La compagnie tchadienne a perdu son certificat de transport aérien après un audit du système de sécurité mené par l’autorité de l’aviation civile. Toumaï retrouvera-t-elle les airs ?

Les passagers du vol Toumaï Air Tchad du vendredi 6 juillet à destination de Douala n’ont pas pu embarquer. Sans doute ne pourront-ils plus le faire dans un avion estampillé aux couleurs de Toumaï Air Tchad, la compagnie nationale détenue majoritairement  par l’État tchadien. Le 4 juillet, l’autorité de l’aviation civile, représentant l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), a en effet notifié à la compagnie aérienne le retrait de son certificat de transport aérien. L’audit menée par l’OACI a mis à jour un « problème grave de sécurité » chez plusieurs compagnies opérants à N’Djaména : Toumaï Air Tchad mais aussi Sahara Aéro Services et RJM Aviation, également basées à N’Djaména. 

Dans le milieu de l’aviation civile tchadienne, rares sont les techniciens surpris par cette décision. L’unique Fokker 28 de la Toumaï Air Tchad ne fait plus partie des avions autorisés à effectuer des vols internationaux depuis 2002. À ces manquements s’ajoute une violation des règles de sécurité à plusieurs niveaux. L’audit a également constaté de graves défaillances dans la délivrance des autorisations de naviguer aux compagnies aériennes opérants à N’Djaména. Toumaï vole depuis une année avec un certificat provisoire de transport aérien, inexistant dans la nomenclature de l’aviation civile.

Avec le soutien de l’État

Toumaï Air Tchad, dirigée par un des fils du chef de l’Etat, assurait jusqu’au 4 juillet la désserte de huit destinations dans la région. Le compagnie fait face à d’énormes difficultés de trésorerie depuis plusieurs mois obligeant l’État tchadien à accorder des subventions pour maintenir l’entreprise en vie. Début 2012, les impayés s’élevaient à près de 4 milliards de FCFA (environ 6,1 millions d’euros). La compagnie libanaise qui louait l’unique Boeing à la compagnie a rapatrié son aéronef en raison de ces impayés. Au niveau local, les paiements du personnel deviennent aléatoires… Au ministère de l’Avion civile, on accuse le coup, expliquant que la situation est une occasion pour relancer la compagnie. Fin mai, selon nos informations, le secrétariat général de la Présidence aurait ordonné au ministère des transports d’acquérir deux nouveaux avions en empruntant auprès d’une banque avec la garantie de souveraineté de l’État. Objectif : relancer la compagnie. 

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