Depuis le 17 mars 2023, la Cour pénale internationale (CPI) fait du président russe, Vladimir Poutine, un homme recherché. Le tribunal l’accuse d’être responsable de crimes de guerre et a axé ses demandes sur « la déportation illégale d’enfants d’Ukraine vers la Russie ». Il affirme que les crimes ont été commis en Ukraine à compter du 24 février 2022, date à laquelle les assauts ont commencé entre la Russie et l’Ukraine. Dans une déclaration, la CPI a indiqué qu’elle avait des motifs raisonnables de croire que Poutine avait directement commis les actes criminels et/ou en collaboration avec d’autres personnes. Une escalade qui fait déjà craindre une guerre mondiale ouverte.

 

Les pays du nord sont sur toutes les lignes contre le dirigeant russe en ce début de deuxième année d’occupation progressive mais réussie des territoires ukrainiens par la Russie. Si l’émission d’un mandat d’arrêt a surpris de différentes manières l’opinion internationale, elle a aussi réussi à étaler au grand jour l’état d’esprit des dirigeants occidentaux et est riche d’enseignements pour tous les observateurs.

 

Devant des journalistes à la Maison Blanche, vendredi, le président américain Joe Biden a laissé entendre que le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre Vladimir Poutine pour crime de guerre est « justifié ». Pourtant, la CPI est une institution non reconnue par les Etats-Unis, et Biden a si bien le souligner, bien qu’il se soit borné à relever que cette décision de la CPI était « un signal très fort ».

 

Tout comme les Etats unis ne reconnaissent pas la valeur juridique, ni même institutionnelle de la CPI, la Russie non plus n’en est pas membre et ne reconnaît pas ce tribunal. Du coup, « ce mandat d’arrêt n’a aucune valeur juridique », a rappelé le Kremlin. « Par conséquent, du point de vue de la loi, les décisions de ce tribunal sont nulles et non avenues », a déclaré à la presse Dmitri Peskov, porte-parole du président russe.

 

De son côté, Volodymyr Zelensky a qualifié de « historique » la décision, « qui marque le début d’une responsabilité historique ». Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, salue « une décision importante », estimant que « il ne peut pas y avoir d’impunité ».

 

Eviter le deux poids, deux mesures !

 

Comme il fallait s’y attendre, la réaction chinoise ne s’est pas fait attendre. Elle survient seulement quelques heures avant le début d’une visite d’État depuis quatre ans, du président Xi Jinping en Russie, lors de laquelle il entend renforcer «l’approfondissement du partenariat exhaustif et de la coopération stratégique entre la Russie et la Chine », notamment « sur la scène internationale ». Xi Jinping s’entretient avec Vladimir Poutine ce mardi.

 

Avant même son voyage, la position de Pekin était affichée. «La Cour pénale internationale doit adopter une position objective et impartiale, respecter l’immunité de juridiction des chefs d’État en vertu du droit international», a déclaré lundi Wang Wenbin, un porte-parole de la diplomatie chinoise, en réponse face à la presse à ce sujet. La CPI doit «éviter la politisation et la politique du deux poids deux mesures», a-t-il martelé devant la presse, dans une référence aux autres interventions militaires ne donnant lieu à aucun mandat d’arrêt de chef d’État, dont on parler en exemple d’Irak, Syrie, Libye, etc.

 

«La Chine maintiendra sa position objective et juste sur la crise ukrainienne et jouera un rôle constructif dans la promotion de pourparlers de paix.», avait répondu le porte-parole de la diplomatie chinoise. Ces sorties en cascade de grandes puissances à la suite de ce mandat est le signe que cette crise est en passe de prendre une dimension de guerre ouverte. Le langage des uns et des autres en témoigne.

 

L’aggravation de la situation

 

Si les pays de l’Occident étaient réticents à l’idée de fournir des armes à l’Ukraine il y a quelques mois, ils semblent modifier leur position peu à peu. Après la Pologne, la Slovaquie s’est résolue de livrer treize chasseurs Mig-29 de conception soviétique à l’Ukraine.  Sauf que les Etats-Unis ont à nouveau exclu de fournir des avions de combat aux forces ukrainiennes.

 

Pendant ce temps, comme pour s’affirmer vis-à-vis de Washington, l’Etat russe a remis des récompenses aux pilotes de Su-27 qui ont percuté, le 14 mars dernier, un drone américain en mer Noire. En effet, le drone américain MQ-9 Reaper qui s’est abîmé mardi après avoir été touché par un avion russe a été localisé au large de Sébastopol, en Crimée. Les deux puissants Etats s’accusaient mutuellement après que le Pentagone a diffusé des images de l’interception de son drone. Mais en fin de compte, la Russie semble assumer son acte en s’en délectant.

 

Tout cela semble s’accélérer, à dessein, pour tenter d’isoler davantage la Russie. Cependant, l’efficacité de cette décision interroge. Et la question quelque peu ironique est seule que soulève l’homme politique français, Éric Zemmour, Président du Parti la Reconquête. « Lancer un mandat d’arrêt international contre Vladimir Poutine, c’est bien facile. Mais qui ira le chercher ?».

 

Cette interrogation prend tout son sens lorsque, d’une part, l’on sait que la Russie n’est pas liée par les lois de la CPI et d’autre part, l’ancien premier ministre français, Dominique De Villepin pour « la Russie est soutenue par une grande partie du monde ». Pour ce dernier, il est extrêmement difficile d’intimider Vladimir Poutine ni le contenir par une quelque mesure, alors même que les économies du pays du nord s’effondrent comme des châteaux des cartes. Comme quoi, Poutine continue par gagner du terrain et le mensonge entretenu autour de cette guerre continuera par détruire l’Occident elle-même. De ce postulat, le mandat d’arrêt agité par la CPI devient une farce servie à la consommation de l’opinion.

 

Le Tchadanthropus-tribune avec Radar

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