L’improbable tandem Bozizé-Djotodia sème le trouble. L’ex-président François Bozizé a rencontré son tombeur, Michel Djotodia, début décembre à Nairobi, afin de sceller une alliance contre-nature hostile à Catherine Samba-Panza. Inquiétant. Au moment où la présidente centrafricaine par intérim, Catherine Samba-Panza "CSP", signait, le 2 décembre, le décret instituant la commission devant préparer le forum national de Bangui censé réconcilier les Centrafricains avant la présidentielle reportée à août, plusieurs responsables de l’ex-rébellion Séléka, dont Mustapha Saboune et Noureddine Adam, ont évoqué "l’avenir du pays" au Weston Hôtel de Nairobi. Ces derniers ont été rapidement rejoints dans la capitale kenyane par Michel Djotodia, mais aussi par François Bozizé, son fils Jean-Francis Bozizé, ainsi que par le conseil de l’ex-président déposé en mars 2013, Me Lin Banouképa. Etaient également présents des responsables des milices Anti-Balaka, parmi lesquels Joachim Kokaté, conseiller à la primature chargé du désarmement. Ces personnalités – dont la majorité sont sous sanctions onusiennes (Bozizé, Adam) ou susceptibles de poursuites pour crimes de guerre comme Michel Djotodia – ont entamé de secrètes discussions immédiatement dénoncées par Bangui. 

Bien que peu de choses aient filtré de la rencontre, celle-ci souligne toutefois la volonté pour les thuriféraires de CSP de reprendre la main. Du moins politiquement. Plus étonnant est la désignation par le Kenya de l’ex-président de l’Assemblée nationale Kenneth Marende comme modérateur de ces discussions auxquelles les autorités centrafricaines n’ont pas été associées. D’où la fermeté de CSP dans son message à la Nation délivré le 31 décembre, qualifiant ces rencontres de "projet de déstabilisation de la transition". L’autre fait troublant réside dans le rôle de plus en plus ambigu de Denis Sassou Nguesso, médiateur de la crise centrafricaine, dont les tensions avec CSP sont connues. Après avoir exfiltré le chef rebelle Noureddine Adam de Bangui, le Congo-B a accueilli sur son sol les membres de l’ex-Séléka pour une brève escale avant que ces derniers ne se rendent au Kenya. Une manière de légitimer ces pourparlers qui a également irrité la présidence à Bangui. 

 

La Lettre du Continent.

 

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