Très actif sur les réseaux sociaux depuis le début des affrontements le 15 avril, le chef des Rapid Support Forces, Mohamed Hamdan Dagalo s’appuie, entre Khartoum et Dubaï, sur un petit carré de fidèles rompus aux rouages de la guerre médiatique.

C’est l’une des composantes clés depuis le début des affrontements le 15 avril entre Mohamed Hamdan Dagalo dit « Hemeti » et le général Abdel Fattah al-Burhan : la communication. Un créneau sur lequel le patron des Rapid Support Forces (RSF) se montre jusqu’à maintenant le plus actif, distillant ses éléments de langage en anglais et en arabe sur les réseaux sociaux.

En coulisses, cette stratégie est pilotée depuis plusieurs mois par le premier cercle d’Hemeti, à commencer par son plus jeune frère, Ahmed Hamdan Dagalo. Depuis Dubaï, c’est lui qui a la main sur les relations publiques de son frère aîné. Il est d’ailleurs attendu à Paris la semaine prochaine. Le cadet, Abdulrahim Hamdan Dagalo, basé au Soudan, commande quant à lui les opérations des RSF, en tant que conseiller politique et diplomatique de cette force paramilitaire. Depuis le début des combats, les deux hommes se retrouvent au cœur de la stratégie médiatique des RSF.

Ils sont aidés en cela par deux autres figures intimes de la fratrie « Dagalo » : Ezedin al-Saafi et Youcef Ezet al-Mahri, deux Soudanais en exil jusqu’à la chute d’Omar el-Béchir en 2019. Le premier était établi en Tunisie, le second au Canada. A la suite du soulèvement de 2018-2019, tous deux ont tenté de trouver à Khartoum une place dans le gouvernement de transition du premier ministre Abdallah Hamdok (2019-2022). Avant de se rapprocher du clan Dagalo, pour se mettre au service du patron des RSF.

Étiquette brutale

Début 2022, Ezedin al-Saafi a ainsi engagé, pour le compte du numéro deux soudanais, la firme de lobbying américaine Nelson Mullins Riley & Scarborough. Promu conseiller politique de Hemeti, Youcef Ezet Al-Mahri a dès lors servi de courroie de transmission entre la classe politique soudanaise et les RSF.

Dans les mois qui ont précédé la déflagration entre Hemeti et le général Abdel Fattah al-Burhan, cette cellule a orchestré le virage pris par la communication des RSF. Mis sous pression par Burhan et l’état-major de l’armée, et placé dos au mur par des négociations qui auraient pu contraindre sa milice à intégrer en à peine deux ans les Sudanese Armed Forces (SAF), le leader des RSF a cherché par tous les moyens à convaincre, tant la scène politique locale que les puissances régionales et internationales, de sa capacité à diriger en répondant aux attentes de ses alliés.

Les spin doctors d’Hemeti sont tout particulièrement chargés de polir l’image des RSF, encore très assimilée à celle de miliciens régulièrement accusés d’exactions. L’histoire de cette force, estimée à près de 150 000 combattants, est par ailleurs encore liée aux milices janjawid utilisées par Omar el-Béchir contre les rebelles du Darfour, notamment le peuple four, dans les années 2000. Les RSF ont aussi combattu aux côtés de la coalition saoudienne au Yémen au milieu des années 2010, face aux rebelles Houthis.

Rempart contre le retour d’un régime islamiste

A l’international, Hemeti tente par ailleurs depuis plusieurs mois de se départir d’une image encore associée à celle de la nébuleuse paramilitaire Wagner, dirigée par Evgueni Prigozhin. Il cherche aussi à se positionner en rempart contre le retour d’un régime islamiste à Khartoum. Argument largement mis en avant depuis le début des combats du 15 avril par les canaux « officiels » des RSF.

Dernier axe de communication largement relayé : la lutte contre l’immigration clandestine le long de la frontière soudano-libyenne, un thème particulièrement cher aux pays de l’Union européenne (UE).

Si le discours de Hemeti a trouvé une certaine caisse de résonance parmi la classe politique soudanaise, il a peu convaincu la communauté internationale et encore moins la société civile.

Africa intelligence

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