L’électricité sera accessible à la majorité des populations du Tchad d’ici 2013, assurent des responsables du gouvernement tchadien qui fondent leur espoir sur un accord-cadre de financement de 130 millions USD obtenu d’Exim Bank de Chine et sur de multiples travaux en cours financés également par la Chine.

"Cet accord de financement avec Exim Bank permet de financer le transport de l’énergie de la raffinerie de Djarmaya jusqu’à Lamadji, pour sa distribution dans la ville de N’Djaména", déclare Gata Ngoulou, ministre à la présidence de la République du Tchad, chargé des Infrastructures et des Equipements, par ailleurs directeur du cabinet civil du président Deby Itno.

La raffinerie de Djarmaya, mise en activité le 29 juin 2011 à 80 km au nord de la capitale tchadienne, est détenue conjointement par la China National Petroleum Corporation International Ltd. (CNPCI) à 60% et la République du Tchad à 40%. Elle produit de l’essence sans plomb, du kérosène, du gazole, du polypropylène, du GPL et du fuel oïl. Sa centrale électrique produit également 20 mégawatts à mettre à la disposition de N’Djamena.

"S’il faut prendre en compte les 20 mégawatts de la raffinerie de Djarmaya et les 60 mégawatts de la centrale de Farcha 2, ajoutés à ce que l’Etat a en exploitation un peu partout, N’Djamena aura, à partir de 2013, environ 100 mégawatts", explique le ministre tchadien des Infrastructures et des Equipements.

Pour M. Gata Ngoulou, la capitale tchadienne connaît des difficultés dans le domaine de l’énergie électrique parce que le réseau actuel de la Société nationale d’électricité (SNE) ne peut pas transporter toutes les charges électriques actuelles. "Le réseau actuel doit être modernisé pour être adapté aux besoins actuels", estime le ministre qui ajoute que le nouvel accord de financement permet de prendre en compte tous ces aspects.

Le besoin en énergie électrique de la capitale tchadienne est de 93,37 mégawatts, affirme Mahamat Sénoussi Chérif, directeur général de la SNE. Or, jusqu’en 2010, la disponibilité de l’électricité à N’Djamena était de 25,2 mégawatts, contre 53 mégawatts dans tout le Tchad.

La production de la SNE est thermique. Selon son directeur général, plus de 80% de la production d’électricité est consommée par N’Djamena. Une dizaine de villes et centres secondaires disposent de réseaux indépendants. Il n’y pas de réseau interconnecté dans le pays. Le taux d’accès à l’électricité ne dépasse guère 3 à 4% de la population du Tchad qui, en 20 ans, a doublé pour atteindre les 11 millions d’habitants.

Pour les clients classés en baisse tension, l’électricité coûte 83 F CFA les 30 premiers kWh et 200 F CFA au-delà. Ce qui est cher, au regard des prix en vigueur dans les pays voisins. Au Cameroun, par exemple, le prix de la consommation domestique est de 50 F CFA/kWh, si la consommation mensuelle ne dépasse pas les 110 kWh. Au-delà des 110 kWh, le prix du kilowatt passe de 70 F CFA à 79 F CFA.

En plus de cette cherté, l’électricité reste au Tchad, surtout dans la capitale, une denrée rare. Les coupures d’électricité ou d’eau sont très fréquentes durant ces dernières années, surtout en saison sèche.

Dans un package de nouveaux projets d’infrastructure, d’énergie et d’agriculture, qui seront exécutés avec un crédit de 1 040 milliards F CFA (environ 2 milliards USD) par la Chine, le gouvernement tchadien a prévu la construction d’une centrale de gaz à Sédigui, dans la région du Lac.

"Avec la capacité du bassin pétrolier de cette localité, la centrale pourra produire 2 000 barils de pétrole par jour pendant 17 ans, ainsi que 100 mégawatts d’énergie électrique", explique Mahamat Kasser, directeur général de la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT).

L’énergie produite par la centrale de gaz de Sédigui (100 mégawatts) servira à alimenter N’Djamena, mais également Bol, Mao, Moussoro et Massakory, quatre villes secondaires situées le long de la ligne de transfert, selon le ministre des Infrastructures et des équipements.

"Nos ambitions sont de réaliser l’électrification de tout le Tchad et de permettre l’accès des Tchadiens à l’électricité à moindre coût", a déclaré le président Deby Itno, le 24 mai 2012, lors d’une visite sur un chantier de construction d’une station de substitution et de pylônes de haute tension devant relier la raffinerie de Djarmaya à N’Djaména.

"Je demande aux N’Djamenois de patienter; encore quelques mois, les coupures intempestives d’électricité ne seront qu’un lointain souvenir. Nous aurons de l’électricité en abondance et à moindre coût", a rassuré le chef de l’Etat tchadien. "Dans huit mois", a-t-il précisé ensuite, c’est-à-dire pas avant 2013. 

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