Il y a lieu de le croire, bien qu’il soit inscrit dans la thématique n°4 consacrée aux Politiques Publiques Sectorielles (CPPS4) qui s’est réunie du 07 au 13/09/2022 à la Maison de la Femme à N’Djamena. La commission concernée est dirigée par 6 membres : M. Ngabo Seli MBOGO (président), M. Hassane SALINE HIZANE (vice-président), Pr. Ali Zakaria MOUSSA (rapporteur général), Dr. Haoua OUTMAN DJAME, ancienne basketteuse, (rapporteur), M. Ismaïl ABDELHAKAM (rapporteur), M. Ali SALEH (rapporteur). Elle est répartie en 13 sous-commissions et 32 secteurs.

La sous-commission n°11regroupe 6 secteurs : la culture, les arts, la jeunesse, les sports, le tourisme et l’artisanat. Elle est dirigée par : Mme Mariam MAYOUMBILA (présidente), M. Ramat Issa FAYCAL (vice-président), M. Abdelgader Abderamane KOKO (rapporteur général), Mme Awatif BAROUD (rapporteur), M. Hissein Adamou CAMARA (rapporteur). Cette sous-commission a examiné et traité les politiques publiques des secteurs hauts cités, sur la base du rapport de référence, fourni par le Comité d’Organisation du Dialogue National Inclusif (CODNI).

Concernant le sport, il se dégage après débats, le constat suivant : manque de reconnaissance du statut des sportifs ; mal gouvernance au sein du mouvement sportif national ; sport purement amateur ; absence de politique nationale des sports. De ce constat, il découle au départ, 27 recommandations réalisables : 20 sur le court terme ; 6 sur le moyen terme ; 1 sur long terme.

Mais, après les réactions exprimées par quelques participants qui, visiblement ne sont pas des acteurs directs, la dernière présentation de la sous-commission en plénière réduit les 27 recommandations à 11, réalisables sur le court terme. Celles-ci sont indiquées dans le cahier des charges, élaboré par la commission ad hoc n°3, mise en place par le présidium. Ces recommandations sont :  

1/ – élaborer une politique nationale des sports ;

2/ – relancer les sports scolaires et universitaires ;

3/ – faire appliquer les textes affectant des redevances à l’ONAJES ;

4/ – organiser annuellement des championnats nationaux d’élite et des jeunes ;

5/ – construire des infrastructures sportives réglementaires dans les chefs-lieux de province ;

6/ – renforcer l’encadrement technique des équipes nationales ;

7/ – promouvoir et soutenir le sport féminin et des personnes vivant avec un handicap ;

8/ – accroitre le financement et sponsoring sportif en mettant en place des politiques fiscales attractives ;

9/ – assurer la formation des chroniqueurs sportifs ;

10/ – créer les centres, académies et écoles de football dans les 10 arrondissements de la capitale et dans les chefs-lieux des provinces ;

11/ – développer le sport de masse ;

12/ – organiser les états généraux des sports.

Quel que soit le nombre, 27 ou 11, ces recommandations ne traduisent pas fondamentalement les problèmes qui minent le développement et la promotion du sport au Tchad. Pourtant, la suggestion est faite dans un article envoyé au ministre d’État chargé du Dialogue National Inclusif (DNI), publié aussi par le journal N’Djamena hebdo et le site Tchadanthropus, d’inviter le sport tchadien au Dialogue Nationale Inclusif et Souverain (DNIS). Une suggestion restée, hélas, sans réponse. L’absence de véritables acteurs du mouvement sportif et d’un personnel technique attitré du ministère des sports, a rendu moins pertinent et peu crédible le document de référence du CODNI.

