J’ai suivi avec étonnement l’intervention du Ministre Secrétaire Général du Gouvernement, prétendant répondre au point de vue que j’ai exprimé sur les antennes de la radio FM-Liberté à propos du bras de fer Gouvernement / UST.


Dans ma déclaration, j’ai exprimé ma désolation et mon affliction devant la gestion de ce conflit social. J’ai notamment signifié qu’on ne résout pas un conflit social par des décisions unilatérales, assorties d’injonctions et menaces, surtout quand il s’agit de la mise en œuvre d’un accord entre parties ; c’est le cas du protocole signé entre le gouvernement représenté en particulier par le Ministre des Finances, qui connaît mieux que quiconque les ressources disponibles de l’Etat. La rupture unilatérale d’un contrat hypothèque la crédibilité de l’auteur de cette rupture, ceci d’autant plus que le protocole en question prévoit des clauses de suivi et d’examen, avec possibilité d’ajustement des dispositions dont l’exécution poserait problème. Le non respect des engagements pris vis-à-vis des partenaires économiques, sociaux et politiques, devenue la marque de fabrique du Gouvernement, fait perdre à celui-ci toute crédibilité, non seulement à l’intérieur du pays, mais aussi sur la scène internationale.


S’agissant de la dimension internationale du conflit Gouvernement/UST, nos gouvernants doivent savoir que les législations et réglementations dans le monde du travail sont normalisées et codifiées sur le plan international. L’Organisation Internationale et son organe exécutif, le Bureau International du Travail, sont les gardiens de ces normes. Il est donc évident que toute tentative de règlement  conflit social qui ignore ou ne respecte pas lesdites normes amène l’intervention de l’OIT.


Il est illogique d’invoquer la Constitution qui reconnaît aux travailleurs le droit syndical et la loi portant statut de la Fonction publique pour restreindre la liberté syndicale. Restreindre les libertés syndicales et intimer des ordres à un syndicat pour prendre telle ou elle position constituent une violation de ces textes et des normes internationales. Prétendre le contraire, c’est marcher à côte de ses chaussures.

Quant à l’affaire dite de l’Arche de Zoé dont je n’ai aucunement parlé, le Secrétaire Général du Gouvernement me donne l’occasion de dire que j’ai été choqué et me suis senti humilié, comme nombre de mes concitoyens, quand le Président de la République Française d’alors a déclaré avec force : « J’irai les chercher (c’est-à-dire les auteurs de ce rapt qui est un acte criminel) quoiqu’ils aient fait ». J’ai également été surpris et choqué que, joignant l’acte à la parole, M. Sarkozy a débarqué chez nous, un dimanche, pour mobiliser tout l’appareil judiciaire du pays et embarquer ceux qui étaient considérés, par la Justice tchadienne, comme de dangereux malfrats.


Concernant le décret 490, son intitulé et ses deux articles, ainsi que les documents visés sont limpides : il porte sur la grâce présidentielle accordée aux auteurs de ces rapts. A moins de dire que le Président de la République Française, Monsieur Nicolas Sarkozy en l’occurrence, a produit et usé d’un faux. J’ignore les non-dits ou les clauses secrètes, si elles existent.


Je ne suis pas impliqué dans la polémique du Gouvernement avec RFI ou ceux qui, en France, interviennent sur le sujet. Tenir coûte que coûte à m’y impliquer m’amène à comprendre que le nom de Salibou Garba est devenu un fonds de commerce pour ceux qui se débattent pour ne pas être éjectés de leurs strapontins ou pour en obtenir.


Qui peut apporter une preuve que ma participation au gouvernement a été un fiasco ? En revanche, je peux citer de nombreux cas de réussite; je me limiterai, pour le moment, à un seul : en 3 jours de fonction, j’ai arrêté une grève de plusieurs mois semblable à celle en cours et conclu avec les centrales syndicales un Pacte social qui est une référence. C’est à juste titre que les syndicats m’ont décerné la médaille symbolique de meilleur ministre de la Fonction publique et du Travail, le 1er mai 1994.


Que les délateurs et autres griots se rassurent : je ne suis pas candidat à leurs strapontins, si toutefois ils en ont ; le Président de la République me connaît mieux qu’eux.


Ils ne peuvent pas me denier, en tant que leader d’opinion, Chef de parti, député élu, le droit d’exprimer mes opinions sur la situation sociale et politique de mon pays, ainsi que sur les actes et décisions du gouvernement. Les menaces, intimidations, injures et autres calomnies n’y feront rien, absolument rien.

 

                                 Fait à N’Djamena, le 11 décembre 2012

 

 

                                               Salibou GARBA

 

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