Qui est au juste plaignant ou victime dans cet imbroglio juridique nommé «Affaire Habré » : la Communauté Internationale ? Les victimes tchadiennes ? Les ennemis d’Habré? Ou l’Etat tchadien par son président interposé? En attendant, à chacun son Sandpoint pour identifier les victimes (plaignants), l’auteur/co-auteurs des crimes, juges et bailleurs? Car il y a de l’affairisme juridique quelque part dans ce dossier et les vrais avocats des victimes tchadiennes doivent le dénoncer avec vigueur.

 


J’avoue d’amblée que je ne suis pas juriste, alors je remets la compétence de l’analyse juridique du « feuilleton Habré » aux juristes tchadiens (qui ne sont pas sortis jusqu’à là pour éclairer le peuple).Cependant, je hais le droit quand on utilise la force et les subterfuges pour défendre le droit et rendre justice à X. C’est pourquoi dans l’inconscient social des peuples, il est tacitement admis et reconnu que seul Dieu sait rendre justice et que la justice divine est la vraie et la plus acceptée avec émerveillement et résignation quand elle se manifeste.

 


Je ne sais d’où me vient cette phrase mais quelqu’un disait: « Le but de la loi n’est pas de punir, mais d’éduquer ». Les intrigues politico-juridiques et mafieuses autour du « feuilleton Habré » risquent d’ôter la substance de la correction juridique qu’attendaient les Tchadiens en général au début du dossier. Car cherche-t-on plutôt de nos jours à punir politiquement Habré – ou à  le liquider politiquement comme dit Dame Fatime Habré-  qu’à édifier et éduquer d’abord le peuple tchadien et le monde sur ce qui est brandi comme dossier des « Crimes de la DDS et du régime UNIR» ou crimes commis par « Habré et co-auteurs » ?

 

 

Entre nous: peut-on penser de nos jours avoir une justice «juste » quand les media remplacent Dieu? Ou quand la soi-disant « Communauté Internationale » s’octroie le droit d’agir par procuration au nom et à la place des peuples et populations lésés dans leur droit de vie à travers le monde? Les media, surtout occidentaux, crient en information perlée/bouclée chaque année, et depuis 22 ans, sur « L’Affaire Habré », et non le dossier des « Crimes de la DDS et du Régime UNIR» au Tchad. Ce dossier dont tout le peuple tchadien (à travers les victimes) voulait en faire une sorte de «Procès de Vérités et Réconciliation» est vraiment devenu une affaire (au sens mercantile du terme) pour les protagonistes de tout bord; sauf pour les victimes tchadiennes de l’ancien régime UNIR qui ne savent pas faire affaire des crimes qu’elles ont honteusement et impunément subis au Tchad.

 

 

Ce qui est marrant, on crie victoire quand Hissein Habré se rend simplement au tribunal! Et plus les choses avancent, plus elles se compliquent, et plus les victimes tchadiennes sont ignorées (ou lassées). Bref, tout bon observateur tchadien (de bonne conscience) s’inquiète et se demande si le droit sera vraiment dit, un jour, sur ce dossier pour que les cœurs et les âmes des victimes tchadiennes se reposent en paix après ce procès (s’il se tient bien sûr). Mêmes si certains Tchadiens courageux et certains activistes tchadiens des droits de l’homme ont individuellement ou collectivement agi au niveau du Tchad pour constituer ce dossier et réclamer justice pour toutes les victimes et leurs familles, le dossier est clairement usurpé par les instances internationales aux grands dam  de vraies victimes.  

 

 

En fait, le Western juridique que tournent Habré et les « chasseurs » ou « jugeurs » des dictateurs a déjà écarté les victimes tchadiennes du dossier. Et la conscience nationale tchadienne est érodée par le temps et les récupérations juridico-institutionnelles des « ennemis personnels d’Hissein Habré ». En fait, ceux des Tchadiens qui sont sceptiques de l’aboutissement de ce dossier en faveur des victimes tchadiennes doivent apprécier la teneur de l’interview (vidéo et journal) de Madame Fatime Habré accordée au groupe de presse du quotidien dakarois Walfadjri (https://www.letchadanthropus-tribune.com/article-2671-701.html). Certains diront d’amblée que Madame Habré défend plutôt la cause de son mari. Soit ! Qui a sa place ne pourrait pas le faire? Ce qui intéresse dans cette sortie médiatique de Madame Habré, c’est la candeur de l’information, la hauteur, le calme et surtout la lucidité dont elle a fait montre dans son interview (Walfadjri) pour éclairer le public suite au dernier épisode de l’arrestation de son mari et ancien président du Tchad. L’interview permet sincèrement d’apprécier l’effacement graduel des victimes tchadiennes dans le dossier et ce qu’on veut faire de « l’Affaire Habré »: Pour qui ? Et pour quel intérêt? Et pourquoi?

 


Ce qui trouble et occulte le plus dans le suivi normal de ce dossier ce sont d’abord les gesticulations de l’Etat tchadien à travers ses institutions juridiques, son président en exercice et ses ministres de la justice ou des droits de l’homme. En plus, on n’a jamais vu la justice tchadienne en général et des juristes tchadiens (neutres) en particulier s’intéresser à la fois à Hissein Habré, ses acolytes/co-auteurs et les anciens gestionnaires de l’institution Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS) dans ce dossier du début au milieu.

 


Pis les légitimes victimes tchadiennes semblent plutôt donner tacitement procuration à une certaine Belgique, à tout gouvernement sénégalais de passage, ou à titre personnel à l’actuel président tchadien d’agir ou de faire les démarches à leur place? Ce qui inquiète encore au niveau du Tchad, c’est l’éclipse des vraies victimes et leurs « avocats » ce dernier temps. Le hic c’est aussi l’absence de la justice tchadienne supplantée par l’actuel président tchadien qui« s’investit personnellement» dans le dossier des victimes de la DDS et de l’UNIR. C’est dire que l’Etat tchadien est sollicité plus que les victimes dans l’instruction ou constitution du dossier.

 


En son temps, les parades et gesticulations de la majorité des Tchadiens ont poussé l’homme fort de Bamina à balayer manu militari les tortionnaires de la DDS de la mangeoire nationale. Mais cette décision en or a fondu sur les plumes de la colombe de Bamina. Les technocrates du parti de Bamina ont soufflé au Rais de troquer le costume DDS avec ANS. Car on a besoin des anciens bourreaux pour faire taire les victimes et leurs avocats. Voilà le vrai coup et la première pierre d’achoppement dans l’effacement des victimes de la DDS. Si anciens bourreaux de la DDS et leurs victimes collaborent et se frottent bien au pays d’Hissein Habré, le gouvernement tchadien lui est obligé de porter plusieurs casquettes pour aller à Dakar. Bref, la ‘technicalité’ des interprétations juridiques et le foisonnent des magistrats et avocats autour du dossier ont déjà ôté en quelque sorte l’appétit de justice de plus d’un Tchadien.

 


Alors,  il est temps que les juristes tchadiens neutres et dignes de ce nom commencent à débattre du dossier afin d’expliquer et d’orienter l’opinion nationale et les victimes tchadiennes de l’idée originelle de leur plainte, et non ce que les vautours juridiques veulent à ce qu’ils attendent au sortir de ce procès. Sinon, les incohérences dans les démarches juridiques pour juger Hissein Habré et ses complices donneront toujours l’avantage aux avocats du principal accusé de réitérer à chaque fois que le dossier est vide. Ou qu’il y a entorse à la justice. Cela lasse bien sur les victimes!

Laounodji M. Monza

USA

 

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