Par Talha Mahamat Allim,

Genève, Suisse.

Quelle orientation politique doit-on opérer pour se préoccuper de la transparence et du bon fonctionnement de nos institutions publiques? Faut-il amorcer une véritable rupture ? Avec l’opacité qui entoure jusqu’ici les différents budgets de fonctionnement et autres appuis financiers de nos institutions publiques considérés comme une véritable « vache à lait » par ceux qui les dirigent, l’on se demande dans quelle mesure pourrait-on redonner de la crédibilité à des institutions qui souffrent de légitimité de leurs dirigeants et les réconcilier avec le peuple tchadien?

A l’évidence, la problématique de la transparence dans la gestion et le fonctionnement de nos institutions publiques s’est posée par le passé et se pose encore aujourd’hui avec plus d’acuité. L’absence de transparence réduit considérablement l’atteinte des objectifs prioritaires et stratégiques fixés par l’État. Le plus souvent malheureusement, on observe des agissements totalement contraires au principe élémentaire de l’éthique professionnelle dans la gestion et la moralisation des affaires publiques.

Dans cette logique, la mauvaise gouvernance, la corruption, la diversion et l’esprit sectaire, la prédominance des intérêts particuliers, les camouflages de la réalité des choses, les cachotteries et les mesquineries deviennent de plus en plus un principe cardinal qui guide certains de nos dirigeants, notamment dans certaines de nos missions diplomatiques. L’essentiel, pour ces gens, est de s’enrichir, s’enrichir et encore s’enrichir par tous les moyens possibles, reléguant derrière eux, leur dignité d’être humain. Parce qu’ils croient en général qu’avec les moyens financiers qu’ils ont détournés, ils peuvent se tirer d’affaire et se mettre à l’abri, une fois relevés de leurs fonctions.

Cependant, ces pratiques finissent toujours par rattraper leurs auteurs comme un boomerang. Masquer l’information et développer une gestion floue constituent les marques d’une mauvaise gouvernance. L’exemple de l’ambassade du Tchad à Genève pour ne citer qu’un seul est révélateur de cette situation. Attention à ces barons, qui se cachent derrière leurs grands boubous, richement cousus avec ou sans sourwals par rapport à leur dignité, car le vent du Sahel souffle fort en ce moment et risque de mettre à nu leurs magouilles.

Corriger une telle manière de conduire les affaires de l’État, consiste non seulement à être transparent dans la gestion de la chose publique mais aussi à rendre régulièrement compte à sa hiérarchie, à ses concitoyens. Le cocasse de l’histoire, c’est que certains de nos responsables publics se targuent de l’éthique professionnelle mais surtout spirituelle alors que dans leur pratique quotidienne, on est très loin du compte. A ceux-là, nous ne pouvons que recommander la parole de Dieu dans ce verset coranique de la sourate Al-Maidah, 8, : « O les croyants ! Soyez stricts dans vos devoirs envers Allah et soyez des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l’équité : cela est plus proche de la piété. Et craignez Allah. Car Allah est certes parfaitement connaisseur de ce que vous faites. » 

Chaque tchadien, en tant que citoyen, a un droit de regard sur son pays en général et ses institutions en particulier comme dans toute démocratie, dans tout État de droit qui se respecte. Comme dirait le député Béral Mbaïkoubou, il faut refuser l’ineptie qui veut ériger en système de gestion publique le cynisme d’État. C’est pour cette raison que nous essayons de partager l’ensemble de nos réflexions avec nos concitoyens.

Il nous paraît très productif que quand on gère une institution publique quelle que soit sa taille, il faut le faire dans le respect des règles de la transparence, de l’éthique et du professionnalisme que requièrent la bonne gestion et le bon fonctionnement de l’institution publique en question aussi bien sur la forme que sur le fond. Il ne faut pas percevoir la réalité uniquement du point de vue exclusif de sa propre fenêtre, qui finit par conduire aux divisions, à l’exclusion et à une perte énorme pour l’administration publique. Dans cette optique de transparence dans le fonctionnement de nos institutions publiques, la communication, l’écoute, la nécessaire humilité de celui qui a quitté son ego doivent être des valeurs à promouvoir chez certains de nos dirigeants pour bâtir une confiance mutuelle avec ses collaborateurs et travailler avec eux pour la promotion et la défense des intérêts du pays.

Il nous semble important de substituer à l’image de la gestion d’une administration personnalisée et autoritaire, celle d’une administration responsable et soucieuse de l’intérêt général. Une administration qui, dans le cadre des attributions et des instructions qui lui sont données par les pouvoirs législatif et exécutif, applique les décisions et apportent ses apports au développement national. Il serait bénéfique pour le Tchad d’aller au-delà du renforcement des mécanismes de contrôle et d’évaluation de la gestion transparente et de l’efficacité des institutions publiques, pour y intégrer les actions de prévention et d’accompagnement afin de renforcer cette transparence et asseoir une responsabilité cohérente, efficiente et efficace.

La transparence dans nos institutions publiques est fondamentale dans le sens où ces dernières assurent la continuité des services publics essentiels à la vie et au développement du pays. Elle participe aussi à l’orientation et à la mise en œuvre des décisions du pouvoir et des activités importantes du pays. De ce fait, dans cet effort de transparence, il est nécessaire de construire et de développer un dialogue permanent entre l’administration publique et les citoyens, faciliter l’accès et la circulation de l’information aussi bien pour les agents publics que pour les usagers, plus particulièrement en ce qui concerne les droits et les devoirs des uns et des autres ainsi que les activités et les résultats de l’institution publique concernée. De toute évidence, le temps nous est compté, rien ne restera éternellement caché, la vérité finit toujours par triompher.

 

Talha Mahamat Allim

   

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