30 août 2012 En attendant l’envol de l’opération Cobra, quid de la gestion des recettes engendrées par les Ambassades et Consulats du Tchad à l’étranger ? (AMBENATNA)
Ces derniers mois, la politique étrangère de notre pays, dans son volet représentation à l’étranger, a été longuement abordée par Monsieur Talha Mahamat Allim, un homme du sérail qui sait de quoi il parle. D’autres compatriotes l’ont complété dans ses critiques ou ont tenu à lui apporter des répliques contradictoires par rapport aux faits révélés.
Même s’il faut regretter le fait que Monsieur Talha s’est cramponné sur le cas récurrent de la représentation diplomatique du Tchad à Genève en Suisse, nous avons énormément apprécié ses contributions qui ont permis de poser ne manière frontale la problématique de l’optimisation des Ambassades et Consulats du Tchad à travers le monde. Les lecteurs ont certainement beaucoup appris de ses multiples écrits et mieux, nous avons maintenant regard bienveillant sur cette question.
Cela dit, outre le volet organisationnel, politique et stratégique largement abordés, nous voulons être édifiés sur un autre volet tout aussi important à savoir la gestion financière de ces représentations diplomatiques notamment les recettes générées dans la délivrance des visas, des cartes consulaires, de sauve-conduits et de bien d’autres documents administratifs. Au vue de ce qui se passe au pays où les détournements massifs des deniers publics gangrènent toute l’administration, il est tout à fait légitime de s’interroger sur la gestion financière de nos Ambassades et Consulats.
Certaines représentations comme celles de la France, d’Arabie Saoudite, de l’Egypte, du Cameroun ou du Sénégal génèrent beaucoup de recettes. Si pour certaines les charges sont relativement importantes (loyer, budget de fonctionnement, salaires, etc.); on ne peut pas le dire pour les autres. Le cas du Consulat du Tchad à Dakar est un exemple d’opacité parmi tant d’autres.
En effet, le Consul honoraire du Tchad à Dakar, Monsieur Saleh Mahmoud, est un fonctionnaire de l’ASECNA en poste depuis une dizaine d’années. Le local qui abrite le Consulat se trouve être le garage de la maison qu’il loue dans un quartier populaire de la capitale sénégalaise (Grand Dakar, non loin du célèbre night club de Youssou Ndour). Ce local a une superficie n’excédant pas les 10 m². Un mouchoir d’espace aménagé pour servir d’accueil, de secrétariat et de bureau pour le Consul. Imaginez le confinement avec ce Consul qui a une masse flottante de 150 Kg sur 2m de long ! Au dessus, à un mat, flotte fièrement le drapeau du Tchad. Quant au personnel, il est inexistant, le Consul et son épouse (femme au foyer) expédient les affaires courantes.
On y délivre des cartes consulaires à 5.500 F Cfa pour les étudiants dont l’effectif frôle les 2.000 et autres résidents. Le Tchad est devenu une destination prisée pour les travailleurs et hommes d’affaires pas très catholiques depuis l’avènement du pétrole, aussi les demandeurs de visa sont nombreux et jamais celui-ci ne leur est refusé. Le prix pour les Africains est de 35.000 F Cfa tandis que les Occidentaux doivent débourser 50.000 F Cfa.
Visiblement aucune comptabilité n’est apparente, aucun registre ne retrace les encaissements outre les coupons ordinaires de reçus à bon marché délivrés occasionnellement aux demandeurs. Cette gestion est qualifiée d’opaque et vertement critiquée par de nombreux Tchadiens de Dakar.
Dés lors, nous nous interrogeons sur la gestion de ces recettes générées par les représentations diplomatiques du Tchad à l’étranger. Comment surveille t-on ces recettes ? Quelle part doit être reversée au trésor ? Y a t-il un système de compensation entre Etats comme c’est le cas pour les Télécoms ? Autant de questions qui méritent réponses en attendant que l’opération Cobra s’envole pour ces destinations lointaines.
Idriss Barma Abderassoul
Etudiant en Mangement des Organisations
Dakar – Sénégal
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