Manifestations au Soudan : le chef des renseignements y voit la main d’Israël – Un clin d’œil au régime Déby

Au Soudan, les manifestations contre la hausse du prix du pain ont fait plusieurs morts dans des affrontements avec les forces de l’ordre depuis le début du mouvement le 19 décembre 2018. Le gouvernement dénonce une instrumentalisation du mouvement tandis que l’opposition critique les méthodes violentes des autorités.

Une fois n’est pas coutume, le chef des services de renseignements soudanais, Salah Gosh, s’est exprimé lors d’une conférence de presse, ce 21 décembre, alors que le pays est en proie depuis trois jours à des manifestations contre la hausse du prix du pain. Il accuse des individus liés à Israël et fraîchement arrivés au Soudan via Nairobi, au Kenya, d’inciter la population à la violence.

« Les manifestations ne nous dérangent pas. Ce qui nous dérange, c’est l’insécurité », a-t-il déclaré avant d’annoncer l’arrestation de sept personnes en lien avec l’incendie d’un des sièges du parti au pouvoir, le Congrès national.

Désastre économique

De son côté, le leader d’opposition Sadek Al-Mahdi, président du parti Oumma, a condamné la répression armée de la part des forces de l’ordre, évoquant un bilan de 22 morts, bien au-dessus les chiffres officiels qui évoquent huit décès. L’ancien Premier ministre, qui s’exprimait pour la première fois depuis son récent retour au pays au terme de près d’un an d’exil, a condamné ce 22 décembre la « répression armée ».

« Les erreurs du régime ont été perçues comme de la provocation par le peuple soudanais dans toutes ses composantes, a déclaré Sadek Al-Mahdi. Pour moi, il n’y a pas de doute. Ce mouvement a débuté de manière spontanée. Notre position a toujours été claire. Les peuples ont le droit, grâce à la Constitution et aux lois internationales, d’exprimer leur refus de l’injustice justice et la politique du gouvernement. Je le répète. Ce mouvement est spontané et totalement justifié. Mais nous voulons que tout cela se fasse sans violence ni destruction. D’autre part, le gouvernement doit s’engager à ne pas utiliser la violence contre le peuple ».

Un autre mouvement d’opposition, les Forces du consensus national, a dénoncé le 21 décembre l’arrestation de quatorze de ses membres, dont Farouk Abu Issa, le président du parti.

Pour les opposants, le gouvernement tente ainsi de mater ce mouvement de ras-le-bol populaire né d’une situation économique désastreuse. Le Soudan connaît en effet une inflation qui frôle les 70 % ainsi que des pénuries de pain et d’essence.

Tchadanthropus-tribune avec RFI

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