Jusqu’à quand, mes chers frères, les Blancs abuseront-ils de notre patience ? Pendant combien de temps encore les Noirs souffriront-ils d’être considérés comme des sous-hommes ? Pourquoi nous autres Africains, acceptons-nous d’être injuriés et piétinés par les Occidentaux ? C’est en effet une injure extrêmement grave que vient de nous lancer Hilary Clinton et la Cour Internationale de Justice (CIJ) en ordonnant au Président Macky SALL de juger Hissein Habré dans les plus brefs délais.

Pour notre dignité, pour celle du peuple sénégalais et des nations africaines, demandons au chef de l’Etat sénégalais d’exiger en retour que George Bush soit livré à la justice africaine, ce criminel de George Bush qui a sur la conscience la mort de millions de morts en Irak et en Afghanistan, ce bourreau de George Bush qui a installé à Guantanamo un centre de détention qui dépasse en horreurs les camps hitlériens !

A l’avènement du coup d’Etat qui a amené, début décembre 1990, le Colonel Idriss Deby au pouvoir grâce à l’aide des gouvernements libyens, français et soudanais, le Président Hissein Habré a obtenu l’asile politique au Sénégal où il est arrivé le 11 décembre 1990. De cette date à la fin décembre 1999, rien ne laissait indiquer qu’une action judiciaire allait être engagée contre l’hôte du Sénégal. L’on peut cependant rappeler deux évènements graves qui s’étaient produits dans cette période. La première concernait trois agents libyens noirs porteurs de passeports tchadiens en « mission homo » (liquidation physique) dirigée contre la personne de M. Habré. Lesdits agents ont été démasqués, arrêtés par les services de sécurité du Sénégal et renvoyés au Tchad. Le second, plus insolite, fut la condition mise par le colonel Khadafi pour sa participation au sommet de l’OCI (Organisation de la Conférence Islamique) tenue à Dakar en 1992. En effet, invité par son homologue sénégalais, le dirigeant libyen a, dans sa réponse, demandé au président Diouf de lui livrer, au préalable, l’homme qui lui aurait infligé « la blessure inguérissable de sa vie ». Evidemment, le président Diouf trouva cette démarche peu courtoise. Toutefois, ultérieurement, il céda aux sollicitations pressantes de son « ami » par le déclenchement d’une procédure judiciaire à l’encontre de son hôte. En toute illégalité, notamment en ne respectant pas les règles conditionnant la poursuite en justice d’un ancien chef de l’Etat pour des actes présumés commis dans l’exercice de ses fonctions. C’est dire que si le président Wade fera de « l’affaire Hissein Habré » un véritable fonds de commerce financier et diplomatique, le Président Diouf joua le rôle déclencheur de cet interminable feuilleton astucieusement recouvert du manteau de la justice. Pour, d’une part, donner satisfaction à Khadafi, son plus grand « bienfaiteur financier » à titre personnel, et, d’autre part, répondre favorablement aux pressions des lobbies néocolonialistes français.

Fin janvier 2000, quelques Tchadiens, encadrés par un bataillon d’ONG, débarquent à Dakar pour porter plainte contre l’ancien président Tchadien. Toutes affaires cessantes (dépôt de la plainte, le 31 janvier 2000), le Juge d’instruction Demba Kandji convoque, le 3 février 2000, M. Habré pour lui notifier son inculpation et son assignation en résidence surveillée assortie de mesures draconiennes superfétatoires, voire attentatoires aux droits de la défense. Il est permis de se demander comment, en quelques jours, ce juge – sans doute particulièrement doué – a pu réunir tous les éléments de son intime conviction, dans une affaire aussi complexe dont les supposés faits auraient eu lieu à environ 5.000 kilomètres du Sénégal, pour prendre des mesures aussi grave ? Ainsi, débuta l’interminable feuilleton pseudo-judiciaire dénommé « affaire Hissein Habré ».

Sur saisine de la défense, la Chambre d’Accusation de la Cour d’Appel de Dakar, en son  Arrêt n°135 du 18 août 2000 , récuse la procédure en ces termes : «  Considérant que les règles de compétence sont d’ordre public, qu’en inculpant Hissein Habré de complicité de crime contre l’humanité et d’acte de torture et de barbarie, le juge d’instruction a manifestement violé les règles de compétence matérielle et territoriale », et dit qu’il y a lieu « d’annuler le procès-verbal d’interrogatoire de première comparution et la procédure subséquente pour incompétence du juge saisi  ». En droit, l’incompétence est une catégorie déterminée du générique NON-LIEU, comme a tenu à le préciser la Cour d’Appel.
L’Arrêt n°14 du 20 mars 2001  de la Cour de Cassation du Sénégal rejette le pourvoi formé par la partie demanderesse et confirme les dispositions de l’Arrêt n°135 ci-dessus cité.

