Dans un monde où les liens sociaux se détraquent, où les repères sont brouillés, où bon nombre des gouvernants sont injustes et où le matériel dévient la référence, le mois béni de Ramadan offre une autre vision que celle dominante et fournit des moyens permettant de mieux faire face aux épreuves et incertitudes du monde actuel. En faisant du jeûne une opportunité pour croître dans la prière, la lecture du Qûr’an, la réflexion, l’obéissance absolue à Dieu, la justice…, le musulman renforce sa foi en Dieu, édifie sa personnalité et fortifie son esprit.
 

Le mois de Ramadan au cours duquel le Qûr’an a été descendu comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement." Ce verset coranique montre à la fois l’importance du mois de Ramadan et le caractère indispensable et utile du Qûr’an dans la vie intime, individuelle et communautaire du musulman. Le Qûr’an repose pour l’essentiel sur l’affirmation de trois principes.
 

L’affirmation de l’unicité de Dieu, celle de la mission prophétique de Muhammad (Qu’Allah l’élève davantage en grade et préserve sa communauté de ce que le messager craint pour elle) et l’affirmation que la résurrection et l’au-delà sont une réalité incontestable. Ce socle de principes donne un sens profond à la vie du musulman. Il lui rappelle l’observance de devoirs envers Allah, ce que l’on appelle les actes cultuels (al-ibâdât) et celle d’autres devoirs vis-à-vis des hommes, c’est-à-dire les relations interpersonnelles (al-mu-amâlât).

 

Le Qûr’an incarne pour le musulman la parole de Dieu révélée au prophète de l’Islam qui a transmis et mis en œuvre tous ses enseignements. C’est un livre sacré qui est infalsifiable et ne contient aucune ambiguïté, ni contradiction. De ce fait, le Qûr’an demeure la preuve la plus éclatante de la véracité du message du prophète de l ‘Islam. Il contient à la fois le message lui-même et sa confirmation, c’est-à-dire l’appel et la preuve. Celles et ceux des croyants qui s’y attachent trouveront leur salut ici-bas et dans l’au-delà ; celles et ceux qui s’en détournent se verront du nombre des perdants.

 

Le Qûr’an nous rappelle également la place éminente de l’Envoyé de Dieu, tout à la fois Prophète, modèle et guide. Aicha, l’épouse du prophète de l’Islam (Que Dieu l’agrée) nous a offert la pertinente formule : son caractère était le Qûr’an. Il vivait du rayonnement de la Révélation dans sa vie spirituelle, sociale et humaine. Toutes les dimensions des enseignements coraniques et prophétiques appellent les hommes à saisir l’étendue de la puissance de Dieu et à adopter envers Lui l’attitude qui sied. Le Qûr’an évoque dans plusieurs de ses chapitres, la grandeur de Dieu et les preuves que sont les splendeurs de la création. On voit ainsi la place éminente que doit occuper le Qûr’an dans le cœur et la pratique du croyant. C’est pourquoi, il est indispensable pour chaque musulmane et chaque musulman de l’apprendre, de le lire, de s’en imprégner, de se conformer à ses enseignements et de le méditer.
 

Dans ce contexte, le mois de Ramadan, mois de la spiritualité offre une excellente occasion pour le musulman de maximiser le plus possible de bienfaits par la lecture, l’écoute et l’approfondissement du Qûr’an. Ibn ’Abbâs (compagnon et cousin du prophète, que Dieu l’agrée), rapporte que l’ange Gabriel venait chaque nuit durant le mois de Ramadan rencontrer le Prophète Muhammad pour lui faire réciter le Qûr’an, (Hadith rapporté par Boukhâri). Dans un hadith rapporté par notre maître Uthmân Ibn Affân, le prophète disait : " Le meilleur d’entre-vous est celui qui apprend le Qûr’an et l’enseigne". Dans beaucoup des hadiths authentiques, le prophète encourage les croyants à lire le Qûr’an. Celui qui lit une seule lettre du Qûr’an est récompensé d’une bonne action, cette même action est multipliée par 10. Donc, celui qui lit alif, lâm, mîm aura la récompense de 30 bonnes actions.
 

Il faut retenir aussi que les lecteurs assidus du Qûr’an seront récompensés de leur fidélité dans l’au-delà et les sourates viendront intercéder en leur faveur, notamment les sourates 2 (Al-Baqara) et 3 (ÂL-Imrân) qui renferment de grands bienfaits pour qui sait les méditer.
 Les efforts et l’ardeur de celui qui excelle dans la récitation coranique le mettront en compagnie des anges. Quant à celui qui s’efforce de parfaire sa lecture mais balbutie, deux récompenses lui seront attribuées : l’une pour sa lecture, l’autre pour la difficulté qu’il rencontre et l’effort qu’il met en œuvre. Le croyant qui lit le Qûr’an bénéficie d’autant de bienfaits intérieurs qu’extérieurs. Les vertus du Qûr’an sont immenses, à chacun de nous d’en profiter au maximum.
 

Aussi, il convient pendant cette période particulière de multiplier les demandes de pardon (Istighfars) et de repentance (Tawba), l’aide aux nécessiteux, l’amour et l’attention envers ses parents, ses proches, et tous ceux qui l’attendent de vous, la multiplication des prières surérogatoires (nawafils) en sachant que prier la nuit pendant que les autres dorment constitue un facteur d’excellence humaine très agréé par Dieu. Il convient de rappeler également l’exceptionnelle faveur des dix (10) dernières nuits du Ramadan parmi lesquelles figure très souvent la Nuit de la Destinée (Laïlatul Qadr) dont la côte à l’échelle des actes d’adoration d’Allah dépasse celle de 83 ans de pratique religieuse.
 

Au demeurant, n’oublions jamais la terrible échéance de la mort et qu’on doit rendre des comptes de nos actes un jour. De ce fait, il faut faire face à ses faiblesses tout comme à ses tentations et il faut en permanence faire l’effort sur soi (djihad Al nâfs) pour rester sur la voie de l’agrément de Dieu. Loin d’être paralysante, la crainte de Son châtiment constitue un puissant garde-fou pour le croyant. Elle lui permet de canaliser ses pulsions pour les utiliser comme moteur à faire le bien. Nous devons également être vigilants et savoir éviter les pièges de Chaytan. Sachant que tout acte d’adoration de Dieu est l’occasion d’entraîner son âme à dépasser ses désirs les plus bas et à s’abstenir du mal, le souvenir de Dieu est le moyen le plus grand d’y parvenir. Ceux qui méritent la miséricorde d’Allah et qui vont la glaner sont plutôt  ceux-là qui s’entraident dans la piété, dans le bien, dans le bon conseil, dans l’interdiction du blâmable, ceux-là récoltent la miséricorde d’Allah (V. 71, S.9)
 

Le diplôme sanctionnant le mois du jeûne est une somme de vertus nourrissant le croyant durant le court séjour terrestre qui, rappelons-le, est une somme d’épreuves à laquelle seul le retour à Dieu mettra fin". Gardons à l’esprit qu’on doit rendre des comptes et rappelons qu’on peut retarder un voyage, on peut annuler un rendez-vous, mais on ne peut ni annuler ni reporter la mort. Mettons à profit notre vie, dans tous ses aspects pour laisser quelque chose de constructif à la postérité.  
 

Qu’Allah répande sur nous sa miséricorde et nous permette de passer ce mois béni de Ramadan dans le summum de la piété et de l’adoration.

Talha Mahamat Allim 

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