Le Khatîb ‘Abdur-Rahmàn As-Sudaïs, connu pour  son style particulier sur la profondeur de la Taqwà (crainte révérencielle d’Allah) s’en est pris dans sa prêche de ce vendredi 3 mai 2013 à Makkah sur corruption, pots-de-vin, concussion, détournement de biens publics et autres  –  qui obstruent la piété et démolissent les sociétés de tous les temps, causant tellement de dégâts parmi les peuples et qui continuent à se propager sous de nouvelles formes dissimulées, mais toujours perverses et encore plus à l’origine de tous ces désordres sociétaux et de toutes ces révoltes sociales qui secouent le monde.

 

Ces pratiques qui progressent partout et mettent  au défi moins la capacité des décideurs à choisir les bonnes options que la simple conscience des citoyens à respecter et faire respecter les normes et règles standard. Celles que Allah a établies depuis la descente sur terre d’Adam et qui consistent à organiser la production,  les rôles et responsabilités au sein de la société de manière à garantir le minimum de biens essentiels à tout humain – toit, nourriture, habillement, énergie (Vs 118-119., S.20) et que ‘Umar Ibn Abdul ’Aziz avait réussi durant son règne.

 

 

La félicité ou consécration, dira-t-il qui semble être la cible de toutes les couches sociales et qui est donc approchée selon les cultures et les sociétés sous différentes méthodes repose (Qur’àn) sur un triptyque rigoureux d’obéissance à Allah et au Prophète, de crainte pudique (khachya) et de crainte du châtiment (taqwà) d’Allah (V.52, S.24). Mais si cette cible est naturellement accessible à l’humain, le parcours qui y mène est jalonné d’obstacles, au premier rang desquels l’attachement aux valeurs matérielles et la perception de la prédominance de ce monde sur l’autre.

 

Une telle attitude dira l’Imâm est malheureusement aux sources de la démolition des valeurs de Fitra (Foi, crainte, élévation, bienséance) pour les substituer à des pseudos valeurs insignifiantes chez Allah (V.44, S.5) et qui du piédestal d’excellence (V.4, S.95) que Allah nous a gratifié précipitent les sociétés humaines au plus bas (V.5) dans l’escalade des crises. Seuls ceux qui œuvrent pour le meilleur (vaste domaine d’exercice humain) et qui ne sont motivés que par la valeur (piété) et non la valorisation (matériel) y échappent (V.6).

 

Si la devise olympique reste une noblesse dans le sens de l’aspiration au plus (haut, fort, loin, vite), son sens s’est vidé de ce qu’il ne culmine pas vers un 5ème pilier – soit plus juste – et donc la porte ouverte à la triche, à la dissimulation, au dopage et à la précipitation (V. 20, S.75). C’est cette même cupidité et ce désir ardent de gagner plus (notoriété, prime, performance) – quelle que soit la méthode licite ou pas – qui fait dévier les athlètes des valeurs de l’olympisme, qui a aussi pris les acteurs économiques et sociaux dans la tentative de légitimer des pratiques corrompues et donc tordues.

 

Alors que Dieu nous invite à consommer parmi les innombrables sources licites et de manière licite (V.168, S.2 ; V.88, S.5) en nous mettant en garde de ne pas dévier et suivre les tentations sataniques, puisque la règle du ‘plus’ (risque de vouloir tout gagner) nous fait dériver sur le ‘moins’. Plus de croissance, moins d’emplois et donc moins de bien-être. Nous en sommes maintenant venus dans ces pays dits champions de la performance industrielle à ‘pas de croissance’ et ‘plus de chômage et de mal-être’ avec déjà un ‘niveau de dette insoutenable’.

 

C’est donc une spirale infernale dans laquelle Satan et ses acolytes modernes (usure, surfacturation, dumping, prix déséquilibré) les ont embarqués et les meilleurs économistes de la planète ne peuvent la démêler ! Car tout ce qui dévie l’humain de sa trajectoire naturelle de la primo-nature (Fitra) est à mettre à l’actif de Satan, qui très clairement promet la pauvreté, l’austérité et le chômage (V.268, S.2), alors qu’Allah nous veut le Bien, c’est-à-dire le confort et pas forcément le luxe.

 

Cette course effrénée à l’accumulation de richesses bassement matérielles – et qui nous a déjà coûté tellement de crises – économique, sociales, militaires, humanitaires, politique etc. va encore accentuer les fractures, toutes les fractures – sociales, économiques, numériques, militaires, monétaires, etc. Et malgré tout, nous continuons dans un modèle qui laisse derrière plus d’un Milliard d’humains aux portes des besoins essentiels tout en propulsant devant une petite poignée parmi les mêmes humains qui détiennent des richesses insolentes – de quoi nourrir, habiller, abriter et éclairer la terre suffisamment. Tordu comme modèle nous dit Allah (V.21, S.45). Le prophète avait arbitré la quête de l’accumulation – Laysal ghinà fi kasratil ‘ard, wa làkinal ghinà, ghinan-Nafs – La richesse n’est point dans l’accumulation des avoirs, mais plutôt dans la richesse de soi, c’est-à-dire à dans l’autosuffisance de ses capacités.

