux, à chaque fois que je me déplace, qu’il y ait aussi la marque que, lorsque la France est là, il doit y avoir des progrès en matière de démocratie», a précisé François Hollande. Le président français, dont ce sera le premier voyage en Afrique (avec une étape au Sénégal), est finalement très attendu lors de ce sommet. D’abord parce qu’il s’agit du premier évènement d’envergure sur le continent depuis son élection, ensuite, parce que c’est une occasion pour lui de montrer qu’il traduit ses actes en paroles. Loin des débats feutrés, le sommet de Kinshasa sera inévitablement celui de tous les tests. Le test pour le président Hollande qui sera plongé au milieu de tout ce qu’il a souvent critiqué, le vaste nid françafricain. Le nouveau président français, n’est pourtant pas totalement inflexible. Dans son entourage, on affirme qu’il aurait réalisé que son choix initial de conditionner son voyage sur la RDC était risqué. Le Congo Kinshasa qui est le plus grand pays francophone en superficie et l’un des plus riches en ressources naturelles, menaçait de sortir de l’organisation si on lui retirait l’organisation de la rencontre. En outre, des géants de l’économie française présents au Congo dont Areva (uranium), Lafarge (ciment), Orange (télécoms), Total (pétrole), Alstom (avec des sociétés d’Etat), auraient lourdement insisté pour que le président français se rende à Kinshasa. Au sein de l’opinion locale congolaise on est loin de ces débats. Comme souvent, la tenue d’un sommet international dans une capitale africaine y stimule une multiplication de façades blanchies. Les Chinois ont accéléré les travaux d’asphaltage d’une route difficile qui relie l’aéroport de N’Djili à Kinshasa. L’éclairage public a fait son apparition sur certains axes centraux (privant d’électricité des quartiers périphériques). Des poubelles métalliques ont été installées sur le boulevard principal. Des petits commerces ont été détruits au bulldozer. Des marchands ambulants, des réparateurs et des enfants des rues ont été chassés par la police.

 
 
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Le président français François Hollande sera présent
Quelques chiffres de la Francophonie

Qui finance la francophonie et quelles sont ses actions? La France reste, avant le Canada, le principal contributeur de la francophonie, bien qu’elle ait diminué en 2012 sa contribution volontaire à l’OIF, passée de 21 à 14,5 millions d’euros. Paris met toutefois gracieusement à disposition, depuis février 2011, les locaux du nouveau siège de l’OIF, avenue Bosquet, où sont regroupés sur 8 000 m2 des services autrefois dispersés dans la capitale. La France consacre au total 56 millions d’euros à la francophonie, auxquels s’ajoute un budget "culture et communication" de 150 millions d’euros, dont 72 millions pour TV5 Monde. Depuis sa nomination en 2006, l’administrateur de l’OIF, le Québécois Clément Duhaime, a mis en oeuvre une politique de rationalisation. Le budget de fonctionnement, qui absorbait près de la moitié des ressources en 2005, n’en représente plus qu’un quart. Les directions de programmes ont été réduites de onze à quatre et un tiers des projets ont été abandonnés. Davantage impliquée dans l’aide au cinéma et les nouvelles technologies, l’OIF met l’accent sur la formation des maîtres (dans dix pays), la promotion des enseignements bilingues (au côté de langues nationales) et la création de centres de lecture (plus de 300 dans une vingtaine de pays).

L’Afrique, où vit un francophone sur deux, est le continent qui bénéficie le plus de ces programmes. C’est aussi celui où le français se développe le plus rapidement, en raison de sa démographie: d’après les projections, 85 % des 715 millions de francophones seront africains en 2050.

Principales Dates de la Francophonie:
1880: le géographe français Onésime Reclus invente le terme de "francophonie" pour désigner personnes et instances utilisant le français dans le monde.
1926: naissance de l’association des écrivains de langue française (Adelf)
1961: naissance de l’ancêtre de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) qui regroupe aujourd’hui 786 établissements dans 98 pays.
1970: l’idée d’une organisation francophone, lancée par des dirigeants du Sud – notamment le Sénégalais Léopold Sedar Senghor, le Nigérien Diori Hamani, le prince Sihanouk du Cambodge et le Tunisien Habib Bourguiba – prend corps avec l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), ancêtre de l’OIF.
1984: naissance de la chaîne de télévision francophone TV5. Diffusée aujourd’hui dans près de 200 pays et territoires.
1986: premier sommet de la Francophonie à Versailles, sous la présidence de François Mitterrand.
1989: premiers jeux de la Francophonie à Rabat et Casablanca, manifestation sportive et culturelle. Création de l’Université Senghor d’Alexandrie, conçue pour accueillir tous les francophones intéressés par les questions de développement.
1997: Première élection d’un Secrétaire général de la Francophonie, chargé de conduire son action politique. L’Egyptien Boutros Boutros-Ghali est choisi. L’ex-président sénégalais Abdou Diouf lui succède en 2002, est réélu en 2006 puis en 2010 pour quatre ans.
2010: la Francophonie fête son 40e anniversaire.
2012: premier Forum mondial de la langue française à Québec.

 

 

Par Idriss Linge
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