Des rebelles non identifiés ont attaqué et pillé dimanche le site du groupe français de nucléaire civil Areva près du gisement d’uranium de Bakouma, dans le sud-est de la Centrafrique.

Selon les premiers bilans officiels, il n’y a pas eu de morts lors de l’attaque proprement dite mais un villageois a été tué près du site auparavant, selon une source militaire anonyme.

“Un violent accrochage a mis aux prises hier (dimanche) dans l’après-midi à Bakouma” l’armée centrafricaine et “un groupe d’hommes armés non identifiés dans leur tentative de lancer l’assaut contre le site de la société minière Areva”, rapporte un un communiqué de presse militaire lu à la radio nationale lundi.

“L’ennemi a fait quelques dégâts matériels et s’est retiré en emportant essentiellement des vivres. Il est pour le moment difficile d‘établir un bilan des combats, cependant l’on ne déplore aucune victime sur la zone ni parmi le personnel, ni au sein de la population de Bakouma”, selon le communiqué.

Une source militaire centrafricaine à Bangui ayant requis l’anonymat, confirme que l’attaque n’a pas fait de victimes mais souligne: “quelques heures avant l’accrochage, ces hommes armés ont abattu un villageois à 25 km de Bakouma. Ils ont pris en otage un notable et un jeune homme qui leur a servi de guide”.

Selon cette source, les assaillants “seraient des hommes de la rébellion tchadienne du Front populaire pour le redressement (FPR) du +général+ Baba Laddé”. Le FPR, venu du Tchad, sévit en Centrafrique depuis 2008. En janvier, l’armée centrafricaine avait attaqué des positions du FPR au nord du pays à près de 400 km de Bakouma, affirmant avoir “neutralisé” la rébellion.

Selon une autre source proche du dossier, les rebelles “ne sont plus sur le site mais ils sont encore dans la zone de Bakouma. Ils sont chargés (après le pillage) et ils cherchent à recruter des porteurs”.

Une source diplomatique française a affirmé à l’AFP que cinq ressortissants français du groupe Areva qui étaient sur le site étaient en contact avec les autorités françaises qui cherchaient “la solution la plus adaptée” pour eux.

En septembre 2010, 7 collaborateurs d’Areva avaient été enlevés par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sur le site d’uranium d’Arlit au Niger. Quatre d’entre eux sont encore otages du groupe islamiste.

Interrogé par l’AFP, un porte-parole au siège parisien d’Areva a estimé qu’il s’agissait d’une opération de pillage, lors de laquelle “il y a eu un vol de nourriture et de matériel informatique”, ajoutant que “personne n’a été menacé et il n’y a pas eu de blessés”.

Selon ce porte-parole, le site ne compte plus qu’“une quinzaine de personnes”. En novembre 2011, Areva avait repoussé d’un à deux ans les travaux pour exploiter Bakouma, en raison de la chute des cours du minerai après la catastrophe de Fukushima au Japon. Environ 170 personnes y travaillaient alors.

Malgré un processus de paix entamé en 2008 avec la plupart des rébellions importantes du pays qui ont déposé les armes, la Centrafrique reste la proie de groupes armés, rebelles, coupeurs de routes et braconniers. La rébellion ougandaise de L’Armée de résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony y est active.

Pour Saint-Cyr Nguida, économiste centrafricain expert développement, l’attaque de Bakouma est inquiétante pour le pays: “Quels investisseurs seront tentés de placer leur argent dans une situation pareille?”.

Il estime même que les assaillants pourraient être instrumentalisés: “Nous sommes en face de certains calculs, et je n’ose pas indexer qui que ce soit, mais ce sont des calculs destinés à mettre l‘économie à genoux en faisant fuir les investisseurs potentiels comme Areva qui est le numéro un mondial en matière d‘énergie nucléaire et qui commence à envisager des réalisations dans la région”. 

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