Alors que des députés européens appellent à dénoncer le soutien des puissances étrangères aux belligérants, les Émirats arabes unis ont dépêché leurs diplomates à Strasbourg.

Les débats étaient animés, le mardi 25 novembre, dans l’enceinte du Parlement européen à Strasbourg. Ce jeudi, les députés doivent se prononcer sur une résolution présentée cette semaine, au sujet de l’escalade de la guerre au Soudan et de la catastrophe humanitaire qui en découle. Principal sujet de controverse : la mention du soutien des Émirats arabes unis (EAU) aux paramilitaires des Rapid Support Forces (RSF), qui figurait au bulletin d’information de cette session plénière.

Abu Dhabi, qui nie officiellement ces accusations, avait pour l’occasion réservé une salle du protocole afin de rencontrer des parlementaires avant le vote de la résolution. La demande a été formalisée par l’ambassadeur émirien pour l’Union européenne (UE) Mohamed Al Sahlawi, qui était accompagné de la ministre d’État aux affaires étrangères des EAU, Lana Nusseibeh, par ailleurs négociatrice dans le cadre du Quartet pour le Soudan – qui réunit les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis.

Contacté par Africa Intelligence, un porte-parole du ministère émirien des affaires étrangères souligne que la ministre, envoyée spéciale pour l’Europe, effectue une visite incluant la France, le Royaume-Uni et la Slovaquie pour discuter des relations bilatérales et des questions d’intérêt commun, y compris les développements régionaux clés. « Ce voyage fait partie de son portefeuille régulier d’engagements à travers l’Europe », a ajouté le porte-parole.

Portée symbolique

À l’issue des discussions de mardi, le texte sur lequel les députés ont à se prononcer ce jeudi ne mentionne pas les Émirats arabes unis ou d’autres puissances étrangères impliquées dans l’approvisionnement en armes et en équipements des parties belligérantes. L’Égypte, la Turquie, l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Iran sont de leur côté accusés de soutenir les Sudanese Armed Forces (SAF). La résolution condamne toutefois la violation de l’embargo sur les armes prononcé par les Nations unies (ONU) au Soudan et exhorte tous les acteurs extérieurs à prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à la vente ou à la fourniture d’armes dans le pays.

Dans le contexte de la négociation d’un accord commercial entre l’Union européenne et les Émirats arabes unis, une petite majorité de parlementaires se sont opposés à la mention du pays du Golfe. Des amendements pourraient toutefois tenter de corriger le tir lors du vote de la résolution. Les députées Nela Riehl, du groupe des Verts/Alliance libre européenne, et Marit Maij, de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D), ont ainsi proposé d’ajouter des mentions sur les réseaux d’approvisionnement des RSF transitant par les Émirats arabes unis, et sur le traitement de cette question par la Commission européenne dans « tous les cadres pertinents » entre Bruxelles et Abu Dhabi. Les députées Ilaria Salis et Rima Hassan proposent pour leur part d’ajouter une mention appelant toutes les puissances étrangères, dont les EAU, l’Égypte, l’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie et l’Iran, à cesser immédiatement tout soutien aux belligérants.

Si cette résolution peut avoir des conséquences sur les relations avec le partenaire émirien, elle garde une portée essentiellement symbolique : la politique étrangère de l’UE relève d’abord des États membres et de la Commission.

Tchadanthropus – Tribune avec Africa Intelligence

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