La diplomatie fait partie des outils collectifs du développement d’une nation et de la promotion de son image. De ce fait, l’action que mènent nos représentants diplomatiques à l’extérieur ne peut être que le prolongement des efforts collectifs fournis par tous les tchadiens, à tous les échelons aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, pour le progrès du Tchad et un avenir meilleur pour tous les tchadiens.

Cependant, la façon dont les missions diplomatiques tchadiennes en Europe sont gérées et dirigées dégrade davantage l’image internationale du Tchad, affaiblie la fierté nationale et ne contribue pas à un raffermissement du lien entre citoyens et leur pays d’origine; le Tchad. Nous avons mis en évidence à maintes reprises, les insuffisances graves observées dans nos ambassades, missions et délégations permanentes, bref dans le fonctionnement de l’appareil diplomatique tchadien de manière générale. Dans ce contexte, l’attitude la plus sage que doivent adopter nos dirigeants, ce n’est pas de masquer les vérités qui dérangent ou de valoriser les calculs cyniques des politiciens véreux et apprentis-diplomates qui pilulent dans nos chancelleries, mais de tenir compte des observations constructives de leurs compatriotes qui valorisent les qualités et compétences, améliorent l’image du Tchad et contribuent au processus de son développement. Pour cela, malgré le contexte démoralisant du Tchad actuel, les tchadiens devraient demeurer engagés, impliqués et optimistes en utilisant des instruments institutionnels et légaux de résistance, sans toutefois être excessivement idéalistes ou naïfs.

Sachant que par leur profil, leur comportement, leur parcours, leur raisonnement et les actes qu’ils posent, nos représentants diplomatiques, au premier chef les ambassadeurs sont non seulement les premiers agents de façonnement de l’image du Tchad à l’étranger mais aussi la première ligne de défense des intérêts et du développement du Tchad. Leur choix doit donc être judicieux, efficient et cohérent. Les pouvoirs publics au Tchad ne devraient pas perdre de vue, d’une part, l’importance des relations internationales dans la vie des peuples; et d’autre part le fait que, dans un monde où les nombreux défis globaux rendent nécessaire un dynamisme permanent, une action réfléchie et concertée; une vigilance de tous les instants, il serait utile d’anticiper les évolutions et de s’adapter en conséquence. Cela passe par des représentants à la hauteur de ces évolutions et de leur mission première à savoir, servir le Tchad et les tchadiens. Il est impératif que cela devienne une réalité dans nos missions diplomatiques dans l’objectif d’être également un cadre de référence pour le pays. 
 
Il est vraiment temps de sortir de ces agissements d’un pouvoir replié sur lui-même et sourd aux divers signaux d’alarme, qui ne fait que distribuer à tour de bras des grandes responsabilités selon un jeu de chaises musicales, qui fait la promotion de la médiocrité, des personnes les plus zélées et contestées par l’opinion nationale, au détriment de ses cadres et diplomates compétents. Cette pratique n’aide pas le Tchad encore moins le pouvoir en place.
 
Il faut avoir le courage et sortir du bricolage diplomatique, surtout au niveau multilatéral, et de cette tendance détestable qui consiste à faire de nos missions diplomatiques un dépotoir de cancres et de chèvres qui ne sont intéressées que par brouter là où elles sont attachées.
 

Il faut dire que le régime est quelque part prisonnier de son propre piège. A force de promouvoir certains personnages sur la seule base de leur loyauté supposée et du "yes-man" dont ils savent faire le jeu dans les salons feutrés des hauts lieux du pouvoir, il se retrouve avec avec une image très dégradée du Tchad sur la scène internationale et un appareil diplomatique qui ne sert pas les intérêts du Tchad et des tchadien. A l’évidence l’action extérieure du Tchad ne doit plus continuer à être soumise aux délires sans cesse des médiocres et de ceux qui ne s’intéressent qu’à leur enrichissement personnel, il est temps que ce jeu de destruction cesse. Le Tchad ne doit plus être laissé au seul bon vouloir des politiciens et de leurs manœuvres politiciennes; des initiatives citoyennes doivent se renforcer pour contrebalancer ces manœuvres et se réapproprier les institutions et les outils du développement collectif. Personne n’est mieux placé pour redresser le Tchad que les tchadiens eux-mêmes. A ce titre, les soulèvements sociaux à travers le monde, les risques pris par des peuples ainsi que les craintes des pouvoirs en place sont plus instructifs. 

Par Talha Mahamat Allim
Genève, Suisse
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