N’Djamena et Kousseri sont deux villes voisines. Mais, dans la réalité, tout les oppose. Nous ne dirons pas que la première est la capitale du Tchad. La seconde, elle, est une ville du Cameroun septentrional. Les deux se font face. Maintenant, au moment où vous nous lisez, la première pleure alors que la seconde rit. En cause, les effets de la montée des deux grands fleuves qui les côtoient. Alors pourquoi cette situation ? Il paraît que les Camerounais ont protégé leur ville avec une digue. Le Tchad ne peut-il pas en faire autant pour mettre les habitants de sa capitale à l’abri des inondations ? En principe, ce pays pétrolier est capable d’en faire autant, sinon plus. Mais, diable, qu’attendent les dirigeants pour en construire aussi ?

 

Pourtant, les inondations ne sont un phénomène nouveau. Walia et Nguéli le vivent presque chaque année. En octobre surtout. Comme solution, les habitants de ces quartiers se débrouillent. Le gouvernement vole à leur secours en leur distribuant des vivres, des médicaments, des couvertures et des moustiquaires. Des fois, le Président de la République en personne fait le tour pour constater l’ampleur des dégâts. Une fois fini, à la télé et la radio, il se livre à son sport favori : faire des promesses fallacieuses. Après, plus personne ne pense à aux victimes. On croise les bras, on attend l’année suivante et on reprend. La boucle est bouclée. Est-ce parce que ces quartiers sont les nids des opposants ? Lors des dernières élections, c’est le MPS et ses alliés qui y ont volé la vedette à l’opposition.

 

La plupart des gens de ces quartiers sont des pauvres. Leur quotidien est sans pitié. Alors rares sont ceux qui peuvent s’offrir le luxe d’un habitat en matériau durable. Les maisons en potopoto se dissolvent comme du sucre dans l’eau. Chaque année, ils sont nombreux à reprendre tout à zéro ! Pauvreté oblige, les habitants des quartiers épargnés vont se fondre dans la masse pour bénéficier des vivres du gouvernement. Vivres, comme si c’est la faim qui ronge les maisons.

 

Pendant ce temps, Idriss Déby Itno, notre Président – Sultan – Général, est tranquille dans son bunker. Mais, il a les oreilles dressées. Non pas pour écouter les pleurs de son peuple. Pour réprimander la moindre grogne de celui-ci. Ses sbires, eux, sont aux aguets, prêts à torturer les pauvres qui disent haut ce que le peuple pense tout bas. Pourtant, les dépenses du gouvernement donnent froid dans le dos. Chaque jour d’astronomiques sommes d’argent sortent du Trésor national et terminent leur course dans des poches particulières. Après, on camoufle tout derrière « Missions d’Etat ». Les dépenses de notrre  Présidence de la République sont truffées de celles-ci. Exemples? Le 5 mars 2012, un certain Mahamat Nour Daoud en a réalisé pour un montant de 37 527 600 F CFA (ordre de mission N° 81, 82, 83 et Lt N° 248/PR). Puis, le 12 mars 2012. Il a encaissé 9 390 000 F CFA (ordre de mission N° 84, 85, 87 et 88/PR/2012). Et ensuite, le 4 avril 2012. Là, la délégation s’est rendue à Nyala, au Soudan. Le même sieur a empoché 1 550 000 F CFA (ordre de mission 118/PR/2012). Tout compte fait, plus de 50 000 000 F CFA en un mois pour ce pigeon voyageur ! Le 7 août, il a eu 1 107 312 830 F CFA (Lt N° 610/PR/2012). Le 24 avril, Mahamat Tahir Abdramane a encaissé, lui, 14 816 00 F CFA pour la mission de Ndimabéa Boyalngar et deux autres personnes en Algérie (ordre de mission N° 148/PR/2012).

 

Arrêtons-nous là. Digérez bien ces chiffres. D’autres suivront. Ne ruminez surtout pas votre colère. Ayez la tête tranquille, l’esprit lucide. Nous allons nous pencher aussi sur celles des ministères.  

 
 

Correspondant depuis N’Djamena. 

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