27 octobre 2015 AFRIQUE/France/POLITIQUE & POUVOIRS : Ces masques blancs qui enjolivent l’image du chef.
Au moment où de nombreux pays africains francophones entrent en période électorale, les présidents sortants, comme leurs principaux challengers, ont confié leurs "plans d’action médiatique" à des agences situées dans l’Hexagone. L’Afrique se globalise mais Paris reste, en matière de communication politique, l’une des principales capitales de ce continent mondialisé. Enquête exclusive !
Dans la cour des palais •
Signé il y a quelques semaines dans la plus totale discrétion, le contrat accordant à Patricia Balme la gestion de l’image de Macky Sall, président en exercice de la CEDEAO, permet à cette dernière d’accroître son emprise africaine. Après s’être essayée auprès d’Andry Rajoelina à Madagascar, la fondatrice de PB Com International possède désormais ses entrées dans plusieurs palais, son contrat avec la présidence camerounaise, où son concurrent Stéphane Fouks (ex-Euro RSCG) tente de faire une incursion, lui étant régulièrement renouvelé. Au Sénégal, Patricia Balme ne retrouvera certes pas sa "sœur-ennemie" Anne Méaux, en perte de vitesse dans ce pays depuis la défaite en 2012 de son client Abdoulaye Wade. Elle pourrait cependant y croiser Marie-Luce Skraburski, collaboratrice pour l’Afrique de la patronne d’Image 7, restée l’amie de Karim Wade dont elle gère toujours l’image, à titre personnel. Le compagnon de Marie-Luce Skraburski, Michel Boyon, jadis directeur de cabinet du premier ministre Jean-Pierre Raffarin, est d’ailleurs l’un des avocats (cabinet Jeant et Associés) du fils de l’ex-président sénégalais. Tricarde à Dakar, Image 7 a largement de quoi se consoler grâce au contrat – appelé à être reconduit dans les prochaines semaines – avec Alassane Ouattara ainsi qu’avec Mahamadou Issoufou. Le chef de l’Etat du Niger a opté pour cette agence après son arrivée au pouvoir en 2011 et sur les conseils d’Anne Lauvergeon, alors patronne d’Areva.
Le marché des opposants •
Les sollicitations de communicants basées à Paris ne sont plus le seul apanage des chefs d’Etat. Leurs adversaires, à supposer qu’ils soient solvables, n’hésitent plus à internationaliser leur médiatisation pour mieux échapper à la censure dans leur propre pays. Après avoir été "démarché" par une foultitude d’experts es-communication jugés trop onéreux, Jean Ping recourt aux services de Marie Prouhet. Nouvelle dans le village franco-africain de la com’, cette ancienne salariée de DDC communication, née au Niger et férue d’art africain, a été présentée au principal opposant gabonais par un ami commun. Outre Ping, Marie Prouhet, qui dirige aujourd’hui sa propre structure – MPRP-, coache Charles Konan Banny, challenger d’Alassane Ouattara au scrutin du 25 octobre. Favori pour la présidentielle dans son pays, le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a mis ses relations publiques entre les mains de Second Voices dirigé par Olivier Martinelli. Pour sa part, Alberto Olympio, patron du Parti des Togolais (PT) et figure montante à Lomé, travaille avec l’agence 5EC.
Gestion de crise •
Bien qu’attrayante pour un secteur saturé en France, la terre africaine peut réserver de mauvaises surprises. A Libreville, la nouvelle recrue du Palais du bord de mer, Anne Hommel (Majorelle PR & Events), retenue pour ses connexions dans la galaxie socialiste, suscite de plus en plus de critiques chez les collaborateurs d’Ali Bongo. Ces derniers reprochent à l’ex-collaboratrice de Dominique Strauss-Kahn, spécialisée dans la communication de crise, de n’avoir pu freiner la large couverture par les médias français de l’arrestation, début août à Paris, du directeur de cabinet, Maixent Accrombessi. Depuis, les équipes de Majorelle ont adopté la stratégie du contre-feu en concentrant leurs efforts sur le rôle du Gabon dans la préparation de la COP21 chère à François Hollande.
680 Vues