13 novembre 2012 L’auto-évaluation de la Conscience de soi. Comment perfectionner sa pratique religieuse.
Ce vendredi est le dernier de l’année musulmane 1433, qui va céder la place à 1434 dès Jeudi 15 novembre 2012 et c’est donc un moment privilégié, à la manière de l’Entrepreneur, de faire un bilan comptable de ses filières, mais aussi leur perspective. Les filières performantes seront non seulement conservées, mais consolidées. Quant aux filières déficitaires, qui précipitent le solde de trésorerie de l’entreprise, elles feront l’objet d’un audit pour comprendre les causes du mal, avant d’être abandonnées, même si cela revient à envoyer des milliers de travailleurs au chômage. Tel est la méthode qu’appliquent les multinationales à travers le monde à présent pour faire face à la crise. Le croyant, soutient l’Imam de la mosquée de Petit Saconnex à Genève Cheikh Sofiane est aussi confronté à la même situation en ce qui concerne sa pratique religieuse – sa seule préoccupation – et pour l’Agrément d’Allah – la seule finalité qui devrait le motiver.
Il doit donc procéder à une évaluation de ses pratiques vis-à-vis de cette seule préoccupation et à l’espoir d’atteindre cette seule finalité. Et le prophète de nous exhorter déjà à anticiper cette méthode d’auto-évaluation de la conscience de soi (hàsibû anfusakum) avant qu’Allah nous applique son évaluation équitable, donc redoutable (qabla an tuhàsabû). Et dans cet effort de l’auto-évaluation, Hassan Al Bûsary retenait que le croyant est dans le droit chemin tant qu’il se soumette constamment à évaluer sa conscience pour tendre vers le meilleur. Le Qur’ân rappelle (Vs. 9-10, S.91) la félicité réservée à ceux qui ont purifié leur âme (au terme de son évaluation), mais punit ceux qui l’ont anéanti (n’ont tiré aucun enseignement de son évaluation). Ce sont donc ces deux axes qui étalonnent le référentiel de l’auto-évaluation de la conscience, soit l’axe vertueux d’obéissance à Allah (At-Tà’at) et l’axe vicieux de désobéissance (Al Ma’çiyat). Et autant les bonnes œuvres rapprochent d’Allah sur le 1er axe précité, autant la simple conscience de l’auto-évaluation de la conscience rapproche d’Allah encore plus, car elle vous réconforte dans l’axe vertueux (At-Tà’at) et vous distrait de l’axe vicieux (Al Ma’çiyat). Voilà pourquoi l’auto-évaluation est en soi agréée par Allah plus que la bonne œuvre !
Mais en fait comment procéder à cette auto-évaluation de la conscience de soi ? Et l’Imam de citer 5 domaines que je vais tenter de résumer
1. Les obligations religieuses – Il prit la Salât comme exemple et invite le croyant à se poser la question ‘est-ce que je respecte la Salât dans ses horaires régulières, ses conditions de pureté et d’exécution (soumission) ? La Salât est la dernière recommandation du Prophète en quittant ce monde et c’est la seule des obligations religieuses qu’Allah attend que nous accomplissions en toute circonstance – résidence ou voyage, paix ou guerre, en bonne santé ou diminué -. Pourtant, fera-t-il remarquer, les conditions sont des plus parfaites dans la majorité des cas (bonne santé, bonnes conditions, en paix et sans contrainte) et pourtant, nous ne respectons pas les prescriptions d’Allah en la matière. Nous différons au détriment de contrats qui ne peuvent équivaloir le contrat d’Allah (V.95, S.16), nous négligeons jusque tard dans la soirée lorsque nous sommes fatigués et moins concentrés, nous remettons à plus tard sans aucune considération de exigence de son moment. Un des compagnons du prophète avait donné cette description de la Salât – qu’il se prépare comme s’il entrait dans le périmètre sacré, qu’il accomplit les Takbîrs à la perfection des Anges, qu’il exécute les gestes avec l’humilité d’un Serviteur devant son Seigneur, qu’il récite le Qur’ân dans la plus parfaite des Tajwîd, qu’il se voit sur le pont Siràt, et donc doit se tenir droit, ferme et indemne de doute, qu’il s’imagine le paradis à sa droite, l’enfer à sa gauche et l’Autorité Souveraine d’Allah au-dessus de sa tête, que lorsqu’il prononce la formule finale As-Salàmu ‘alaïkum, qu’il entre au paradis ! Une telle conscience ne peut que parfaire la Salât dans les prescriptions divines, et c’est ainsi que chacun devrait essayer de prier.
La teneur des versets du Qur’ân doit aussi nous pénètrer (Tadabbur) de piété. Il a rappelé que Seydinà ‘Umar, dans son règne de Amirul Mûminîn avait une fois passé devant une concession où un des compagnons récitait le Qur’ân et il a entendu le verset ‘Arrêtez-les, ils doivent être interrogés – V.24, S.37- et il s’est senti si concerné qu’il trembla de piété jusqu’à ne plus pouvoir tenir, ses gardes ont fini par le mettre sur son lit et il est resté couché, souffrant pendant 6 jours…pour avoir entendu cet avertissement! Nous devons donc compléter notre auto-évaluation dans toutes les obligations et nous poser la question de savoir si nous le faisons comme Allah l’a prescrit ou non.
