La coalition rebelle qui a pris les armes en Centrafrique, il y a trois semaines, s’est emparée dimanche 23 décembre de l’importante ville de Bambari, troisième localité prise en trois jours, en dépit de l’appel à la négociation lancé par les chefs d’Etats d’Afrique centrale. Ceux-ci exigent que la rébellion se retire des lieux qu’elle occupe.


"Au bout d’une heure de combats, la ville est tombée aux mains des rebelles qui contrôlent en ce moment le 
centre-ville", a affirmé un observateur sur place. "Les tirs continuent en ville, mais les FACA [les forces armées centrafricaines] se replient progressivement en direction de Grimari" (à 40 km de Bambari), a pour sa part affirmé l’évêque de Bambari, Mgr Edouard Mathos

Dimanche après-midi, ni le gouvernement ni les FACA n’avaient encore réagi à ces informations. Bambari, l’une des plus importantes villes du pays et capitale de la région de la Ouaka, constituait l’une des places fortes des FACA.

LES ACCORDS DE PAIX EN QUESTION

Samedi, la coalition du Séléka, qui regroupe plusieurs rébellions, avait annoncé la reprise des hostilités, malgré sa promesse de "geler les opérations" et l’appel à négocier lancé par le gouvernement. Le Séléka avait alors affirmé avoir pris le contrôle des villes voisines de Ndassima, un centre aurifère, et d’Ippy, dans le centre du pays. En début de semaine, les rebelles avaient déjà affirmé avoir pris le contrôle de plusieurs villes du nord de la Centrafrique, dont la ville diamantifère de Bria.

Le Séléka revendique notamment "le respect" de différents accords de paix signés entre 2007 et 2011, prévoyant un processus de désarmement et de réinsertion des ex-combattants. Les chefs d’Etats de la Communauté économique des états d’Afrique centrale (CEEAC) réunis à N’Djamena vendredi, avaient cédé du terrain, acceptant l’idée de renégocier différents accords de paix avec la coalition de rébellions, comme elle le souhaitait. Toutefois, ils avaient demandé "le retrait des rebelles à leur position de départ dans un délai n’excédant pas une semaine".

Impensable pour le Séléka : "Il est difficile pour nous d’effectuer un retrait sans accord préalable de cessez-le-feu", avait réagi vendredi son porte parole Eric Massi, justifiant plus tard les prises de Ndassima et Ippy comme autant de réactions aux "provocations" des FACA.

LES FORCES CENTRAFRICAINES EN POSITION DE FAIBLESSE

Le Tchad, voisin au nord, s’était tout de suite posé en médiateur et avait envoyé en milieu de semaine en Centrafrique des éléments de son armée, à bord d’une vingtaine de véhicules. Positionné en "force d’interposition" et non d’attaque, le Tchad, tout comme le pouvoir centrafricain, est resté muet ces derniers jours et il est difficile de savoir dans quelle mesure son armée réagira, alors que les FACA, démotivées et sous équipées, ne font visiblement pas le poids face à la rébellion.

La République centrafricaine est dirigée par François Bozizé depuis le coup d’Etat du 15 mars 2003 qui l’a porté au pouvoir. Ce pays enclavé de 5 millions d’habitants était engagé depuis 2007 dans un processus de paix après des années d’instabilité, de multiples rébellions, mutineries militaires et putschs qui ont ravagé son tissu économique et l’ont empêchée de tirer profit de ses ressources naturelles.

 

 

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