Au nom de la lutte contre le terrorisme, Paul Biya vient de faire adopter une loi qui réduit les libertés publiques. Ce texte parachève le verrouillage de son régime.

 

Si elle reste d’actualité dans l’Extrême-Nord, la menace de Boko Haram au Cameroun vient de donner l’occasion à Paul Biya de s’illustrer en faisant adopter une loi des plus draconiennes en matière de répression du terrorisme. Jusqu’à présent, le Cameroun ne disposait pas d’une telle législation. Ce texte, adopté mi-décembre et qui attend d’être validé par le palais d’Etoudi, a été élaboré par Laurent Esso, ministre de la justice et personnalité du premier cercle du chef de l’Etat. Il punit de la peine de mort "toutes les personnes reconnues coupables d’actes de terrorisme, de son financement, des actions de blanchiment d’actes terroristes, ainsi que des actions de recrutement ou de formation". Une peine d’emprisonnement de quinze à vingt ans est également prévue pour toutes les personnes convaincues d’avoir fait l’apologie du terrorisme. 

En revanche, la définition même du terme "terrorisme" a provoqué une levée de boucliers des forces d’opposition et soulevé, selon nos sources, de multiples critiques – en privé – au sein de la mouvance Biya. Au terme de l’article 2 est considéré comme "terrorisme" le fait de "contraindre le gouvernement ou une organisation nationale ou internationale (…) et de perturber le fonctionnement normal des services publics, les prestations de services essentielles aux populations ou de créer une situation de crise au sein des populations". Les principales forces de l’opposition voient déjà dans cette définition des plus floues une référence à peine voilée au droit de grève ou à celui de manifester. Paul Biya voudrait se prémunir de violentes contestations comme celles que vient de connaître le Burkina Faso qu’il ne s’y serait pas pris autrement.

 

La Lettre du Continent. 

 

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