La série d’arrangements et de compromis pour parvenir le 5 juillet à un « accord de Khartoum » entre le Transition Military Council (TMC) et les Forces for Freedom and Change (FFC) grève le peu de chances que cet accord soit pérenne et n’écarte pas le risque que le pays s’enfonce dans la guerre civile. Le nœud gordien de la crise est la constitution d’un Conseil de souveraineté composé de onze membres (cinq militaires, cinq civils et un onzième membre) qui dirigera le pays lors d’une période de transition de trois ans. L’accord stipule encore la constitution d’un Conseil des ministres qui devrait être chapeauté par l’actuel secrétaire exécutif adjoint de l’United Nations Economic Commission for AfricaAbdalla Hamdok. Quant au Conseil législatif, il ne serait plus à l’ordre du jour.

Pour autant, les FFC souhaitent faire intervenir un comité juridique pour reformuler l’accord dans sa mouture finale. Aussi les réunions et conciliabules s’enchaînent, grâce à l’implication des parrains arabes et américain. Si les Etats-Unis ont toujours soutenu la cause des FFC, Saoudiens et Emiratis tentent de mettre un peu de distance avec le numéro 2 du TMC, le général Mohamed Hamdan Dalgodit Hemiti, depuis le massacre du 3 juin (LOI nº1499). Les deux monarchies du Golfe prônent ainsi une approche plus diplomatique qu’avant, tout en maintenant leur soutien à l’institution militaire, car Hemiti fournit toujours 10 000 soldats de ses Rapid Support Forces au Gulf Cooperation Councildans le cadre de la guerre au Yémen. Après le saccage des bureaux de l’opposition par les hommes d’Hemiti le 29 juin, il aura fallu le doigté du secrétaire d’Etat adjoint aux affaires africaines américaines, Tibor Nagy, pour faire revenir tout le monde à la table des négociations.

Cependant, au-delà du manque de confiance entre les deux camps, le spectre d’un coup d’État venant de petits officiers est toujours fort car les tensions entre l’armée et les RSF sont à leur paroxysme. Pour contrecarrer ce risque, le TMC – qui fait monter les enchères de l’aide américaine en faisant durer les négociations – a placé ces officiers sous surveillance renforcée. De plus, la mise en place des institutions pourrait faire voler en éclats les FFC tandis que la déconfiture économique est une menace et pourrait plonger le pays dans le chaos politico-social. Dans ce contexte, la rébellion armée et certains de ses mouvements pourraient refuser de signer l’accord de paix.  

Tchadanthropus-tribune avec la Lettre du Continent

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