Y ALLER ou pas ? La France assure que l’intervention est « probable ». Mais sans elle. Le président ivoirien, Alassane Ouattara, qu’elle est « inévitable ». Mais avec l’appui matériel de la France (et des Etats Unis). L’Union africaine est hésitante. Depuis que les intégristes musulmans, alliés aux Touareg, ont fait du nord du Mali un fief d’Al Qaida, l’Afrique et l’occident rivalisent d’impuissance.

Illustration : la visite que Fabius, ministre des Affaires étrangères, vient de boucler au Niger, Burkina, Sénégal et Tchad. Sur ces quatre pays, dont Fafa a rencontré les présidents, seuls le Niger et le Tchad seraient vraiment résolus à appuyer une action armée. Problème : le Niger n’est pas capable de garantir la sécurité intérieure dans son immense territoire. Au nord, les groupes islamistes rebelles y circulent comme chez eux. Le Tchad, qui, lui, dispose de troupes solides, redoute pour sa part l’éternelle agression venue du Soudan.

De plus, Paris n’a qu’une confiance limitée en Idriss Deby, le peu fréquentable dictateur de N’Djamena. Celui-ci a profité quand même de la visite française pour réclamer une livraison de missiles Milan (Chirac en n’avait naguère fourni), mais sans succès.

Quant au Burkina, traditionnel allié de la France dans la région, il a réservé un accueil frisquet à Fabius après que Laurent Bigot, sous-directeur Afrique de l’Ouest au Quai d’Orsay, a tenu sur le pays des propos incendiaires. Le 16 juillet dans un colloque, il a qualifié le Mali de pays « gangrené par la corruption », avant d’affirmer que le Burkina ne valait pas mieux et qu’il pourrait bien subir prochainement un coup d’Etat à la malienne !

Même si elle disposait de soutiens plus enthousiastes, la France ne jouerait pas les va-t-en-guerre. D’abord parce qu’elle est paralysée par la détention de six otages, probablement aux mains d’Al-Qaida au Maghreb islamique – AQMI-, qui règne au Nord-Mali. Ensuite parce que Hollande a répété qu’il voulait rompre avec l’interventionnisme (façon Françafrique), maqué ou non, de ses prédécesseurs.  Enfin parce que rien ne semble possible sans l’appui de l’Algérie.

Or, même si le président Bouteflika avait admis, le 15 juillet, devant Fabius qu’il faudrait agir militairement, il refuse – officiellement – « toute ingérence étrangère en Afrique », surtout celle des français. Le passé cinquantenaire de la guerre d’indépendance est encore vivace, et celui, tout récent, du renversement de Khadafi, qui a bouleversé la région et armé les islamistes, n’est pas près de passer !

Pendant ce temps, les islamistes ricanent dans leur barbe. A Aguelhok (Nord-Mali), le 29 juillet, un couple a été lapidé pour crime de vie commune hors mariage. Au nom d’Allah miséricordieux.

J.-F.J. 

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