Hier à Paris, la cérémonie de remise du "Prix Houphouët-Boigny" à François Hollande, distinguant l’intervention de l’armée française au Mali, aura été sans aucun doute le pire moment que le chef de l’Etat d’Idriss Déby aura passé parmi ses paires, en terre étrangère. L’image ci-dessous est éloquente à elle-seule.


Invité expressément à cette cérémonie par le Président Français, heureux lauréat cette année du prix de l’Unesco pour la recherche de la paix, Idriss Déby, qui aurait pu légitimement revendiquer une attribution conjointe dudit prix, s’attendait au moins à écouter un discours élogieux de la bouche d’Hollande pour les succès remportés par notre armée nationale dans l’Adrar des Ifoghas, saluée par toute la presse internationale.  


Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce ne fut pas le cas.

 

Déby Hollande


François Hollande qui, disant avoir une pensée pour les « militaires français morts pour la liberté du Mali », dont un certain Damien Boiteux, immortalisé par des parents maliens, reconnait pourtant que « ce n’est pas la France qui a libéré le Mali, ce sont les Africains qui eux-mêmes se sont libérés du terrorisme et de la servitude ».  Sans néanmoins jamais évoquer les dizaines de soldats tchadiens morts ou blessés ni même citer l’exploit de l’armée tchadienne auprès de l’armée française qui a permis cette libération moins encore la courageuse décision d’Idriss Déby d’envoyer des Tchadiens mourir pour assurer la sécurité des Maliens.


Pire, le chef de l’Etat français s’est permis de citer nommément le Président Béninois Thomas Yayi Boni  pour avoir soi-disant « soutenu » (sous couvert de l’Union Africaine) l’action de l’armée française, le Président Ivoirien Allassane Ouattara pour l’avoir prétendument « accompagnée » (sous sa casquette de la CEDEAO) et « enfin les Nations Unies » qui lui auraient « donné son cadre, sa légalité ».


Poussant le cynisme à l’extrême, François Hollande a ignoré les efforts d’Idriss Déby dans la lutte contre le terrorisme pour, curieusement,  s’empresser de « saluer ici  le premier ministre du Niger, et avec une pensée particulière pour le président ISSOUFOU » dont le pays fait face actuellement à des menaces terroristes.


Pas une seule fois le nom d’Idriss Déby n’a été cité, ni sa qualité de chef d’Etat africain intervenu au Mali évoquée indirectement.


Pourquoi tant d’arrogance à l’égard d’Idriss Déby et de mépris pour le Tchad, seul pays africain à avoir déployé la force nécessaire pour chasser les terroristes du Mali au prix d’extrêmes sacrifices humains, des soldats qui ont donné leur vie loin de leurs frontières, laissant veuves et orphelins, pour que vivent d’autres pères auprès de leurs femmes et enfants ?


Il est vrai que l’acharnement extrajudiciaire récent d’Idriss Déby contre des députés, soupçonnés injustement de conspiration contre son régime, et des journalistes accusés à tort ou à raison de diffamation et d’incitation à la haine, a entaché la réputation d’ « homme de paix » que le chef de l’Etat s’est forgé aux yeux de l’opinion internationale suite aux victoires remportées par notre armée au Mali.


Cette affaire de vrai-faux putsch qui s’est soldée par une vague d’arrestations d’élus du peuple, de responsables politiques et de journalistes, a certes discrédité Idriss Déby et indigné l’opinion internationale et la presse française qui a critiqué l’Elysée avec sévérité pour son « silence regrettable ».

Mais, le président français est-il tellement aveuglé par sa haine d’Idriss Déby pour ne pas voir que, sans l’intervention au sol de l’armée tchadienne qui a perdu beaucoup d’hommes, il n’aurait peut-être  jamais reçu ce Prix Houphouët-Boigny qui le rend aujourd’hui si arrogant ?


Si, « la France est intervenue avec ses forces armées », comme le claironne haut et fort François Hollande, sans qu’on ne perçoive la pertinence d’une telle allégation, le président français ne saurait sans mauvaise foi oublier que "le Tchad aussi est intervenu avec ses forces armées" pour lui apporter un précieux soutien qu’aucun autre pays ouest-africain n’a souhaité mettre à sa disposition.


Alors, s’il y avait un chef d’Etat et une armée à citer dans le discours de remerciement du président français, c’est bien le chef de l’Etat tchadien et les Forces Tchadiens d’Intervention au Mali.


Le reste n’est qu’impardonnable provocation.

 

© Tchadoscopie 

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