22 ans après le meurtre du capitaine Noël Isidore Thomas Sankara, le journaliste italien Silvestro Montanaro, dans son documentaire « Ombres africaines » diffusé sur une chaîne de télévision d’Italie, épingle la France, la CIA et plusieurs autres personnalités. Ces révélations apportent de l’eau au moulin de ceux qui réclament toujours la lumière sur l’assassinat du « Père de la révolution burkinabé », le 15 octobre 1987 dans l’enceinte du Conseil de l’Entente. Elles peuvent aussi et surtout relancer les procédures judiciaires entamées par Mariam Sankara, veuve de l’ancien président burkinabé.
Tend-on vers la vérité sur l’assassinat du capitaine Noël Isidore Thomas Sankara, illustre président burkinabé tué le 15 octobre 1987 à Ouagadougou ? Sa famille, ses partisans et autres défenseurs des droits de l’Homme veulent bien le croire avec la diffusion du documentaire « Ombres africaines » du journaliste italien Silestro Montanaro. Dans ce reportage, des révélations fracassantes font état de nouvelles implications de puissances occidentales (France, CIA) et de personnalités africaines dans la mort du jeune défunt président.
« Ombres africaines » tente de faire vivre aux téléspectateurs, les dernières heures au pouvoir de Thomas Sankara. Il joue sur des propos d’acteurs de premier plan de l’époque : Jewel Howard Taylor, sénatrice et ex-femme de Charles Taylor ; Momo Jiba, actuel général, ex-chef de camp de Charles Taylor ; Cyril Allen, ancien responsable du National Patriotic Front of Liberia (NPFL), ancien parti du président nigérien et actuel président de la Compagnie pétrolière nationale du Liberia ; Prince Johnson, ancien chef de milice durant la guerre civile libérienne, aujourd’hui sénateur ; Marcus Dahn, actuel ministre des Postes et télécommunications, historien, et Moses Blah, ancien vice-président du Liberia. Tous voient dans la mort de Thomas Sankara le résultat d’une « intrigue internationale » impliquant la France, la CIA, Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré, respectivement actuel président et chef-d’Etat major au Burkina et d’autres personnalités.
« Yahya Jammeh, l’actuel Président de la Gambie, Blaise Compaoré, Thomas Sankara, Domingo Guengeré, et Foday Sankoh (…) ont tous été entraînés dans une localité libyenne et ils étaient tous amis. (…) Ce furent eux qui organisèrent la révolution au Burkina Faso et fait de Sankara son président. Il devient président et commence à appliquer son programme et à gouverner. Mais ensuite les Américains infiltrèrent le mouvement africain de libération aussi pour renverser Thomas Sankara qui (…) parlait de nationaliser les ressources de son pays pour les utiliser en faveur de son peuple », avoue Cyril Allen, dans son témoignage.
Charles Taylor, actuellement accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité n’est pas du reste. Jugé par le Tribunal Spécial pour la Sierra Leone (Tssl) à La Haye (Pays-Bas), ce dernier aurait été « libéré » dans les années 1980 de la prison fédérale du Massachussets par la CIA. « Sa principale mission était d’aider les États-Unis à renverser Samuel Doe, ancien président libérien mais aussi d’infiltrer des mouvements progressistes en Afrique, dont celui des sankaristes qui avait le vent en poupe au Burkina Faso », peut-on comprendre dans « Ombres africaines ». « Blaise Compaoré, Charles Taylor et l´actuel président du Tchad, Idriss Déby, se sont retrouvés en Mauritanie et en Lybie et ont discuté (…) du problème Sankara, et ce qui fut clair pour tous est que nous voulions utiliser le Burkina comme base, Sankara devait être éliminé. Blaise Compaoré deviendrait président et allait nous aider », révèle, pour sa part, Momo Jiba, ex chef de camp de Charles Taylor.
« Kadhafi aidait Taylor, mais aussi la France envoya l’un de ses hommes pour dire quelle aurait appuyé le coup d´État. (…) Alors Blaise dit à Guengere, il est alors commandant des forces armées au Burkina Faso, de réunir un groupe de commandos fiables au Burkina Faso et Taylor fournit d’autres hommes et firent le coup d’état », a-t-il conclut. Jewel Howard Taylor, ex-épouse de Charles Taylor pense quant à elle que l’ancien seigneur de guerre devenu président du Libéria avant d’y être chassé, peut jouer sur des dossiers en sa possession pour sortir blanchi de son procès. « Il est susceptible de parler davantage pour dénoncer d’illustres personnalités », avertit-elle.
Mais, des critiques ont décortiqué des contrevérités dans les propos recueillis dans ce documentaire. Depuis longtemps, plusieurs sources ont attesté que Thomas Sankara a été tué en milieu d’après-midi avec douze de ses proches dans l’enceinte du Conseil de l’Entente. Certains témoignages dans « Ombres africaines » parlent d’une mort survenue à la tombée de la nuit sous les balles tirées à bout portant par Blaise Compaoré. Ce dernier numéro 2 de la révolution à l’époque n’a jusqu’alors été jamais cité comme présent sur les lieux du crime. De même dans ce documentaire, Gilbert Diendéré est désigné sous le nom de « Guengere ». 
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