21 avril 2013 La recrudescence des secousses et séismes – un signe de la fin des temps ? (Talha Mahamat)
L’Imam de Makkah dans un style dichotomique entre ce que l’espèce humaine espère et ce qu’elle craint, a attiré l’attention sur l’insuffisance des explications scientifiques – géologiques ou géophysiques en particulier – pour expliquer la recrudescence de certains dérèglements, singulièrement des séismes et des crues/inondations, c’est-à-dire circonscrites uniquement sur la terre, qui est le domicile de l’Homme (V.61, S.10). Il s’est étonné que malgré tout, l’humain reste préoccupé non par son devenir spirituel, ou son sort devant Allah, mais cherche toujours à sauver son souffle (vie), sa science, ses biens et sa famille. Autrement, il ne chercher pas à décoller et reste collé à des valeurs terre-à-terre…
Or, explique-t-il, chacun de ses capitaux est assujetti à la dialectique de l’équilibre entre crainte et espoir, entre force et faiblesse, entre capacité et déficit, le tout revient à la bénédiction en quelque sorte (ni’ma) et de bénédiction, il n y a que d’Allah (V.53, S.16), d’où le recours inévitable à Allah et au-delà de la simple Science. Et pour illustrer sa thèse, il compare les pluies torrentielles qui dévaste tout (comme dans le déluge) et les averses qui apaisent et nourrissent l’espoir du paysan (V.22, S.1), exactement comme décrit Allah par peur /ou par attente.
De même, les vents firdawsiques (V.57, S.7) comme ceux qui viennent soulager presque miraculeusement les coups de soleil autour de la Ka’ba lorsqu’il fait 36°, et ces vents qui dévastent toute une cité (V41., S.51). La bénédiction est donc uniquement détenue par Allah et il semble qu’il utilise le même instrument (pluie, vent, ciel, mer) pour apaiser, soulager, ou apeurer, punir, châtier. N’est-ce pas la mer rouge qui a sauvé le Prophète Moussa est la même qui a englouti Pharaon ? C’est donc la preuve que les explications seulement géologiques des séismes ne sont pas satisfaisantes pour le croyant ou simplement pour l’esprit rationnel.
Le Qur’ân mentionne pourtant des séismes célestes et terrestres (Vs. 11-12, S.86), les terrestres très connus, les célestes peut être moins, et que pourtant nous semblons sentir souvent dans les zones de fortes turbulence en altitude lorsque l’avion pourtant n’a aucun contact avec de la matière, suspendue qu’il est dans les airs à 12 kms au-dessus de la terre, mais donne l’impression de ne plus tenir, c’est Allah qui le contrôle – il l’a dit (V.79, S.16), ou alors lors de tonnerres super violents qui déversent des milliards de KVs insaisissables dans la nature. Il faut donc dira-t-il sans rejeter les explications scientifiques, aller chercher d’autres signes.
Le Qur’ân en fournit certains ajouta-t-il. Ce châtiment qui peut nous surprendre par les airs ou sous nos pieds (V.65, S.6) ou alors les récits (S.11. – ‘Âd, Madyanna, Thamûd) de l’intervention directe d’Allah pour punir et/ou sauver les oppresseurs/opprimés. Et dans ces exemples qui sont légion dans le Qur’àn, Allah nous met en garde de ne pas dormir tranquille, avec une certitude que nous sommes immunisés contre ses châtiments (V.99, S.7), qui peut nous surprendre en pleine nuit pendant que nous dormons ou alors en plein jour pendant que nous sommes dans le loisir (V.98, S.7). C’est déjà arrivé plusieurs fois. Devrions-nous être aussi naïfs de nous en tenir à une certitude scientifique ou une faille systémique ? Cheikh Ahmed Tijâny a beaucoup insisté dans ses enseignements sur ce verset, en particulier pour appeler à redoubler de vigilance dans la crainte d’Allah et le bannissement des pêchés.
Et l’Imam semble rebondir sur cette remarque de la tendance de l’Humain à se laisser engloutir dans les pêchés et les manquements de l’adoration pour se faire prendre donc naturellement dans la colère d’Allah – Allah dit que c’est par la persistance et l’intensité des pêchés qu’il envoie un avertissement (V.40, S.29). Le croyant doit rester ancré dans la voie d’Allah avec la peur que Allah Peut ne pas lui offrir agrément, alors que le Négligent se noie dans le pêché avec la certitude que Allah lui pardonnera…allez-vous vous fier à ce que Allah peut décider…seuls ceux qui ne récoltent aucun bienfait se comportent ainsi (verset précité).
Le Prophète (Sallalahou Alayhi Wa sallaâm) avait averti que parmi les signes de la fin des temps ou de sa proximité, il y avait la recrudescence des séismes, et de séisme, il ne voulait pas seulement dire les tremblements géologiques. Les cœurs tremblent (de déviance, d’envie/jalousie et de passion mondaine), les esprits tremblent (de fétichisme, de suspicion et d’ignorance), les familles tremblent (de déficit d’affection, d’étincelles facilement inflammables, et de méfiance), les avoirs tremblent (de crise financière sur fonds de spéculation loin du réel et d’endettement intenable), les institutions tremblent (de détournements de mandat, d’incapacité de délivrer), les pouvoirs tremblent (de peur de renversement ou de fin de règne), les nations et peuples tremblent de la peur de l’autre (nucléaire)…tout tremble et donc inévitablement la terre avec. Et quelle solution s’interroge l’Imam nous est offerte dans un monde aussi secoué ? Le recours à la vertu de la conscience – dont Allah rassure que celui/celle qui a apaisé sa conscience (V.9, S.91) a sécurisé de quoi être à l’abri de toutes ces secousses. Nous tremblons de peur ou de crainte, et les alliés d’Allah ne tremblent ni pour l’un ni pour l’autre (V.62, S.10).
