26 novembre 2025 #TCHAD #Basketball : le plateau du lycée Félix Éboué dégradé, les acteurs appellent à l’aide
Depuis 1962, le plateau du lycée Félix Éboué, situé au cœur de N’Djaména, a vu naître les premières dribbles, les premiers champions et des générations entières de passionnés de basketball. Pourtant, aujourd’hui, ce lieu historique ressemble davantage à un champ de ruines qu’à un véritable terrain de sport : dalles fissurées, paniers rouillés et tordus par le temps, débris et ferrailles éparpillés sur le sol.
Chaque jour, malgré le risque réel de blessures graves, entorses, fractures, chutes sur des morceaux de béton, des dizaines de jeunes continuent à jouer du basket sur ce terrain mythique. Pas par plaisir, mais parce qu’ils n’ont nulle part où jouer et qu’ils aiment ce sport. « On doit d’abord balayer avant chaque entraînement. Et pour les nids-de-poule on n’a pas le choix », raconte Abdraman Moussa, un jeune basketteur croisé sur le terrain du lycée Félix Éboué.
Innocent, un autre jeune passionné de basketball, confie en plein entraînement qu’un de ses coéquipiers s’est luxé l’épaule en tombant dans une fissure.
Depuis, ce dernier ne vient presque plus aux entraînements. « Cet état du terrain nous décourage souvent. En dehors du lycée Félix Éboué, qui est connu de tous, il existe d’autres terrains dans les lycées de la ville, mais ils sont presque tous dans le même état de dégradation », déplore-t-il.
Les responsables des fédérations sportives sont conscients du problème depuis des années. Bantigal Samuel Tobian, secrétaire général de la Ligue de basketball de N’Djaména, raconte avec émotion les origines du lieu. « Tout a commencé en 1962, ici même, grâce à l’intendant Mamadou Dakor et à un coopérant européen. Les premiers entraînements, le premier championnat scolaire… c’est sur cette dalle que tout est né. Des légendes comme Dedjébé Bob, Doungous Ngaro, Gozo, et même des personnalités comme Saleh Kebzabo ou Djibrine Abdoul y ont joué. »
Selon lui, il y a quelques années, le ministère des Sports avait pourtant lancé un programme ambitieux : construire deux terrains neufs côte à côte au lycée Félix Éboué. Un seul a été achevé. Les fondations du second, abandonnées depuis, servent aujourd’hui… de terrain de football improvisé.
Face à cette situation, la Ligue de basketball de N’Djaména lance un appel solennel aux autorités, au secteur privé et aux partenaires internationaux. Les travaux demandés sont précis : réfection totale de la dalle et nouveau marquage ; pose d’une clôture grillagée pour sécuriser le terrain ; installation de panneaux en plexiglas, de cercles neufs et de supports fixés au sol ; aménagement des abords et construction de gradins pour le public ; mise en place d’un éclairage pour les entraînements et matchs en soirée.
« Ce n’est pas seulement une question de confort », insiste Bantigal Samuel Tobian qui assure que « c’est une question de sécurité, de dignité et de respect pour l’histoire de ce lieu. »
En cette fin d’après-midi, sur le plateau, les joueurs continuent malgré tout de dribbler entre les trous et de smasher sur des paniers branlants. Le bruit du ballon résonne encore.
Tchadanthropus-tribune
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