Paris, France – Plus de 4.000 prisonniers sont détenus dans 45 prisons tchadiennes a affirmé Amnesty international dans un rapport sur l’état des lieux de détention au Tchad publié lundi à Paris qui déplore le surpeuplemement de ces prisons. ‘Selon les statistiques officielles, fin janvier 2012, 4 831 prisonniers étaient répartis dans 45 prisons. D’après des chiffres figurant dans un rapport officiel qu’Amnesty International a pu consulter, la plupart des prisonniers étaient en réalité des prévenus, seules 1.765 personnes étaient des condamnés39’, indique le rapport intitulé ‘Tchad – nous sommes tous en train de mourir ici’, en précisant que la population tchadienne est estimée à 11,5 millions d’habitants.


Une étude menée par le Programme pour la justice au Tchad (PRAJUST) en 2010 avançait le chiffre de 4.775 détenus, alors que les prisons ne pouvaient en accueillir que 2.080.



Malgré les libérations régulières de détenus graciés par le président, le nombre de prisonniers reste excédentaire.



Ce rapport s’appuie sur des visites de prisons, des entretiens et divers travaux de recherche menés par AI en novembre 2011 et mars 2012 et décrit les conditions dans les prisons tchadiennes et les atteintes aux droits humains qui y sont commises.



Les prisons situées à Moundou, Doba et Sarh, trois villes au sud du pays, dépassent leur effectif.



Ainsi à Moundou, la prison conçue pour accueillir 250 prisonniers en comptait, en novembre de l’année dernière, 462 détenus, dont 20 femmes et 10 garçons de moins de 18 ans répartis dans 13 cellules  collectives.



A Doba, il y avait 275 prisonniers alors que cette prison est conçue pour en accueillir 50 personnes et à Sahr, la prison qui devrait héberger 200 prisonniers dans neuf cellules collectives, en comptait 265 détenus.



La nouvelle prison d’Amsinéné, à N’Djamena, située à la périphérie de la capitale tchadienne, est également surpeuplée avec 318 personnes, dont 25 femmes qui s’entassaient dans les sept cellules de la prison mesurant chacune cinq mètres sur quatre.


Alors que la prison centrale de N’Djamena, qui, avec ses 22 cellules, est construite pour accueillir 300 prisonniers, en comptait, en mai 2011, plus de 1 250, dont 35 femmes et un nombre inconnu de mineurs.



Selon AI, le nombre élevé de détenus au Tchad est dû à la lenteur des procédures, à la difficulté de s’adresser à la justice, notamment pour les pauvres, aux dysfonctionnements du mécanisme de libérations conditionnelles et à la rareté des mesures de substitution non privatives de liberté pour les infractions mineures.



En raison des insuffisances de l’appareil judiciaire, une part importante des personnes qui sont en prison n’ont jamais été condamnées.



Par ailleurs, les prévenus ne sont pas séparés des condamnés.



Cette situation est due à l’accumulation des dossiers en souffrance dans les tribunaux et elle est aggravée par le manque de coordination entre le parquet, la police et l’administration pénitentiaire. Il arrive souvent que les prévenus restent plus de trois ans sans contact avec le parquet ou dans l’attente d’être entendus par un juge’, a estimé AI.



Pour remédier à cette situation, AI demande au gouvernement tchadien de veiller à ce que les dispositions juridiques tchadiennes respectent les normes internationales, de s’attaquer aux traitements et punitions cruels, inhumains et dégradants dans les prisons, de s’attaquer au surpeuplement dans les prisons et de renforcer la supervision des conditions carcérales.
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