L’armée tchadienne qualifiée par beaucoup comme héro des armées du Sahel a connu des mutations profondes qui ont commencées dans les années 1960.  D’abord il faut reconnaître que la force de l’histoire, les diversités culturelles et la nature des conditions climatiques sont les premières causes de la solidité de nos soldats sur le terrain. Contrairement à certains commentaires maternalisant l’ethnie Zaghawa et Idriss Deby pour tout ce qui concerne la bravoure de notre armée, je crois fortement qu’Idriss Deby est lui-même pris en otage par la cadence ascendante de cette armée initiée et entretenue par Hissein Habré.

 

Hissein Habré a utilisé tous les moyens pour créer d’abord un orgueil sans fin dans l’esprit de ses compagnons en traitant ses ennemies de tous les mots. Souvenez vous qu’Hissein Habré a créé la politique basée sur la religion pour galvaniser les musulmans autour de lui et ensuite le CCFAN pour fissurer le Sud « animiste et chrétien » du Nord « musulman ». En se targuant l’image nordiste, il ne s’est pas trompé, car l’essentiel de sa force ne pourrait absolument venir que du Nord quelques soient les tactiques politiques qu’il userait à cette époque. Puis certains cadres du Sud par la suite l’ont rejoint au nom du patriotisme qu’il incarnait.

 

Souvenez vous aussi, qu’après avoir organisé une force nécessaire et neutralisé les tendances militaires hostiles, il crée les FANT pour montrer à tous les citoyens tchadiens que désormais c’est le Tchad qui est contre la Libye et ses « mercenaires». Ce mot « mercenaire » est utilisé jusqu’aujourd’hui par Deby même à tort. Dans ce processus, Habré n’a pas perdu de vue les systèmes propagandistes tendant à pousser ses soldats à la bravoure. Il a même privilégié les artistes qui chantent les louanges des martyrs. Le goût de l’aventure conjugué à la propagande bien planifié a abouti à la naissance des méthodes « rezzou TGV » qui consistent à écraser l’ennemie dans son nid. C’est le fruit d’un combat intellectuel planifié contrairement au gangstérisme et aux méthodes suicidaires de Deby. Les systèmes de guerre de Deby sont généralement modifiés par les généraux analphabètes qui l’entourent car ils sont non seulement suicidaires mais bidon.

 

Souvenez vous que ces généraux supplantent son bien aimé Hinda lorsqu’une quelconque bataille s’annonce. Donnons ainsi à Idriss Deby Itno l’habileté de reconnaître ses faiblesses militaires par rapport à ces généraux (Heri Tiara, Abakar Abdelkérim, Oumar Bahr, Tahir Erda, Oki Dagache, Hassan Djerbo, Mahamat Delio, Koni Allafouza).  

 

Par ailleurs, il faut bien souligner une particularité qui peut faire mal mais nécessaire. Cette particularité réside dans le fait que les Zaghawa sont un peuple qui a la vocation de cultiver le goût de l’aventure dans leur vie quotidienne. Ils ont initié le vol de chameaux et autres animaux comme modes de bravoure. Cette pratique les propulse loin de leur terrain dans des conditions très difficiles et les soumet le plus souvent à de dures épreuves. Lorsque les rebellions des années 60 ont commencé, les jeunes Zaghawa dotés d’une formation guerrière se sont déversés dans cette nouvelle aventure.

 

Idriss Deby issu  de ce clan Zaghawa a eu la chance d’être un alphabétisé qui a porté la tenue militaire après le lieutenant Mahmoud Abderaman Haggar. Car, lorsqu’Idriss Deby avait rejoint les CCFAN, Hissein Habré était déjà accompagné par un nombre important des soldats Zaghawa qui se sont montrés efficaces dans les combats. Ceux-ci n’ont pas hésité d’exiger une place importante dans le commandement pour Idriss Deby, leur seul « intellectuel militaire». Habré le nomme Chef de la logistique et CEMGA adjoint par la suite, ceci non pour se servir d’une quelconque technique de Deby mais pour conserver la loyauté des ressortissants Zaghawa.  

 

Après ce pacte, Idriss Deby devient l’homme de Habré pour les razzias bien que le commandement militaire est détenu entièrement par Hissein Habré lui-même. Après avoir achevé la neutralisation des petites tendances et décapité la noyauté des chefs de guerre Zaghawa, Hissein avait nommé Hassan Djamous, un autre Zaghawa, a la tête de l’armée pour harmoniser la culture militaire et reconquérir le grand Nord occupé par la Libye.  

 

    C’est Hissein Habré avec Djamous qui ont boosté la cohésion et l’amour militaire de la patrie et arrondi tous les angles de notre armée pour lancer la bataille historique qui a abouti à inverser toutes les prévisions. Si un homme mérite la paternité de la bravoure de notre armée, c’est bien Hissein Habré d’abord et Hassan Djamous ensuite. Ceux-ci ont fait un travail de fourmi pour qu’aujourd’hui Deby hérite cette armée aguerrie qu’il continue à l’utiliser pour son pouvoir. Certaines langues laissent croire que Deby a renversé Habré parce qu’il est un bon stratège militaire. C’est complètement faux car Habré lui-même a préparé son départ avec ses disputes avec la France.  


Habré a tellement œuvré pour la création d’une nation indépendante et infaillible qu’il a irrité la Françafrique. Par ailleurs, il a beaucoup surestimé ses forces militaires pour écraser toute contestation.

 

Il faut rappeler que les Zaghawa, les Hadjaraï, les Arabes et autres ont été contraints par les pressions de certaines personnes mal intentionnées à la DDS pendant la période ou Idriss Deby la dirigeait pour s’aligner derrière lui plus tard afin de renverser le régime de Habré.
 

D’autres langues disent que Deby s’est maintenu au pouvoir par ses compétences militaires. C’est encore faux, parce qu’il a toujours utilisé la ruse qui a permis Deby d’utiliser certaines communautés contres d’autres. Deby ne tient jamais parole et il est toujours prêt à sacrifier tout ce qu’il possède pour survivre. Les tchadiens étaient généralement des gens qui tiennent parole et cette donnée est exploitée dans toutes ses formes par Deby pour assurer son fauteuil. Ce qui fait la force de Deby est donc principalement la mésentente entre ces communautés tchadiennes et leur logique de croire à la parole de Deby. En supplément de la ruse, Deby n’a jamais hésité de se soumettre à toute forme d’injonction provenant de Paris (l’Elysée) ou de Tripoli (Bâb Al Azizia). Je crois que la ruse contre ses concitoyens et la soumission sans réserve aux pressions extérieures n’est nullement les éléments constitutifs d’une notoriété militaire.

 

En conclusion, je suis désolé de lire l’interview de l’ex-Président du FUC Mahamat Nour Abdelkérim accordé à Tchadactuel dans lequel il confond jusqu’à présent les causes de son échec à la maturité militaire de Deby. Mon cher compatriote doit savoir que les querelles internes à la rébellion conjuguées aux soutiens inconditionnels de Sarkozy à Deby et les jeux troubles d’El Béchir sont les causes du maintien de Deby au pouvoir.


Correspondance particulière pour la rédaction.

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