L’Arrêt n°138 du 25 novembre 2005  de la Chambre d’Accusation de la Cour d’Appel de Dakar relatif à la première demande d’extradition formée par le Royaume de Belgique dispose : « Considérant que la Constitution du Sénégal en son article 101 et la loi organique du 14 février 2002 sur la Haute Cour de justice ont institué une procédure spéciale, exorbitante du droit commun, ne s’auraient étendre sa compétence pour des faits prétendument commis dans l’exercice de ses fonctions. Que cette exception doit donc s’appliquer nécessairement à la demande d’extradition. Qu’il n’est du reste pas inutile de rappeler que ce privilège a vocation à survivre à la cessation de la fonction du Président de la République, quelle que soit sa nationalité et en dehors de toute entraide. Considérant qu’il s’infère de ces remarques l’incompétence de la Cour des céans pour connaître de la régularité d’actes de poursuite et de validité de mandat d’arrêt s’appliquant à un Chef d’Etat…. Se déclare incompétent  ». Il n’est pas sans intérêt de relever que le Procureur Général près de la Cour d’Appel, dans son mémoire réquisitoire, a écrit : «  La responsabilité pénale, étant personnelle, s’accommode mal des probabilités ou des suppositions qui caractérisent la plupart des déclarations des accusateurs de Monsieur Habré. Les poursuites engagées sur cette base ne me paraissent pas fondées  ». Le Magistrat note également «  que des préoccupations politiques pourraient animer certains plaignants contre Monsieur Habré  ».

L’Arrêt du 18 novembre 2010  de la Cour de justice de la CEDEAO tranchant définitivement le différend Hissein Habré / Etat du Sénégal et s’appuyant plus particulièrement sur les dispositions de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples du 27 juin 1981 et du Protocole Additionnel de la CEDEAO, sur la Démocratie et la Bonne gouvernance, a condamné les violations des droits de l’homme perpétrées par le pouvoir sénégalais.
Elle a «  constaté l’existence d’indices concordants de probabilité de nature à porter atteinte aux droits de l’Homme de Monsieur Hissein Habré sur la base des réformes constitutionnelles et législatives opérées par l’Etat du Sénégal ; dit qu’à cet égard l’Etat du Sénégal doit se conformer au respect des décisions rendues par ses juridictions Nationales, notamment au respect de l’autorité de la chose jugée et en conséquence, ordonne au Sénégal le respect du principe absolu de non rétroactivité des lois pénales  ».

La Cour a noté plus particulièrement « qu’en dépit des dénégations de pure forme du Défendeur, et au-delà de la justification de la mise en conformité de sa législation nationale avec ses engagements internationaux, l’Etat du Sénégal semble méconnaître gravement les dispositions de l’article 7.2 de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des peuples et de l’article 11.2 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui interdisent la rétroactivité d’une disposition d’ordre pénal ».

La Cour a ainsi condamné sans détour une entreprise qui a pour effet de modifier la Constitution d’un pays, non pour se mettre en conformité avec ses engagements internationaux, mais pour juger un homme et un seul pour l’ensemble des évènements survenus au Tchad entre 1982 et 1990. Ainsi, elle a déclaré illégales les modifications constitutionnelles intervenues et a également rétabli l’autorité bafouée des plus hautes juridictions sénégalaises.

Que faut-il en conclure, sinon que la procédure engagée contre M. Hissein Habré par l’Etat du Sénégal est définitivement clôturée !

D’ailleurs, les motivations politiques des acteurs, dans l’affaire Hissein Habré, sont si évidentes que, début juillet 2011 , le Président Wade annonce qu’il a décidé de remettre l’ancien Président Tchadien au chef de l’Etat de son pays, Idriss Deby, celui-là même qui l’a déjà condamné à mort.

Le 18 août 2011 , la Chambre d’Accusation de la Cour d’Appel de Dakar déclare irrecevable une autre demande d’extradition formée par le Royaume de Belgique pour non-respect de la procédure en matière d’extradition.

Le 10 janvier 2012 , la Chambre d’Accusation de la Cour d’Appel de Dakar déclare irrecevable une nouvelle demande d’extradition formée par le Royaume de Belgique pour, une fois de plus, non-respect de la procédure.

