Les autorités bancaires d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale envisagent de reprendre les échanges de F CFA que la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) avait unilatéralement suspendus depuis vingt ans.

« Le moment est venu, nous y travaillons. Il y a un calendrier de rencontre techniques », a déclaré le 23 novembre Lucas Abaga Nchama, gouverneur de la Beac, alors que cet institut d’émission célébrait à Malabo, en Guinée équatoriale, les quarante ans de sa création. Tiémoko Meyliet Koné, l’homologue de Abaga Nchama à la Banque des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), a ajouté qu’une rencontre était prévue à Dakar dans les prochaines semaines pour réunir des experts afin d’étudier un retour vers la convertibilité des billets entre les deux zones d’émission (UMOA et BEAC). Il est question d’élaborer un cadre d’échange sécurisé qui ne favorise pas le blanchiment d’argent sale ni le financement du terrorisme.

Le 13 septembre 1993, la Beac avait décidé d’arrêter de racheter ses billets en zone BCEAO pour endiguer la  fuite des capitaux. La rumeur de la dévaluation du F CFA – décidée finalement en janvier 1994 – se faisait alors persistante, provoquant des mouvements de capitaux de plus en plus importants. La part des billets rachetés par la Beac en zone UEMOA était ainsi passée de 21% en 1991-1992 à 42% en 1992-1993.

Fluidifier les échanges

Avant ce mouvement de panique lié à la dévaluation, le phénomène de la fuite des capitaux à travers les marchés informels de change du Nigeria préoccupait déjà les autorités monétaires d’Afrique centrale. Ces dernières s’inquiétaient également du rapatriement massif des recettes en CFA-Beac des commerçants ouest-africains installés au Gabon, au Cameroun et au Tchad, notamment.

Le financement en CFA-Beac de leurs importations en provenance de la zone UEMOA représentait également un risque à contenir en urgence pour préserver la stabilité financière de la zone Beac. Certains de ces risques n’ont pas disparu. Néanmoins la volonté politique de fluidifier les échanges entre opérateurs économiques issus des deux zones implique de lever les restrictions liées à la convertibilité.

Par Georges Dougueli, envoyé spécial à Malabo



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