L’Imam cite trois issues de secours qui sont offertes – (1) la repentance (Tawba), qui ouvre les portes de la miséricorde d’Allah (V.8, S.66), elle-même menant au paradis, mais surtout sécurise une place dans l’abri des prophètes et des croyants le jour J, et qui procure aussi la Nûr intrinsèque partie intégrante de la Fitra pour rester dans la guidance ; (2) le sacrifice (Sadaqa) – et le sacrifice dans l’enseignement du prophète et toute œuvre de bienfaisance à l’endroit de la communauté depuis le centime dépensé pour sa famille ou ses parents jusqu’à la contribution à toute œuvre utile, car le sacrifice est aussi un moyen d’apaiser les consciences (V.103, S.9) et purifie aussi les cœurs; (3) la demande de pardon à Allah (Istighfàr, différent de Tawba), puisque c’est l’instrument multifonctionnel qui soulage tout mal (Vs 10-14. S.71). Les épreuves sur l’espèce humaine avec tous ces tremblements aux différents niveaux cité sont donc en plus des conséquences de notre agissement des signes d’Allah qui sanctionnent nos déviances, nos manquements, notre négligence, nos pêchés et fautes – conscientes ou non, individuel ou collectif – dans ce monde, et ce pour nous épargner le châtiment de demain.
Les récits de la Sira (la vie du prophète) retiennent que du temps du Prophète, aucun séisme n’était relevé, et que c’est lors du règne de Seydina ‘Umar que la première secousse s’est fait sentir. Seydina ‘Umar avait alors regroupé les croyants à Médina pour les mettre en garde de leur comportement (V.30, S.42), et rappeler les anticipations du Prophète. Ma communauté avait dit le Prophète est une communauté immune qui ne sera pas sujette au châtiment de l’au-delà, leur châtiment est confiné dans ce monde à travers les tueries (qatl) entre croyants, les séismes (tels que décrits plus haut, c’est-à-dire à toutes les échelles) et les crises (Fitan).
Toutefois, ajoutent les Exégètes, il s’agit d’une immunité du châtiment collectif, mais pas d’une immunité individuelle, et donc le croyant doit éviter les ingrédients de la colère d’Allah et tirer les leçons du Qur’àn comme dans l’histoire de Qàroun – ostentation et excès de confiance (V.78, S.28), Pharaon – orgueil, oppression (Vs 21-25., S79.), Thamûd (déviance et torts, V.5, S.69). Mais comme rappelle Allah les cœurs et consciences aveuglés par la déviance, même les signes d’Allah (Vs 96-97., S.10) ne leur servent à rien…ils persisteront dans leur aveuglement jusqu’à cogner le mur du châtiment !
Et l’Imam de revenir sur la solution instruite par Allah – la vertu et l’apaisement des consciences, puisque Allah donne deux assurances – Il ne châtie pas un peuple tant que ce peuple œuvre dans la vertu et l’apaisement (Islàh – V117., S.11), Allah ne châtie un peuple que lorsque ce peuple a exagéré dans le tort (V.59, S.28) et le tort est partout – dans le détournement des deniers publics, dans la trahison des mandats, dans les manquements de la puissance publique investie avec les moyens du peuple, dans l’ignorance de la religion d’Allah, dans les manquements aux responsabilités individuelles et collectives, dans l’orgueil, dans le mépris, dans l’envie, dans la jalousie, dans la haine, dans la négligence d’Allah (ghafl), dans tous ces ingrédients qui causent les tremblement précités – et qui sont à l’origine de toutes les crises comme avait avertit le Prophète.
Les secousses sismiques sont enregistrées continuellement et avec rigueur dans des centres d’excellence scientifique, toutes ne sont pas sujettes à inquiétude, mais lorsqu’elles atteignent un certain indice sur l’échelle (Richter), l’alerte s’impose. Nos cœurs, nos esprits, nos avoirs, nos familles, nos institutions, nos cadres de vie et de communauté sont aussi en permanence sous secousse, mais il faudrait que nous les enregistrions aussi pour pouvoir contrôler leur variations et nous assurer qu’elles n’atteignent pas le seuil d’alerte, c’est le seuil d’alerte finalement qu’il faut (i) connaître, (ii) contrôler et (iii) gérer – afin que les secousses soient minimales, puisqu’il faut des secousses de toutes façons, le prophète l’a déjà anticipé. Ne serait-ce que le battement cardiaque comme le premier des secousses, le plus vital certes et puisse celui-là durer, mais qu’il soit surtout sous contrôle au sens propre comme au sens figuré !
HTG/Talha Mahamat