Au lieu de la lutte contre le terrorisme et du renforcement des capacités de défense nationale, l’armée française s’est illustrée en Afrique et singulièrement au Tchad par son soutien aux dictatures et à leurs milices claniques.

 

Après l’annonce du retrait des troupes françaises exigé par les Autorités de transition du Mali, le Tchad et certains pays de l’Afrique de l’Ouest sont cités comme les points de chute, dans le cadre de la ré articulation desdites forces. Dans le même temps, curieusement la junte militaire en place au Tchad annonce le renforcement de la présence militaire Tchadienne au Mali alors que depuis plusieurs mois ce pays ami remporte sur le terrain d’importantes victoires face aux terroristes. Le Tchad, il convient de le rappeler, est le siège de l’opération Barkhane et abrite les forces françaises sans discontinuer depuis les indépendances octroyées en 1960.

 

Depuis cette date, au Tchad, plus qu’ailleurs, les forces françaises et la Direction Générale des Services Extérieurs (DGSE), bras armés de la politique extérieure de la France, se sont employées à faire et défaire dans le sang, les régimes politiques au Tchad :

 

1-   Après avoir soutenu le régime du feu président Ngarta Tombalbaye dans la répression des premières rébellions, elle a organisé son assassinat par un groupe de militaires afin de permettre la livraison des armes aux mouvements rebelles et obtenir ainsi la libération de Madame Claustre.

 

2-   En 1976, le Conseil Supérieur Militaire constatant la duplicité de ses alliés français et ayant demandé leur départ du territoire tchadien, a assisté presque impuissante à l’orchestration de la guerre civile qui a ravagé le pays en 1979.

 

3-   Non contente de s’être faite dépossédée de sa tutelle sur le Tchad par la Libye de Kadhafi avec l’arrivée de Goukouni Weddeye au pouvoir, la France a soutenu son éviction par Hissein Habré et a cautionné et participé aux assassinats politiques à grande échelle pratiqués par ce dernier durant ses huit années de pouvoir.

 

4-   Hissein Habré ayant décidé de composer avec les Américains au sujet des prisonniers libyens a été victime d’une tentative de coup d’Etat en Avril 1989. La France revancharde, s’est associée aux libyens pour l’évincer à son tour par un répugnant chantage digne de l’époque médiévale et mener ainsi Idriss Deby au pouvoir dans les brancards.

 

5-   Idriss Deby, un homme n’ayant aucune vision pour le Tchad a ainsi livré le pays à la merci de l’armée française ; tant et si bien que ne pouvant plus se passer de lui, elle a organisé son maintien au pouvoir en modifiant la constitution pour lui octroyer un troisième mandat au mépris des aspirations de démocratie du peuple tchadien. Lequel troisième mandat a suscité les révoltes ayant plongé le pays dans un nouveau cycle de violences qui persiste à ce jour.

 

6-   Idriss Deby, suite à l’assassinat de son autre parrain Kadhafi, a dénoncé, entre autres, les méfaits de la déstabilisation de la Libye et du franc CFA ; des thèmes qui dérangent en France. Dès lors, ses jours étaient comptés au point que lui-même évoquait en privé la probabilité de son assassinat par les services français.

 

7-   Après l’assassinat jusqu’ici non élucidé d’Idriss Deby, la DGSE et Emmanuel Macron organisent un coup d’État d’un nouveau genre pour son remplacement par son fils au grand dam des Tchadiens qui espéraient pour une fois, une dévolution constitutionnelle du pouvoir et une transition apaisée.

 

Résultats :

–    le Tchad est un pays exsangue et dix-sept millions de Tchadiens s’interrogent sur l’avenir de leur pays. Après vingt et huit ans de pouvoir, I. Deby a reconnu lui-même devant les Gouverneurs en 2018 à Abéché que tous les fondements de la Nation sont par terre.

–    Le Tchad végète à la 187e place sur 190 pays dans l’indice de développement humain (IDH) du PNUD malgré les énormes ressources pétrolières.

–    L’injustice s’est durablement instaurée dans le pays rendant le faible coupable de facto et faisant de l’incompétence une vertu et du mérite une exception.

–    L’armée, socle de brassage des populations est devenue une milice clanique au service de la répression des dictatures et sert de supplétive aux expéditions erratiques de la France en Afrique. Le personnel tchadien formé par la France est dans la nature tandis que les coopérants français conseillent aux dictatures la constitution d’une armée clanique ;

–    L’école Tchadienne naguère réputée pour sa rigueur en Afrique francophone a disparu et les étudiants tchadiens sont plus nombreux a l’étranger que dans la pays. La liste est non exhaustive.

 

A l’instar des peuples africains du Rwanda, de la Centrafrique et du Mali et par solidarité avec ces derniers, les Tchadiens doivent identifier l’origine de leur malheur : le gouvernement et l’armée françaises. L’armée française en Afrique fait partie des causes de son sous-développement et n’est pas la solution, ni à la lutte contre le terrorisme ni au renforcement des capacités de défense nationale de nos pays. Dans le cas du Tchad, elle a transformé le pays en un vaste territoire opérationnel pour, entre autres, mieux assouvir ses velléités de puissance.

 

La Plateforme de Concertation de la Diaspora Tchadienne invite l’ensemble des Tchadiens de l’intérieur et de l’étranger à faire obstacle au transfert vers le Tchad des troupes françaises renvoyées du Mali. Elle exige par ailleurs le départ des forces françaises vues comme forces coloniales afin que le Tchad assume sa souveraineté au dialogue national inclusif.

 

Pour la Plateforme de Concertation de la Diaspora Tchadienne,

 

Haroun Zorrino

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