A noter qu’au demeurant, la justice sénégalaise est, de nouveau, saisie d’une énième demande d’extradition émanant de la même Belgique. Une curiosité juridique et judiciaire : une demande d’extradition renouvelée indéfiniment, alors qu’elle a été définitivement tranchée par la juridiction compétente en 2005. Pourtant, dans l’affaire Pinochet, lorsque la Grande Bretagne a rejeté sa demande d’extradition, la Belgique n’a émis aucune plainte. A l’égard du Sénégal, elle multiplie non seulement les demandes d’extradition, les unes plus fantaisistes que les autres, mais de surcroît, elle s’est donné le plaisir d’attraire le Sénégal devant la Cour Internationale de Justice pour le même dossier. Cet acharnement, pour le moins irrévérencieux de la Belgique à l’égard du Sénégal, cache mal son arrogance et son mépris néocolonialiste notoire. Pourrait-on, en cette affaire, ignorer ou faire semblant d’ignorer les financiers commanditaires qui, non sans mobiles, tiennent à gauche l’anonymat pour se payer un procès clef en main et aux résultats connus d’avance.

Mais comment organiser un tel procès alors que le droit et la justice s’y opposent fermement sur la base d’arguments juridiques imparables ? C’est dire que toutes les actions entreprises par ailleurs, entre autres, l’appel au secours adressé à l’UA qui a cru devoir décerner au Sénégal un mandat de complaisance (voulu par Khadafi), les nombreuses autres initiatives prises par l’ancien Président Wade, notamment la tentative de livrer M. Habré, une première fois à Obasanjo alors Président de l’UA, et une deuxième fois à l’actuel chef de l’Etat tchadien, Idriss Deby, les dernières quatre ou cinq demandes d’extradition formées par la Belgique, la saisine de la CIJ par la même Belgique, et plus récemment la décision prise par le Président Macky SALL de relancer l’affaire, on ne sait sur quelle base juridique, toutes ces actions violent les principes, les règles et les décisions de justice ; elles sont foncièrement attentatoires aux droits et libertés, à la dignité et l’honneur du Président Habré. Elles ont toutes pour mobiles des considérations inavouées et inavouables d’ordre politique et financier.

Voilà, mes chers frères, l’acharnement judiciaire qu’un patriote africain a subi durant plus d’une décennie alors que son seul crime réside dans son amour du continent africain. La durée extraordinaire de ce feuilleton en dit long sur les motivations crypto-personnelles des chiens qui aboient autour de Habré.

Que dire de la Belgique qui a été l’Etat colonial le plus sanguinaire de l’histoire de l’humanité ? Savez-vous, mes frères africains, que c’est précisément pour lutter contre les dérives criminelles de la Belgique au Congo que fut créée la première organisation de défense des droits de l’homme. Ironie du sort : c’est maintenant la Belgique qui finance de telles associations d’escrocs nègres pour casser des nègres.

Mais demandons en retour à la Belgique de nous livrer les assassins de Patrice Emery Lumumba et tous les colons belges qui s’amusaient à durant l’ère coloniale à couper les bras des malheureux Congolais !

Et puis, mes chers frères, si Hissein Habré est un chef d’Etat criminel dont la police a commis un génocide, où est alors l’exécutant ? La justice ou la simple logique voudrait que l’exécutant, le chef de la police, soit jugé en même temps que lui ! Or qui a été son plus proche collaborateur avant d’être acheté par les Blancs ? Personne d’autres que l’ancien chef de la police tchadienne, je veux nommer un certain Idriss Deby.

Voilà donc une affaire absurde dans laquelle les Occidentaux prétendent lutter contre l’impunité en s’acharnant sur Habré au moment où ils courtisent Deby. Si en effet Habré est un criminel, Deby a été son bras armé ! Mais comme ce traître a vendu le Tchad à ses maîtres Blancs, en bénéficie de leur protection.

De même, mes chers frères, tous ces africains tapis dans de pseudo-organisations de défense des droits de l’homme qui s’agitent pour demander le jugement de Habré, ne sont que des chiens tenus en laisse par les occidentaux, que ces Nègres de service sont prêts à tuer leur mère pour de l’argent.

Quoiqu’il en soit, mes chers frères, le monde entier a les yeux tournés sur nous dans cette affaire. Le continent noir attend depuis des siècles l’avènement d’un de ses fils qui ose enfin parler d’égal à égal avec les Blancs et qui refuse de courber l’échine face au diktat de ces derniers.

Juger ou livrer Habré serait une forfaiture, un déni de justice et une violation grave de nos traditions d’hospitalité. J’en appelle à votre fibre africaine pour un sursaut de dignité face à nos anciens colonisateurs blancs.

Signé Pr. Oumar Sankharé

 

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