Si la menace de poursuites devant la CPI, alliée à une mobilisation historique dans le pays a rapidement convaincu Blaise Compaoré de quitter le pouvoir, celui-ci a laissé le soin à son bras droit, Gilbert Diendéré, de garder le contrôle de la situation.

  

C’est au cours d’une réunion de plusieurs heures au palais de Kosyam, dans la nuit du 29 au 30 octobre, que Blaise Compaoré a fait part, pour la première fois, de son intention de démissionner et de quitter le Burkina Faso. Durant la discussion, celui-ci, entouré d’un carré de fidèles collaborateurs, a évoqué son bilan et ses "actions pour les populations". Toutefois, le spectre d’une répression des manifestants, comme en Côte d’Ivoire en 2011 durant la crise postélectorale, a conforté la nécessité d’un départ. 

Lors de cette rencontre, le patron du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), Gilbert Diendéré a été désigné pour pousser le scénario d’une transition, tout en restant l’intermédiaire direct du chef de l’Etat burkinabè. Dans les heures ayant suivi la démission de ce dernier, le 31 octobre, il est intervenu auprès du CEMA, le général Honoré Nabéré Traoré, pour désapprouver l’annonce de ce dernier de s’autoproclamer nouveau chef d’Etat. A défaut de pouvoir prendre personnellement le contrôle de la transition par crainte d’envenimer la situation, Gilbert Diendéré a demandé à son adjoint, le lieutenant-colonel Isaac Yacouba Zida, de prendre attache auprès des appareils politiques et de la société civile afin d’entamer des négociations. Cet officier a été d’autant plus facilement plébiscité par plusieurs mouvements (Balai citoyen, M21) qu’il a annoncé publiquement, sur la place de la Nation de Ouagadougou, le ralliement d’une majorité de gradés aux manifestants. Porté par l’adhésion de la foule, le n°2 du RSP s’est à son tour proclamé chef de l’Etat, avec l’aval de son "patron". 

Le lendemain, 1er novembre, lors d’une rencontre à l’état-major de l’armée, Gilbert Diendéré a convaincu Honoré Traoré de signer une déclaration reconnaissant Isaac Zida comme seul responsable de la transition. Gilbert Diendéré a officialisé son rôle dans ce processus à visage découvert, le 2 novembre, lors d’une rencontre publique avec son second au Conseil économique et social (CES)

La Lettre du Continent.

 

534 Vues

Il n'y a pas encore de commentaire pour cet article
Vous devez vous connectez pour pouvoir ajouter un commentaire