 

L’indicateur les plus explicite de la trahison de la confiance citoyenne dira l’imam est la corruption – que le prophète avait aussi décrié aussi bien sur la courbe de l’offre que sur celle de la demande, jusqu’à inviter les émissaires et dignitaires à partager les cadeaux reçus dans l’exercice de leur mandat avec leurs mandataires (Hadith) au nom de l’équité. L’Imam en vint alors aux méthodes et à l’impact de ces pratiques sur la société à la lumière du Qur’àn et de quelques-uns de ses récits (Qârûn)

 

·         Allah décrie tout ce qui a été acquis malhonnêtement au détriment de la justice et de l’équité (V.42, S.2) et met en garde ceux qui exploitent les plus faibles et réussissent après avec la complicité de systèmes et de procédures judiciaires (V.188, S.2) à échapper à la condamnation.

 

·         Allah assimile la course à l’accumulation dans ces conditions à la précipitation vers le mal et à la consommation impie (Suht – V.62, S.5) et Promet à tous ceux qui sont dans les transactions de telles pratiques un châtiment douloureux (V.34, S.9).

 

·         Allah met à nu les pratiques malpropres mais embellies par ses tenants pour faire passer la pilule (V48., S.8) sous l’emprise encore de Satan dont une des méthodes connues est de transformer la peur du mal en exaltation !

 

·         Allah informe que tous ceux qui s’adonnent à de telles pratiques sont les vrais fossoyeurs qui propagent le mal sur terre (V.12, S.89) à travers les circuits (V. 205, S.2) de production primaire (agriculture), secondaire (industrie) et tertiaire (transaction).

 

·         Allah cite l’exemple de Qârûn – qui à lui seul mérite une révision dans la totalité de l’enseignement qu’il véhicule – à savoir les conséquences de la cupidité, de l’orgueil, de l’ostentation, de la mauvaise influence et la Toute-puissance d’Allah à décider du sort des fossoyeurs (Vs 76 – 83, S.28).

 

Qàrûn a tenté de corrompre Moussa, puis s’est montré orgueilleux sur ses voisins, il a propagé la corruption, la triche, et les mauvaises influences autour de lui. Allah de conclure que l’attachement à ce monde et ses valeurs trompeuses est un mirage, mais que ceux qui recherchent l’agrément d’Allah dans l’autre monde commencent par ne chercher ni titre honorifique, ni élévation, ni éloge dans ce monde, mais se révoltent aussi contre tout fossoyeur, à ceux-là Allah garantit qu’ils hériteront des valeurs (V.83).

 

L’Imam de conclure par une des célèbres formules d’invocation du Prophète et qui constitue un bouclier contre la cupidité et la course à l’accumulation, tout en garantissant la suffisance de ce que Allah a décidé comme subsistance pour chacun (V.32, S.43). Allàhumma Yà Ghaniy, Yà Hamîd, Yà Mubdi’u, Yà Mu’îd, Yà Rahîm Yà Wadûd, Akfinà bi halàlika ‘an haràmika, wa bi Fadlika ‘amman Siwàka – Allàhumma, Toi Grand Seigneur, le Détenteur de toutes les richesses, Toi qui Réunit Mérite, Gratitude et Reconnaissance, Toi qui Est au Début et à la Fin de tout, Toi le Tendre et l’Attachant, Contentes-nous nous de Tes trésors licites ce qui nous protège de tes interdits et Contentes-nous de ta Faveur ce qui nous évitera recours à autre que Toi.  

 

Dans le Haram à Makkah, les affiches de Tawhîd et de Zikr en guise de rappel dans les lieux publics, dans les ascenseurs, sur les infrastructures routières et dans les marchés sont alléchantes à vous maintenir dans la conscience d’Allah (V.37, S.24). Si au lieu des publicités de Tabac, Coca Cola ou cubes culinaires on rappelait et  imprimait cette formule du Prophète et la distribuer en expliquant aux croyants sa valeur, on gagnerait certainement plus l’agrément d’Allah…tout ce que nous recherchons en définitive.

 

Un des Savants de l’ère Post compagnons (3ème siècle après hégire) avait recommandé quiconque veut échapper à la pauvreté de réciter cette formule 70 fois chaque Vendredi après la prière de Jum’a. C’est une formule aussi recommandée pour celles et ceux qui cherchent époux ou épouse…On ne perd rien à le faire, ne serait-ce que par le sens puissamment Tawhidien qu’il renferme, fondé sur la pratique du Prophète en plus, donc agréé (V.7, S.59).  HTG

Talha Mahamat. 

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