2. Les interdits – Et parmi les interdits fera-t-il remarquer, il y a les capitaux que Allah ne pardonne pas aussi aisément qu’Il le fait pour les autres et que donc il faut les connaître et les étudier pour mieux les éviter – parmi lesquels l’Associationnisme, la maltraitance ou l’irrespect envers les parents biologiques, le faux témoignage et le colportage de faussetés, et la démarche de zizanie entre les croyants. Le croyant qui accomplit le Jum’a voit ses pêchés (mineurs) de la semaine écoulée absoutes (le prophète dixit), ainsi que celui qui jeûne le Ramadan pour ses pêchés commis pendant l’année écoulée, mais ses grâces divines s’appliquent uniquement à ceux qui ont évité et n’ont pas commis les péchés capitaux (izaj-tunibatil kabà-ir). La seule obligation qui efface tous pêchés, capital comme mineur et même les torts envers autrui est le Hajj (mabrûr – lorsqu’il est agréé) !
Il faut donc après les obligations, s’auto-évaluer aussi sur les interdits et prendre conscience que le pardon d’Allah est acquis uniquement dans certaines conditions (V.17, S.4; V.119, S.16) et qu’il ne faut pas sous prétexte que nous faisons le Repentir, la sollicitation du Pardon d’Allah, ou connaissant Sa Mansuétude, Sa Générosité, Sa Clémence nous noyer dans les pêchés. Voilà un domaine où l’auto-évaluation est importante tant les humains nagent perpétuellement dans les pêchés de toute sorte, certains qu’ils subissent même du fait de leur environnement ou de leur contexte et pour lesquels ils ont très peu de marge de manœuvre. Evitez donc les capitaux et les mineurs seront effacés (V. 31, S.4), tel est la promesse d’Allah !
3. La concentration et la Négligence – Tous les jours rappelle l’Imam, Allah retire la vie à des milliers de personnes, et souvent comme aujourd’hui d’ailleurs, nous posons un cercueil devant nous pour accomplir la prière mortuaire. Ce sont autant de messages qu’Allah nous envoie pour que nous ne tombions pas dans la négligence (Al ghafla) et que nous nous concentrions à préparer notre rencontre avec Allah (V.110, S.18), c’est-à-dire à anticiper de bonnes œuvres et à ne tomber dans aucune forme de chirk. Car dira-t-il les formes de chirk sont nombreuses et nous devons régulièrement nous autoévaluer par rapport à toutes les formes de chirk et nous assurer que nous n’en commettions aucune. Il s’agit surtout de ne pas tomber dans la négligence d’oublier ce pourquoi nous avons été créé – nous l’avons été uniquement et seulement pour adorer Allah (V5, S.98), mais pas l’adorer de façon ordinaire, plutôt avec pureté et sincérité et c’est cela qui doit être évalué régulièrement.
4. Les organes – Que faisons–nous des divers instruments qu’Allah a mis à notre disposition avec des notices et manuel d’utilisation. Les différentes machines que nous utilisons ont chacune une notice d’utilisation que nous respectons rigoureusement au risque de l’endommager et nous retrouver diminués. Si nous plongeons notre Smart phone dans le lave – vaisselle pour le nettoyer, c’est perdu pour toujours. Allah aussi à prescrit des notices et a mis en garde contre certains usages à éviter pour conserver la pureté de nos organes et garantir leur performance dans Son adoration. Nous devons nous assurer par exemple que nos yeux ne glissent pas dans l’observation de l’interdit, que nos oreilles ne privilégient pas à écouter le blâmable, que nos mains et pieds ne commettent pas dans l’interdit de toute sorte, que nos langues soient préservées du mensonge, du faux témoignage, de dire du mal des autres, et de toute autre communication ou pratique interdite, nous devons veiller à ce que nos organes intérieur (cœur, conscience, âme, esprit) comme extérieur (les sens) soient familiers avec le pur, le vrai, l’exaltant et ainsi s’interdire toute déviance.
5. Les relation avec le monde environnant – La religion œuvre pour le bien, pour l’équilibre entre les composantes de la société, pour l’équité, la justice et la bienséance (V.90, S .16). Il est donc important pour chaque croyant de s’isoler en tant que composante de son environnement et de s’auto-évaluer selon plusieurs rôles – famille, parents, collègues, voisins, communauté, créature, etc. et de veiller à une seule et unique prescription – ne jamais être source de quelque tort qu’il soit (le prophète dixit), ni tort à soi, en particulier durant cette période sacrée (V.36, S.9), ni tort à quiconque d’autre parmi les créatures d’Allah (vivant, non vivant, humain, non humain). Qu’Allah nous enveloppe de sa Protection et nous nous donne la force spirituelle et physique pour que nous empruntions la voie de sa promesse et restions toujours dans sa Guidance afin de ne plus sortir du cercle des bénéficiaires de Sa Faveur, de Sa Sagesse et de Sa Lumière.
Talha Mahamat Allim
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