La société n’étant que le reflet de la qualité des individus qui la compose, l’effort sur soi c’est-à-dire la réforme de l’individu offre certainement la possibilité de renouer avec le bien et d’améliorer le vivre ensemble. Savoir faire la part des choses entre ce qui est, ce qui doit être et ce que nous sommes est le combat le plus difficile et le plus méritant de l’homme : il est ce qu’on appelle dans la tradition musulmane le jihâd.

 


Dans la langue arabe, le terme Jihâd annâfs signifie l’effort que l’homme doit faire sur lui-même pour être digne de son humanité en luttant contre sa propre violence, sa colère, sa cupidité, son égoïsme. On observe que nous sommes loin ici de la connotation de « guerre sainte » que certains agitent systématiquement  pour des raisons propres à eux. De manière trop précipitée, et sans nuance, on a fini par traduire Jihâd par « guerre sainte ».

 


Même dans la première période de l’Islam,  cette connotation simpliste ne trouve pas valeur explicative. Les musulmans de l’époque alors agressés employaient le terme jihâd comme ils le concevaient dans ladite situation, c’est-à-dire en position d’assiégés et d’agressés, ils faisaient l’effort de résistance ; ce qu’on pourrait qualifier aujourd’hui en terme simple de légitime défense. A partir de ce décryptage, on ne peut prétendre comprendre un terme qu’à partir du moment où l’on en saisit toutes ses définitions, ses nuances et son histoire.

 

 

L’exemple que le prophète Muhammad a donné quand il questionna ses Compagnons  concernant le combat à mener contre sa propre violence est édifiant :

 


« Qui est le plus fort parmi vous ? Un homme lui répondit : « C’est lui qui renverse son ennemi. » Le Prophète le corrigea en affirmant « Non, l’homme le plus fort parmi vous est celui qui maîtrise sa colère ».

 


De ce fait, la maîtrise de la colère suppose un travail personnel exigeant et le premier champ de l’expérimentation spirituelle n’est autre que notre propre cœur.  Le Prophète (Qu’Allah l’élève davantage en grade et préserve sa communauté de ce que le messager craint pour elle) disait que : « Dieu ne considère pas vos apparences mais vos cœurs et vos œuvres. »

 


Le travail qui incombe à chacun de nous, est d’améliorer nos cœurs et nos œuvres pour les rapprocher des prescriptions divines. « Dieu ne modifie rien en un peuple avant que celui-ci ne change ce qui est en lui. » (V13, S11). C’est pourquoi l’effort sur soi (jihâd an-nafs) trouve toute sa place dans ce contexte. Il s’agit bien entendu de l’effort que le musulman doit faire sur lui-même en luttant contre sa propre violence, sa colère, son égoïsme pour être digne de son humanité et de l’agrément de Dieu.



Il est absolument fondamental de faire preuve de résistance, de patience face aux  épreuves de la vie et là il existe principalement deux types d’épreuve, celle que Allah nous met pour tester notre foi ou simplement exercer sa souveraineté, à travers les catastrophes naturelles, les pertes de proche, les pertes de biens (V.155, S.2) ou toute autre situation vécue comme tel au niveau individuel. L’autre type d’épreuve est ce qui provient du comportement des humains – les dommages collatéraux – et qui par l’impact que cela génère constitue des épreuves souvent durement subies – incendie, accident, drame social, mauvais comportement, trahison, etc.

 


Dans cette perspective, nos gouvernants qui se proclament de surcroit croyants, ont également la responsabilité de servir leurs concitoyens et non se servir comme l’attestent de nombreux exemples. Ils doivent témoigner de la douceur, de la compassion et de la justice à l’égard de leurs administrés, non pas parce que ce sont des privilégiés mais parce qu’ils ont la responsabilité dans la gestion des affaires collectives ; ce sont simplement des gestionnaires des biens publics, et non pas les propriétaires de ces biens. Ils rendront certainement des comptes de leur responsabilité le jour du jugement.

 


La recommandation constante du Prophète de tous les temps sous toutes les conditions est (1) œuvré pour le meilleur, et (2) faites preuve du meilleur caractère. 
Le bon caractère rapporte bien plus qu’égrener les chapelets, accomplir des prières surérogatoires….(Hadith), comme en témoigne le récit de Sa’d Ibn Abby Waqaas dont le Prophète exhortait à copier les pratiques puisqu’il était compté parmi les habitants du paradis.

 


L’enjeu donc est de taille – à savoir combler la négligence par l’effort et fructifier l’élévation de nos œuvres vers Allah en étant dans la meilleure des postures. Le tout dans l’enceinte de la Sunna du Prophète ! 
 

 


Au demeurant, n’oublions jamais la terrible échéance de la mort et qu’on doit rendre des comptes de nos actes un jour. De ce fait, il faut faire face à ses faiblesses tout comme à ses tentations et il faut en permanence faire l’effort sur soi (djihad Annâfs) pour rester sur la voie de l’agrément de Dieu. L’essence même de l’Islam se développe dans l’amour et le bon comportement.

Puisse Allah nous compter parmi cette catégorie de croyants qui sont sous la coupe de Ses Immenses Faveurs, qui bénéficient de Son Pardon, de Sa Miséricorde, de Sa Mansuétude, de Sa Protection, de Sa Grâce, de Sa Lumière et de Ses Deux Paradis (V.46, S.55) et qui restent constamment éclairés sous la Lumière du Prophète Muhammad, le prophète de la Guidance et de la félicité.

 

 


HTG

Talha Mahamat Allim 
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