Suspension de l’agrément d’Air Inter 1

 

Le Tchad est-il utilisé pour permettre à des avions de ravitailler la Syrie ? C’est la question à laquelle devront répondre les enquêteurs de l’Autorité de l’aviation civile du Tchad (ADAC) après la plainte contre X déposée, le 4 septembre, par son DG Moustapha Abakar.

 

« Rebrandage »

 

Ces investigations portent notamment sur l’inscription, sous le sceau de l’ADAC, mais sans son autorisation, d’un certificat de transport aérien (CTA) d’Air Inter 1 concernant un Airbus340-321avec l’attribution d’une immatriculation tchadienne (TT-WAG). Cette compagnie établie à N’Djamena est spécialisée dans le transport de passagers et de fret à partir d’une flotte de cinq appareils : deux Cessna, un DC8, un Boeing737-500 et un Iliouchine II18. Aussitôt après avoir été acheté aux États-Unis fin 2016 par une compagnie kazakhe, l’Airbus a fait étape à Téhéran durant un vol théoriquement programmé sur Erevan, en Arménie. En Iran, l’appareil aurait été aussitôt repeint aux couleurs de la Syrian Arab Airlines tout en bénéficiant du CTA d’Air Inter 1 et de la nouvelle immatriculation tchadienne. L’Airbus a été ensuite convoyé de Téhéran à Damas, début 2017, où il a acquis son immatriculation syrienne définitive YK-ASA.

 

Complicités

 

D’après Moustapha Abakar, qui s’y était opposé, l’octroi de tels documents de vol n’a pu s’effectuer qu’avec des complicités internes à son organisation. D’où une première décision, le 2 août, de suspendre l’agrément d’Air Inter 1 pour mener les premières investigations. L’enquête lancée à la suite de la plainte contre X doit, de son côté, tenter de débusquer d’éventuels agents indélicats.

 

Selon nos sources, les autorités tchadiennes ont été alertées de cette affaire par le département d’État américain, l’A340 étant sous surveillance depuis son acquisition aux États-Unis. D’autres opérations et plans de vol effectués par les avions d’Air Inter 1, loin de leur base tchadienne, interpellent également les enquêteurs. L’Iliouchine immatriculé TT WAK fréquente assidument l’axe Dubaï-Téhéran. Quant au DC8 immatriculé TTDFJ, il est très vu au Tadjikistan. Contacté par La Lettre du Continentle DG d’Air Inter 1, Mathias Tsarsi, nie les faits qui lui sont reprochés. Outre ne pas être le propriétaire de l’A340 mis en cause, il affirme n’avoir jamais délivré un quelconque document. Il entend déposer plainte à l’issue de l’enquête. Interdite de voler depuis plusieurs mois, Air Inter 1 aurait déjà perdu cinq millions $ de chiffre d’affaires.

 

Tchadanthropus-tribune avec la Lettre du Continent.

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