De Tobrouk à Tripoli, les avoirs libyens détournés à l’étranger continuent d’aiguiser les appétits.

 

Privées des fonds de la Banque centrale libyenne et confrontées à une baisse rapide des revenus pétroliers, les autorités "légitimes" de Tobrouk se sont lancées dans la chasse aux milliards de dollars d’actifs libyens cachés à l’étranger. Selon nos sources, le gouvernement d’Abdallah Al-Thani vient d’adopter une résolution (n°9/2015) en vue de donner de nouveaux mandats à des sociétés spécialisées dans la traque des "biens mal acquis". Signée par le vice-premier ministre chargé de la sécurité, Al-Mahdi Allabad, celle-ci prévoit une prime de 10% pour les cabinets parvenant à identifier et recouvrer des avoirs liquides ou immobiliers. 

Le gouvernement de Tobrouk n’est pas le seul à s’activer. Le 21 janvier, le ministère français de la justice a reçu, toujours selon nos informations, une demande d’entraide judiciaire émanant du bureau du procureur général de Libye, à Tripoli. Cette requête, qui a pour objet "l’identification et la restitution des avoirs d’origine illicite et mal acquis sous le régime du colonel Kadhafi", a été déposée par huissier par le cabinet d’avocats français Galhis. Celui-ci est mandaté par l’homme d’affaires toubou Mabrouck Jomode Elie Getty (MC nº1051) qui se dit lui-même mandaté par l’un des membres du bureau du procureur général, Hassen Gassem Farag. Cette équipe, qui veut envoyer une délégation à Paris en mars, affirme avoir déjà identifié des biens immobiliers dans la capitale française, représentant plusieurs centaines de millions d’euros. Ils seraient détenus par des sociétés-écrans mises en place par la Libyan Investment Authority (LIA) qui en aurait, depuis, perdu le contrôle au profit d’aigrefins… Mabrouck Jomode Elie Getty et ses avocats proposent la création d’une structure basée en France et chargée d’administrer ces biens – mais pas de les vendre – en attendant le retour à la normale en Libye. La direction générale du Trésor a aussi été sollicitée sur les aspects techniques. 

Mabrouck Jomode Elie Getty devra toutefois convaincre que son mandat est légitime. Sur le papier, le procureur général libyen est indépendant de toute tutelle politique. Mais il est basé à Tripoli, ville tenue par le gouvernement "rebelle" d’Omar Al-Hassi et la situation politique reste confuse. Les autorités françaises sont méfiantes, après l’apparition de nombreux individus se prévalant de mandats "officiels" libyens (comme Erik Goaied, (MC nº1097) et quelques fâcheux précédents, tel le raid (raté) sur l’immeuble de la FNAC des Ternes (MC nº1055).

 

La Lettre du Continent 

 

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