Achevant les travaux de la 4ème commission mixte technique permanente des transports entre le Tchad et le Cameroun le 19 novembre 2012, les participants sont convenus de ce que désormais, les transporteurs principalement tchadiens, utilisant le corridor reliant Douala à Ndjamena, peuvent désormais utiliser les numéros verts de la douane (8044) et de la police (1500) pour dénoncer les violations ou exactions dont ils pourraient être la victime dans l’exercice de leurs activités en sol camerounais.

Côté tchadiens, on a identifié ces tracasseries comme le problème majeur du transit entre les deux pays : « Le principal problème du transit des marchandises réside dans les tracasseries policières récurrentes dont sont victimes les opérateurs économiques. Le corridor Douala Ndjamena est l’un des plus coûteux au monde. Nous voulons corriger les choses afin qu’elles avancent. Pour le Tchad c’est très important, parce que l’accès pour les ménages de notre pays  à certains produits à des coûts abordables en dépend » a expliqué  Assan Touka, le ministre tchadien en charge des transports à la fin des travaux vendredi 19 novembre dernier.

De nombreux témoignages de transporteurs indiquent pourtant que les tracasseries n’ont pas qu’une origine policière. « Il y a un problème de fond, c’est la connaissance même de la réglementation par les entreprises de transport, mais aussi la mauvaise foi de certains transporteurs qui veulent optimiser les gains créant une logique de corruption», explique Abdou Zakhar, qui est chauffeur de camion pour une entreprise tchadienne.

 

    Numéro vert contre les tracasseries sur le corridor Tchad Cameroun 
    © tchadonline.com

Selon des sources proches la commission technique, le Cameroun a le dos au mur. Fort de ses réserves confortables de devises issues de la vente du pétrole, le Tchad envisage de plus en plus de se tourner vers de nouveaux partenaires pour une ouverture vers les ports. Des observateurs proches de la diplomatie affirment que la question du corridor entre les deux pays avait été au cœur des échanges entre le président Biya et son Homologue du Tchad lors de la dernière visite du président Idriss Deby Itno fin 2011 au Cameroun.

De plus en plus il se dit qu’au sein du gouvernement tchadien, on est excédé par cette logique de discours qui ne voit pas les choses avancer. Des problèmes que reconnaît le président camerounais lui-même. « «Il est temps d’écarter les obstacles artificiels qui s’opposent à la libre circulation des personnes et des biens et à la liberté d’établissement, survivances d’un égoïsme national dépassé», expliquait-il en 2009, lorsqu’il recevait le même président tchadien.

Les problèmes sont multiples et le camerounais bénéficiaire du corridor à 100% ne veut pas faire des efforts. Le gouvernement n’a jamais communiqué sur les recettes générées par l’utilisation de ses routes par le Tchad ou encore la République centrafricaine. Très peu d’avancées ont été faites, malgré une demande de plus en plus importante côté tchadien. Il faut attendre encore près de 20 jours au port de Douala pour sortir des marchandises, perdre jusqu’à 6 jours dans les entrée et les sorties de villes, utiliser une route Ngaoundéré Ndjamena complètement détériorée et inadaptée. Au final une marchandise arrivée à Douala peut mettre 1 mois et demi pour arriver à Ndjamena. Un coût énorme pour le Tchad !

 Idriss Linge

 

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