Soixante-quatre soldats maliens envoyés par Bamako ouvriront cette année le défilé militaire du 14-Juillet sur les Champs-Élysées à Paris. Derrière eux, douze nations africaines qui participent à Serval seront représentées, comme le Tchad, le Burkina Faso, la Guinée ou encore le Bénin. Le 11 janvier dernier, la France a pris la tête de l’opération Serval pour repousser l’offensive des groupes armés islamistes venus du nord du Mali.

Cette année, en plus de la revue des troupes et de la démonstration de force que peut être le 14-Juillet, le défilé sera aussi l’occasion d’illustrer la bonne coopération des troupes françaises avec les troupes étrangères.


Dans le cadre de l’opération Serval, la France a pris les commandes de toutes les opérations et est devenue pour la première fois leader d’une opération internationale. À la France donc d’établir une chaîne de commandement et d’avoir sous sa responsabilité les opérations des autres nations engagées.


Côté français, le défilé devra donc avant tout servir à démontrer l’utilité des dépenses dédiées à l’armée depuis le début des opérations. Mais pas seulement. « L’intérêt [du 14-Juillet] c’est de montrer aux Français d’abord que la nation fait des efforts pour équiper ses armées et de montrer que tout cet argent n’est pas dépensé en pure perte, mais pour avoir à la disposition du président de la République et des autorités françaises un outil qui leur permet d’affirmer la puissance de la France », explique le général Jean-Jacques Borel, chef d’état-major du commandement de la défense aérienne et commandant de la composante aérienne de l’opération Serval.


Le rôle de la France


Cet outil a été fortement mis à contribution pour les opérations au Mali, avec notamment des raids aériens très longs. Justement, du côté des colonels d’Afrique de l’Ouest, venus mener leurs troupes sur les Champs-Élysées, l’accent est mis sur la nécessité du soutien matériel des Français pendant les opérations, et sur le rôle de leader joué par la France pendant ces sept derniers mois. « Le 14-Juillet, avec tout ce contingent, montre aussi le rôle de locomotive de l’armée française dans ses engagements avec les États africains. C’est surtout son soutien en terme d’équipements et sa grande expérience qui viennent s’ajouter aux actions des forces armées africaines », remarque ainsi le lieutenant-colonel sénégalais Boubakar Touré.


L’invitation de la France à ses alliés africains était donc logique, voire nécessaire. Et toutes ces délégations partagent la même fierté de participer à ce défilé militaire. La préparation est d’ailleurs intense : défilé à l’aube sur les Champs, puis deux à trois passages en cadence sur la piste de Satory, près de Versailles, qui a les mêmes dimensions que la plus belle avenue du monde. Objectif : s’assurer que tout le contingent marche bien du même pas et dans le bon alignement le jour J. Le colonel Elisée Jandau se dit ainsi « très content et très fier de participer à cette fête de l’armée et de la nation française. »


Un défilé polémique


Sur les Champs, défileront donc 64 Maliens qui ont servi depuis janvier sur leur propre territoire et 12 autres formations, chacune de neuf soldats, venus des pays qui ont coopéré à la mission de stabilisation du Mali : la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, le Libéria, et la Sierra Leone. Cette dernière ne participe pas à la mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali, et ne sera donc pas représentée dans le carré de la Minusma le 14-Juillet, formé par 50 hommes qui défileront sous béret bleu de l’ONU.


Autre pays invité à défiler aux côtés de nos soldats, le Tchad. Il a envoyé 2 000 hommes au Mali pour lutter contre la rébellion islamiste. Pourtant, depuis cette participation à la Misma, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer une répression accrue et la crainte grandissante de l’opposition au président Idriss Déby, et des journalistes, d’être arrêtés ou tout simplement de disparaître. Pour les ONG, cette invitation faite au Tchad pour le 14-Juillet est une nouvelle preuve que Idriss Déby est devenu une personne fréquentable pour François Hollande, l’allié même de la France, ce qui renforce son impunité chez lui.

Par Léa Ticlette

RFI

 

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