À Bangui, la Russie a lancé un contrôle systématique des médias, et est accusée de violentes campagnes anti-françaises.

La signature, le 21 août, d’un accord de défense entre la Centrafrique et la Russie en marge du forum militaire Armée 2018de Koubinka, en banlieue de Moscou, ne devrait pas atténuer l’emprise croissante de ce pays à Bangui.

Per diem

 

Laboratoire de sa politique d’influence en Afrique, la Centrafrique permet également à la Russie de s’attaquer frontalement à d’autres pays comme la France en pesant directement sur la ligne éditoriale des médias et sites locaux. Le cabinet de Valery Zakharov, conseiller russe du président Faustin Archange Touadéra, veille scrupuleusement à la diffusion, par ces relais d’opinions, d’articles pro-russes.

Il est proposé 20 000 F CFA (30 €) aux journalistes chargés de couvrir un événement organisé par Moscou. Un article élogieux est également rétribué, tout comme les éditoriaux ostensiblement anti-français. Les médias pro-hexagonaux présents dans le pays (agence France PresseFrance 24) sont fréquemment mis à l’écart de ces événements.

Relais

 

Le bashing contre Paris se lit quotidiennement dans les organes de presse proches de la présidence, parmi lesquels Centrafrique Matin, ou dans les médias qui se sont naturellement tournés vers Moscou pour assurer leurs fins de mois. Cette emprise a atteint le sommet de l’État, le ministère de la communication piloté par Ange-Maxime Kazaguiayant été « sollicité » pour censurer les médias internationaux en leur retirant leurs accréditations, ce que ce dernier a refusé de faire. Un des membres du haut conseil de la communication(HCC) centrafricain a par ailleurs failli être exclu de cette institution, car hostile à la rétribution d’articles par la Russie.

Plusieurs responsables de médias centrafricains ont cependant dénoncé ces méthodes au nom du principe de la liberté de la presse. Cette stratégie de la Russie visant à discréditer les autres pays étrangers et à magnifier son action (anticolonialisme, coopération désintéressée) est relayée, au niveau international, par des agences d’influence comme Sputnik. Dans un article du 7 mai, cette dernière ne craint pas d’affirmer que « l’opinion clairement anti-française et largement favorable à la Russie est loin de se limiter à la Centrafrique ».

Tchadanthropus-tribune avec la Lettre du Continent

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