De par sa complexité cette histoire de drogue va entacher plusieurs responsables directement ou indirectement impliqués dans cette affaire. Lors du 2e épisode devant la justice, les avocats des présumés trafiquants de drogues avaient tenté la nullité et vice de procédure en vain.

S’il s’agit à la justice tchadienne de faire vite pour clore ce dossier, mais c’est sans compter avec les influences diverses qui s’agglutinent autour de cette affaire, et qui font des pressions énormes sur le ministre de la Justice Djimet Arabi et les juges en charge de cette affaire.

Mercredi dernier, deux généraux amis avec le ministre de la Justice avaient tenté de lui soumettre la question de leur protégé. Mais rapidement Djimet Arabi s’est mis dans une colère noire, obtempérant que ce sujet ne doit jamais être évoqué au téléphone.

Idriss Togoï clame haut et fort qu’il n’a rien à faire dans cette histoire de drogue. Il affirme qu’il a été enfermé par abus du pouvoir, et que l’ex DGA de l’ANS Idriss Youssouf Boy lui en veut pour une histoire d’Achat/vente d’une voiture. Ce qu’il oublie est que le traçage des écoutes énumère son nom dans une des filières. Pour démêler le vrai du faux il faut écouter les protagonistes sans aucune influence.

Vendredi 10 juillet 2020, encore les 11 présumés sont devant la justice sans que quelque chose de clair ne se définisse. Les juges jouent la montre tout en sachant la sensibilité de l’affaire. Ils ne peuvent pas citer ou faire appeler les pontes du régime dont les noms ressortent dans cette affaire.

Entre les liens du clan et les instructions du parquet, qui est aussi instruit par les ordres venant d’en haut, tout va doucement. Le but est de ne pas poser des actes qui les suivront indéfiniment pendant longtemps.

Plus de trente avocats pour les 11 présumés devant la justice, on se croirait à Bogota en Colombie. Après quelques atermoiements et quelques questions posées par les juges, le procès est encore renvoyé au vendredi 17 juillet 2020. Cette fois-ci il est question d’entendre le DG des Douanes Abdelkerim Mahamat Charfadine alias Beguéra. Il faut noter que 50 cartons de Tramadol ont disparu entre ses services et certains présumés le citent clairement dans cette affaire.

S’agit-il d’un règlement de compte ? Tant s’en faut, car Beguéra est ces derniers temps la tête de Turc de certains compatriotes qui l’accusent d’être de mèche avec la 1ère dame. Il est sujet de toutes les insultes à travers les réseaux sociaux. Mais au-delà de cette optique, les faits sont là, il faut qu’il s’explique sur la disparition de 50 cartons dont la valeur est de plus de 1 milliard, et la différence sur l’argent que certains auraient confié à sa personne. Les 8 prévenus en liaison avec la drogue stationnée un certain temps à la douane se présentent à la barre. Le tribunal questionne d’abord 2 prévenus sur l’appartenance du véhicule qui transportait les marchandises. Un certain Souleyman Mahamat et le général Tougout se renvoient la responsabilité, puis le fameux général Tougout dit avoir vendu le véhicule à Souleyman Mahamat qui à son tour nie n’avoir conclu aucun achat avec ce dernier. Mais, la défense de Tougout brandit une attestation de vente. Souleyman Mahamat déclare qu’il ne se reconnait pas dans cette attestation. Il a raison, dans un pays où tout est falsifié en permanence, il faut faire attention et bien vérifier. Des irrégularités sont relevées dans l’attestation puis on demande à écouter l’un des témoins sur ladite attestation.

Malgré le report de l’audience, plusieurs avocats sont furieux et accusent le non-respect des procédures. Ils ne manquent pas de le signifier au président du tribunal, et affirment que la colère de leur collègue qui a quitté l’audience est fondée.

Le tribunal se tourne vers deux autres prévenus. À ceux-là, on leur reproche d’avoir tenté de soudoyer des responsables de la Douane pour faire sortir les marchandises arrêtées. L’un des prévenus reconnait avoir reçu une somme de 950 millions FCFA d’une de ses connaissances pour remettre au directeur général de la Douane Beguéra. Il a fait recours à un certain Youssouf un proche parent puis, il feint de ne se rappeler de rien.

Ensuite, il arrive le tour d’un officier de police qui avait tenté de corrompre le procureur de la République, si ce dernier l’aidait à faire sortir la drogue qui est bloquée par la Douane. L’officier de police rejette en bloc ces accusations.

Pourtant le procureur Youssouf TOM est connu pour sa probité et sa rigueur. Personne ne peut mettre en doute ce qu’il avance tant sa droiture est reconnue par ses collègues. Au ministère de la Justice, on le surnomme le “Fou“, parce qu’il est incorruptible. Pour ceux qui le connaissent, jusqu’à présent ce cadre de la Justice est dans une maison en location. Juste cela pour dire que le prévenu officier de police ment.

Le tribunal se tourne vers un autre prévenu qui a reçu par 2 tranches un montant de 260 millions FCFA. Il est incapable d’expliquer aux juges l’origine des fonds. Ce qui n’empêche pas les avocats du général Tougout une demande de mise en liberté provisoire pour cause de maladie, que les juges ont de suite refusée. Tougout est bien portant sur ses pieds.

Un voleur ne dira jamais qu’il a volé s’il n’est pas pris sur les faits. Les 11 prévenus ont tous contesté les faits qui leur sont reprochés.

Vendredi prochain sera une journée riche d’enseignement, tant les révélations seront nombreuses et variées, souvent teintées de mauvaise foi, les prévenus chargeront ceux qui représentent pour eux un grand danger.

Ce qui est sûr, beaucoup d’argent circule pour corrompre et étouffer la vérité. À la Justice tchadienne de démontrer le contraire.

Vivement à vendredi prochain…

Tchadanthropus-tribune

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  • Dommage que la Justice ne puisse pas établir la vérité, trop de zone d’ombres dans cette affaire

    Commentaire par MOUSSA EDGARD TODJINOU le 13 juillet 2020 à 14 h 44 min
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