Actée plusieurs jours avant d’être officialisée, la démission de Michel Djotodia s’est accompagnée de celle de Nicolas Tiangaye. Une condition imposée par Nourredine Adam, l’homme fort de Bangui. Révélations.

Le scénario de la sortie de scène de Michel Djotodia, démissionnaire de son poste le 10 janvier, avait été réglé comme du papier à musique une semaine auparavant, lors d’un entretien ultra secret avec Idriss Déby après que ce dernier a fait venir son homologue centrafricain par avion dans la capitale tchadienne, le 2 janvier. Au cours d’un entretien tendu au Palais rose, le président tchadien a obtenu de son interlocuteur un accord sur son départ moyennant des garanties portant notamment sur sa sécurité. Lors de cette discussion, le principe d’un exil à Cotonou – où la famille de Michel Djotodia avait déjà été "exfiltrée" – a été arrêté. Partie prenante à ces discussions, Nourredine Adam a exigé en contrepartie la démission du premier ministre Nicolas Tiangaye. A défaut, l’homme fort de Bangui (LC n°673) a promis de réactiver l’ex-rébellion de la Séléka, menaçant de "brûler le pays"

Le 3 janvier au matin, Michel Djotodia a regagné Bangui sans révéler à ses collaborateurs les conclusions de son entretien. Il est retourné à N’Djamena le 8 janvier afin de participer au sommet extraordinaire de la CEEAC devant sceller officiellement son sort. Il était accompagné du chef du gouvernement, d’Alexandre Ferdinand Nguendet, patron du Conseil national de transition (CNT), et de deux ministres influents de son entourage : Crépin Mboli-Goumba (équipements) et Herbert Gontran Djono-Ahaba (pétrole et mines). Nourredine Adam et son frère, le ministre des transports Arnaud Djoubaye Abazène, étaient également du voyage. 

A l’ouverture du sommet le 9 janvier, Idriss Déby s’est livré à un violent réquisitoire contre le tandem Djotodia-Tiangaye. Il voulait même désigner en personne le successeur de Djotodia. Le président tchadien s’est cependant ravisé, préférant donner l’illusion d’un semblant de souveraineté à la Centrafrique. Il a alors affrété un avion pour ramener à N’Djamena les 135 membres du CNT afin qu’ils désignent un nouveau numéro un en Centrafrique. 
 

Les candidats à la succession de Michel Djotodia sont nombreux. Si le nom de Jean-Jacques Demafouth, ex-ministre de la défense d’Ange-Félix Patassé et actuel coordonnateur du programme DDR, revient fréquemment, ceux de Désiré Kolingba, ministre de François Bozizé ; du général Jean-Pierre Doléwaye, ex-chef d’état-major des FACA ; du pasteur Josué Binoua, ancien conseiller de Michel Djotodia chargé des confessions religieuses ; ou encore du ministre de l’administration territoriale, Aristide Sokambi ; sont également cités. Un moment intéressé, l’actuel président par intérim, Alexandre Ferdinand Nguendet, a été dissuadé de concourir. Idriss Déby porterait sa préférence sur Anicet Saulet, ambassadeur de Centrafrique au Caire. Quant aux autorités françaises, elles ne verraient pas d’un mauvais œil la désignation d’une personnalité issue de la société civile.

La Lettre du Continent.  

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