La paix sociale durale est une aspiration profonde des acteurs politiques et, au-delà de ceux-ci,  de tous les citoyens tchadiens. C’est ainsi que l’Accord politique du 13 aout 2007 conclu entre les partis politiques de la majorité présidentielle et ceux de l’opposition démocratique a préconisé, au point 4-1 dernier alinéa, la conclusion d’un Pacte social entre les partenaires sociaux (Gouvernement – Patronat – Syndicats des travailleurs).


Aussi, l’opinion nationale a-t-elle salué les différents accords intervenus entre le gouvernement et les syndicats :

 
    – adoption à l’unanimité par la Commission Mixte Paritaire le 17 mai 2011, de la grille indiciaire des fonctionnaires, de la grille des agents conventionnés de l’Etat et le relèvement du point d’indice à 150.

    – le 11 novembre 2011, signature du Protocole d’accord, par les membres du Gouvernement et les représentants des centrales syndicales, confirmant

l’accord précédent et approuvant l’augmentation de la valeur du point d’indice de 300, avec application échelonnée sur trois ans (20% en 2012, 40% en 2013 et 40% en 2014°).


Mais, à la surprise générale, le Gouvernement s’est livré à un jeu dangereux qui s’est traduit par des augmentations de 1000 à 2000F pour certains agents et la réduction des salaires déjà acquis pour d’autres. Ayant constaté ces anomalies, les travailleurs en général et l’Union des Syndicats du Tchad en particulier, ont appelé le gouvernement à les corriger. C’est devant le refus qui leur est opposé que, après des mises en garde et des préavis, l’UST a déclenché la grève actuelle
.


Face au refus obstiné des autorités de mettre en application les clauses de l’accord et à la suspension des négociations par le gouvernement, les travailleurs se sont vus obligés de recourir à la pétition, un moyen d’expression pacifique et légal, pour faire prévaloir leurs droits. Cette pétition qui, somme toute, ne relève que des faits réels de népotisme avéré et indiscutable, se traduisent notamment par l’accaparement de ressources financières de l’Etat et un pillage éhonté.


Au lieu de se rendre compte de ses errements et faire amende honorable, le gouvernement décide, contre toute attente, de recourir au moyen répressif au moment même où des initiatives fusent de tous côtés pour aider les deux parties à résorber la crise. Cette pratique désuète d’intimidation, voire de terrorisme, a déjà montré ses limites et reste condamnable sur tous les plans.


La CPDC, l’on s’en souvient, avait déjà soutenu cette grève dès qu’elle a été déclenchée, parce qu’elle est légale et légitime. Aussi, dénonce-t-elle cette fuite en avant du gouvernement qui tente d’intimider les responsables syndicaux et ceux de la presse privée en utilisant le pouvoir judiciaire à sa dévotion, afin de spolier les travailleurs tchadiens du bénéfice d’un accord signé avec l’implication du Chef de l’Etat.


L’assignation des responsables syndicaux et des médias privés pour délit de parole est une grave atteinte non seulement à la liberté d’expression, mais à la démocratie en tant que processus global. Refuser d’accorder aux travailleurs des rémunérations normales, décider de les emprisonner ou de suspendre un syndicat, poursuivre en justice un journaliste pour un délit non avéré afin de trouver un motif à la fermeture d’un journal, tout cela relève de l’étouffement des libertés individuelles et collectives et ne saurait prospérer dans une société où devrait primer le droit, gage d’une démocratie saine.


Aussi, en cet instant solennel,  la CPDC réaffirme-t-elle son soutien ferme, indéfectible  et déterminé aux travailleurs et journalistes qui œuvrent en toute légalité.


Elle invite les citoyens tchadiens à se mobiliser pour faire échec à l’arbitraire, à la confiscation de leurs droits constitutionnels et à exprimer leur solidarité agissante aux travailleurs. La revendication de la bonne gouvernance économique, financière et sociale est l’affaire de tous.


Elle invite par conséquent tous ses militants et tous les démocrates  à suivre, le mardi 18 septembre 2012, au Palais de justice, le procès intenté contre les travailleurs, le procès contre la démocratie. La CPDC leur demande de rester vigilants et attentifs aux mots d’ordre qu’elle lancera après ce procès inique. 

Saleh Kebzabo

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