Le constat établi par des experts de circonstance, qui ont occupés des fonctions administratives et techniques au ministère des sports, manque de de cohérence et de clarté. Cela confirme, non seulement une connaissance limité des auteurs, mais aussi le peu d’intérêt accordée par les plus hautes autorités du pays au sport. Il justifie ainsi l’oubli de ce secteur dans la synthèse finale du DNIS et l’absence dans le prochain Conseil National de Transition élargi, à l’instar des autres : culture, médias, etc.

Vu le contexte actuel de déliquescence, le prochain gouvernement de la transition, ne peut se contenter de ne retenir que la seule recommandation n°8 : développer les sports de masse et vulgariser la philosophie de la non-violence, retenue curieusement, au  titre de la thématique 1 : Paix, Cohésion Sociale et Réconciliation Nationale, par la synthèse finale du DNIS. Le thème de développement de sport de masse n’est pas nouveau. C’est même devenu une rhétorique que ceux qui l’exhibent ne connaissent certainement pas de quoi il retourne.

Ce qui serait judicieux pour les autorités de la transition post-DNIS, c’est de se pencher sur l’organisation des états généraux du sport, prévue dans le cahier des charges proposées par la commission ad hoc n°3. Cette thématique figurait déjà dans les programmes de campagne des deux derniers mandats du Maréchal, une promesse restée sans lendemain.

L’organisation de ces états généraux serait un acte salutaire pour le sport tchadien. Car, cela pourrait être l’occasion de faire un état des lieux des politiques sportives de l’État depuis l’indépendance et d’en évaluer les résultats. Ce serait aussi un cadre approprié pour échanger et examiner tous les problèmes et difficultés qui, de nos jours, handicapent le développement et la promotion du sport au Tchad, jadis réputé dans les compétitions sportives de la sous-région Afrique centrale. De plus, les conclusions de ce forum seront utiles pour élaborer une politique sportive qui fait tant défaut.

Le second problème sur lequel le prochain ministre des Sports doit se pencher, est celui du financement du sport via l’Office National de la Jeunesse et des Sports (ONAJES). En effet, crée par l’ordonnance n°005/PR/ du 15/09/2016, l’ONAJES a pour missions de : soutenir les initiatives contribuant à l’insertion socio-économique des jeunes ; promouvoir le sport à la base ; rechercher des partenaires, des ressources extrabudgétaires, parafiscales et privées, destinées à promouvoir le sport ; assurer le suivi technique, la gestion et l’entretien des stades et autres structures sportives.

Un vaste programme dominé par le sport que, seul, le budget du ministère ne peut prendre en compte. A ses débuts l’ONAJES est placé sous l’autorité et la tutelle du ministre de la Jeunesse et des sports. Mais aujourd’hui, il semble échapper à ce dernier qui n’assure plus la présidence de son conseil d’administration. Pourtant, c’est au nom du sport que fut créé un Fonds National de Développement du Sport (FNDS), transformé par la suite en office national.

Conformément à l’article 3 de l’ordonnance portant création de l’ONAJES, les ¾ des missions concernent d’abord le sport. Mais celui-ci ne bénéficie pas des crédits proportionnels et relatifs à la réalisation de ses programmes d’actions et des objectifs visés. Le secteur jeunesse, avec une seule mission « soutenir l’insertion socio-économique des jeunes », plus politique que sociale, draine la majeure partie des ressources extrabudgétaires recueillies, au grand dam du sport. L’argent étant le nerf de la guerre, des voix s’élèvent çà et là pour dénoncer la gestion sélective de l’ONAJES et exiger une répartition conforme au texte, comme indiqué dans une des recommandations.

Deux autres points méritent attention. Il s’agit de la finalisation de la réfection du stade Idriss OUYA, encore en chantier, et de l’ouverture de l’hippodrome de N’Djamena et sa mise à disposition des clubs de football. La prochaine saison sportive se prépare et qu’il serait dommage que la question des infrastructures de pratique reste une hantise pour le mouvement sportif tchadien.

BANGALI DAOUDA Boukar

Bureau d’études et conseils en sport                                                                                                       

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