A l’instar de nos concitoyens, nous n’avons cessé d’apporter modestement notre part de contributions aux efforts de diverses personnes, soucieuses de l’avenir du Tchad, des efforts destinés à éclairer l’opinion tchadienne sur l’action diplomatique de notre pays pour lui permettre de mieux la situer dans le contexte de notre époque qui ne cesse de changer en posant de nouveaux défis et en créant de nouveaux enjeux. 

 

Face à une scène internationale, en perpétuelle transformation, les acteurs se multiplient, avec des tendances et logiques le plus souvent contradictoires voire conflictuelles. Des nouvelles préoccupations naissent et se transforment au gré des rapports de forces, des alliances et des circonstances. C’est une évidence de dire que dans une mondialisation de plus en plus poussée, les relations internationales deviennent de plus en plus complexes, rendant les activités des diplomates plus ouvertes, plus ardues et plus exigeantes. Cela requiert du talent, de la sagesse et de l’ouverture d’esprit adaptée aux réalités d’aujourd’hui,  une gestion rationnelle des ressources ; à commencer par le chef de Mission qui est le pivot de la représentation d’un pays.  

 

De par sa position géostratégique et géopolitique – y compris son rôle déterminant sur le continent africain, le Tchad est confronté à un défi multidimensionnel aussi bien sur le plan de sa politique du développement que de sa politique étrangère. Il sera de ce fait appelé à être à la hauteur des nouveaux enjeux internationaux et géostratégiques tout en s’efforçant de sauvegarder, promouvoir et consolider ses intérêts vitaux. Sa visibilité internationale dépendra aussi de la vision que le Tchad va mettre en avant, des projets qu’il va porter, des perspectives qu’il va tracer ainsi que de l’énergie et des acteurs qu’il va parvenir à mobiliser.

 

Cela appelle non seulement à repenser l’organisation et le fonctionnement de nos missions diplomatiques mais aussi à redéfinir en permanence notre politique étrangère pour s’adapter à l’évolution du contexte, au risque de ne pas tirer son épingle du jeu international et de jouer de la figuration en dilapidant les ressources financières du pays sur le dos des contribuables tchadiens. 

 

De notre point de vue, la problématique de la politique étrangère peut être questionnée et débattue pour en dégager une vision consensuelle tchadienne du monde et du Tchad qui structurerait toutes les actions qui engagent l’avenir de notre pays. De ce fait, la politique étrangère du Tchad doit clarifier son idéologie, ses valeurs et ses principes d’action ; l’ensemble doit être structuré en un tout cohérent et accompagné, dans la pratique, de moyens intellectuels, éthiques, professionnels, matériels et financiers à la hauteur de ses ambitions. 

 

Il est impératif de garder à l’esprit, comme le disait l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, que le métier de diplomate est devenu pluriel et exige en même temps un sens aiguisé d’initiative, d’anticipation, de créativité et de réactivité aux événements. Dans cette perspective, le diplomate doit sans cesse s’adapter aux nouveaux enjeux par des actions novatrices, avec abnégation, loyauté,  habileté et professionnalisme. 

 

Il serait fâcheux d’attendre que les malheurs s’accentuent pour penser aux redressements. Ce qu’il faut changer avant tout, c’est la mentalité, la façon d’aborder les problèmes. Et pour cela, il faut conscientiser ceux qui, par découragement, en sont arrivés à faire du pessimisme leur vertu. Il en va de même pour ceux qui se cachent derrière les symboles de leur fonction publique pour assouvir leur égoïsme et flatter leur orgueil qui les rendent allergiques aux critiques quelle que soit leur valeur constructive. Il ne faut jamais se laisser piéger par le désespoir face à une inertie apparente.

 

La crédibilité de notre diplomatie dépend des capacités techniques et des qualités humaines et morales des hommes et des femmes impliqués à des degrés divers dans la conduite de cette diplomatie. On ne s’engage pas dans une carrière diplomatique « pour l’argent », parce qu’elle est davantage au service de la défense d’intérêts du pays que dans la réalisation d’intérêts personnels.

 

Le Tchad a des potentialités extraordinaires pour son développement véritable. C’est pourquoi, une connaissance appropriée des enjeux et une mobilisation consensuelle et en commun d’efforts pragmatiques, dans le respect des exigences éthiques, peuvent susciter l’émergence d’une nouvelle gouvernance au service de développement du Tchad.

 

Talha Mahamat Allim

 

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