Sous le feu des critiques, le gouvernement hétéroclite du premier ministre André Nzapayéké échoue à appliquer sa feuille de route et à ramener la sécurité en Centrafrique. 
 

Le premier ministre centrafricain André Nzapayéké et son gouvernement n’auront pas fait le déplacement pour rien, le 6 mai, au Palais de l’Assemblée nationale à Bangui, pour assister à la réunion marquant les cent premiers jours de l’installation de Catherine Samba-Panza à la tête du pays. Tout en annonçant un prochain remaniement lors de son intervention, la présidente par intérim a qualifié certaines critiques contre l’exécutif de"légitimes" tant le bilan de ce dernier paraît bien maigre.

A l’instar de son prédécesseur Nicolas Tiangaye, les mille et une facettes de l’équipe gouvernementale expliquent en partie les difficultés du premier ministre à trouver une cohérence d’ensemble. Siègent aussi bien au sein du gouvernement que dans les cabinets ministériels des ex-Séléka naturellement proches de l’ancien président Michel Djotodia, que des personnalités influentes affichant leur sympathie pour le camp opposé des anti-balaka, à l’instar de Joachim Kokaté, conseiller spécial du chef du gouvernement ou de Charles Ngrémangou, capitaine des FACA et actuel directeur de cabinet du ministre de la défense, Thomas Théophile Tchimangoua. Résultat, cette opposition interne entraîne l’inefficacité, voire une paralysie de l’action gouvernementale.

Par ailleurs, André Nzapayéké n’a cessé de multiplier les erreurs depuis sa nomination. Ainsi, la feuille de route du gouvernement a été directement envoyée au Conseil national de transition (CNT), qui fait office de Parlement, sans avoir été préalablement soumise aux représentants des pays du groupe de contact de la communauté internationale. Après l’annonce du retrait du contingent tchadien de la Misca, le premier ministre a choisi de faire porter un message à son homologue à N’Djamena par deux personnalités mineures de la scène politique centrafricaine : la ministre de l’éducation nationale Gisèle Bedan, ainsi que sa propre nièce, Gina Sanzé. Les relations d’André Nzapayéké et de son gouvernement ne sont pas davantage au beau fixe avec le CNT. Trois ministres stratégiques mais incapables de ramener la sécurité dans le pays – Thomas Théophile Tchimangoua, Denis Wangao (sécurité) et Isabelle Gaudeuille (justice) – sont dans le collimateur du Parlement intérimaire pour avoir déjà manqué deux séances de questions au gouvernement. 

La Lettre du Continent.

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