Alhamdoulillàh, la précieuse période de jeûne du mois béni de Ramadan 1434 H – 2013 commence dans la plupart des pays ce mercredi 10 juillet 2013. Le jeûne est obligatoire pour le croyant quel que soit sa catégorie sociale, son pouvoir, sa richesse, son intelligence…C’est un devoir pour chaque musulman pubère, sain d’esprit et capable de jeûner. Autant le jeûne de Ramadan est obligatoire, autant on trouve des dispenses, allègements ou aménagements pour les femmes indisposées ou enceintes, pour les personnes âgées, les malades ou celles et ceux qui sont en voyage. Dans ces différents cas, soit on se rattrape ultérieurement, soit on nourrit un pauvre par jour de jeûne non effectué.

A l’évidence, le mois de Ramadan est une occasion exceptionnelle d’un cheminement spirituel, social et humain qui conditionne le croyant dans la Voie de l’agrément d’Allah (sîratâl mûstaqîm) en s’élevant davantage dans l’amour, la solidarité, le pardon, l’humilité, la générosité, l’acquisition des connaissances, le travail sur soi et le service en faveur des autres. Ces valeurs nous élèvent au-delà des nos égoïsmes pour tendre vers Dieu et apprendre à mieux vivre ensemble.

L’observance de ce mois béni doit nous permettre de tendre, Incha Allah, vers la piété (la Tâqwa), qui constitue l’objectif ultime du jeûne. Comme l’atteste le Qur’àn dans la sourate 2 : « Oh vous qui avez cru ! Le jeûne vous a été prescrit comme il l’a été aux communautés qui vous ont précédé afin que vous craigniez Allah. » Il demeure véritablement une période où se concentrent le plus tous les piliers d’adoration d’Allah (Souhanahou Wa Tâalà) et de la pratique de la religion aussi bien en pensées, en paroles qu’en actes. Cette concentration d’actes d’adoration a un impact important sur la vie du croyant. Elle élève le croyant pratiquant sur un piédestal supérieur, mais surtout le conditionne dans la Voie de la Lumière d’Allah en purifiant son cœur, renforçant ses organes, allégeant son corps, vidant son ego (nafs) de tout orgueil et lui donnant cette force des cœurs. C’est une école qui nous apprend à dépasser nos aspirations, nos désirs, nos instincts, nos égoïsmes… afin de rechercher la proximité divine.

Ce socle de principes donne un sens profond à la vie du musulman. Il lui rappelle l’observance de devoirs envers Dieu, ce que l’on appelle les actes cultuels (al-ibâdât) et celle d’autres devoirs vis-à-vis des hommes, c’est-à-dire les relations interpersonnelles (al-mu-amâlât). Ce mois béni nous rappelle le caractère combien court, éphémère et insignifiant de la vie terrestre comparativement à ce qui attend le croyant dans l’au-delà. Il nous rappelle l’exigence de faire toute sorte de bien, matériel et immatériel, garant de bienveillance de Dieu, comme le disait le prophète Muhammad (Sallalahou Alayhi Wa sallàm) : Irham man fil ardi, turham fis-Samà ("Aie de la miséricorde envers les habitants de la terre et sera miséricordieux envers toi les habitants du ciel" !) Malgré son caractère hautement spirituel, social et humain, le mois de Ramadan est devenu un marché considérable et juteux dans lequel beaucoup des gens se font de l’argent sur le dos du croyant qui ne cherche qu’à se conformer aux prescriptions divines.

Il est parfois associé à une ambiance de festivité nocturne et de nonchalance, où l’excès est roi ; la nourriture étant parfois gaspillée alors qu’il y a beaucoup de gens qui meurent de faim et de soif, qui manquent de logement, de vêtements… Même le temps est gaspillé, entre autres devant les séries télévisées perforant l’écran la nuit tombée, voir le jour ; alors qu’il peut être investi dans des activités pouvant être utiles aux autres. Mais est-ce bien cela l’esprit du Ramadan ? Ne doit-on pas au contraire y voir un appel à lutter contre le corps et le monde matériel qui nous entoure ? Une invitation à freiner nos passions déchainées et refroidir les envies démesurées de notre ego qui malmènent parfois certains d’entre nous ?

Le jeûne ne doit en aucune façon être assimilé à une invitation à la paresse. Il est au contraire un appel à l’effort où l’on se trouve, car le croyant doit constamment être dans la recherche de l’agrément divin à travers son quotidien. Ne nous laissons pas colonisés par la consommation outrancière et gardons à l’esprit le modèle de la pondération et du juste milieu prôné par le Prophète de l’Islam. Au demeurant, n’oublions jamais la terrible échéance de la mort et qu’on doit rendre des comptes de nos actes un jour. De ce fait, il faut faire face à ses faiblesses tout comme aux diverses tentations et il faut en permanence faire l’effort sur soi (djihad Al nâfs).

La société n’étant que le reflet de la qualité des individus qui la composent, l’effort sur soi c’est-à-dire la réforme de l’individu offre certainement la possibilité de renouer avec le bien et d’améliorer le vivre-ensemble. « Dieu ne considère pas vos apparences mais vos cœurs et vos œuvres. » Le travail qui incombe à chacun de nous, est d’améliorer nos cœurs et nos œuvres pour les rapprocher des prescriptions divines. « Dieu ne modifie rien en un peuple avant que celui-ci ne change ce qui est en lui. » (V13, S11).

C’est pourquoi l’effort sur soi (jihâd an-nafs) trouve toute sa place durant le mois de Ramadan. Il s’agit bien entendu de l’effort que le musulman doit faire sur lui-même en luttant contre sa propre violence, sa colère, son égoïsme pour être digne de son humanité et de l’agrément de Dieu. En conclusion, "le diplôme sanctionnant le mois du jeûne est une somme de vertus nourrissant le croyant durant le court séjour terrestre qui, rappelons-le, est une somme d’épreuves à laquelle seul le retour à Dieu mettra fin". Qu’Allah accorde à chacun d’entre nous Ses faveurs, Sa Guidance, Son pardon, Sa miséricorde, Son agrément dont le bénéficiaire jouit d’un statut exceptionnel de sérénité, de paix, de référence à la communauté, d’utilité sociale, d’intelligence supérieure, de baraka pour lui et pour sa famille… Fi Amanillah 

  Par Talha Mahamat Allim Genève, Suisse. 

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