Alerte publiée le 14/04/23 à 21h30, mise à jour le 16/04/23 à 19h50 – Jusqu’à la dernière minute, la diplomatie saoudienne a tenté de se poser en médiatrice entre Abdel Fattah al-Burhan et son numéro deux, Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemiti ». En vain : les forces armées des deux hommes ont lancé les hostilités le 15 avril.

L’ambassadeur saoudien à Khartoum, Ali Bin Hassan Jaffar, n’a pas ménagé ses efforts, depuis mercredi, pour tenter de faire baisser la tension entre le général putschiste Abdel Fattah al-Burhan et son numéro deux, Mohamed Hamdan Dagalo, mieux connu sous le nom de « Hemiti« . Rivaux en coulisses depuis des mois (AI du 17/01/22), les forces armées des deux hommes s’affrontent désormais directement depuis le 15 avril.

Après une réunion du Quad pour le Soudan – Etats-Unis, Royaume-Uni, Arabie saoudite et Émirats arabes unis (EAU) – à Khartoum le 12 avril, Riyad a pris en main le dossier, secondé par les EAU. Leur président, Mohammed bin Zayed al-Nahyan (MbZ), a d’ailleurs déjà tenté, par le passé, de jouer les médiateurs entre le chef de la junte soudanaise et son n° 2. L’ambassadeur saoudien, l’un des doyens du corps diplomatique à Khartoum, a d’abord proposé de rencontrer les deux hommes séparément, avant un éventuel tête-à-tête.

Ce 14 avril, Hemiti s’était déclaré prêt à rencontrer Burhan. Dès le lendemain, ses Rapid Support Forces (RSF) et les Sudanese Armed Forces (SAF, l’armée régulière) aux ordres du Burhan se livraient à d’intenses combats à l’arme lourde, pour le contrôle de bases aériennes et du palais présidentiel. Avant le 15 avril, la diplomatie saoudienne n’excluait pas de les inviter prochainement à Riyad dans un format qui restait encore à définir. Cette mission de bons offices est directement suivie par le prince héritier Mohammed bin Salman et son chef de la diplomatie, Faisal bin Farhan al-Saoud. Ce dimanche, une réunion en urgence de la Ligue arabe s’est tenue au Caire, à la demande de l’Arabie saoudite et de l’Égypte. Cette dernière a également offert sa médiation, aux côtés du Soudan du Sud.

Épineuse réunification de l’armée

Depuis plusieurs semaines, les SAF étaient à couteaux tirés avec les RSF. Le 12 avril, des mouvements des RSF autour de l’aéroport militaire de Merowe avaient poussé les SAF à diffuser un communiqué leur intimant de se retirer de la zone.

Outre les mouvements de troupes, qui ont mis le feu aux poudres, la principale pierre d’achoppement entre les deux hommes concerne l’intégration des RSF au sein de l’armée régulière, prévue par un accord-cadre signé en décembre 2022 entre la junte et une coalition civile. Hemiti, qui compte sur ses RSF pour maintenir son pouvoir, souhaite que cette intégration se fasse sur une décennie, quand l’état-major de l’armée s’attend à ce que ce processus se fasse en deux ans.

Article mis à jour le 16/04/23, à 19 h 50 – Initialement publié le vendredi 14 avril, cet article a été mis à jour après le début des premiers affrontements survenus le 15 avril.

Africa intelligence

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