Le chef de l’État centrafricain emprunte depuis peu des jets privés de la compagnie angolaise Bestfly, dont l’activité pour le compte des dirigeants d’Afrique centrale croît rapidement, au gré des innombrables rencontres diplomatiques régionales.

Il ne jure plus que par lui ! Depuis quelques semaines, Faustin Archange Touadéra dispose d’un nouveau jet privé pour multiplier, depuis Bangui, les visites officielles dans les capitales régionales. C’est à bord de ce Dassault Falcon 900, opéré par la compagnie angolaise Bestfly, que le chef de l’Etat centrafricain s’est rendu les 18 et 19 janvier à Brazzaville, où il a participé au sommet des dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). Le même appareil l’avait déjà conduit le 21 octobre en Angola, où son homologue João Lourenço l’avait invité à faire le point sur l’application de la « feuille de route de Luanda », signée un mois plus tôt sous les auspices de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL) et censée ramener la paix en République centrafricaine. Faustin Archange Touadéra s’était alors déjà rendu dans la capitale angolaise à bord d’un autre appareil de Bestfly, cette fois un Gulfstream G550. Depuis un an, divers aéronefs de la flotte de Bestfly ont convoyé le président centrafricain à N’Djamena (pour les funérailles du président Idriss Déby le 23 avril), Abuja, ou encore Kinshasa.

Au service de Tshisekedi

Bestfly a été fondé en 2009 par un ancien pilote de chasse angolais, Nuno Pereira, qui s’était familiarisé au monde de l’aviation privée en pilotant, à partir de 2003, des Gulfstream pour le compte du géant américain du secteur, NetJets. Si le groupe a lancé en 2019 des vols réguliers au Cap-Vert grâce à deux ATR72, son cœur de métier reste l’aviation privée, pour des grandes fortunes, l’industrie pétrolière, mais aussi les chefs d’Etat ouest-africains. Une clientèle exigeante servie grâce à une flotte de rutilants Gulfstream (G450 et G550) et Falcon 900, mais aussi de Bombardier Global Express 700 et Challenger 600, et de Learjet LJ45, ainsi que quatre hélicoptères. L’un des premiers clients connus a été le président de RDC, Félix Tshisekedi, qui a affrété un Gulfstream G550 à partir de 2020 (AI du 01/04/20).

Au plus proche des Sassou Nguesso

Autre client éminemment stratégique : la famille présidentielle congolaise. L’appareil emprunté le 18 janvier par Touadéra est ainsi basé presque en permanence à Brazzaville. Denis Sassou Nguesso l’a notamment utilisé le 16 septembre pour se rendre au sommet de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs, à Luanda, celui-là même où avait été paraphée la feuille de route de Luanda. Mais la plupart des vols, réalisés avec l’indicatif « CONGO03 », ont pour destination la ville de Pointe-Noire, bastion de la première dame Antoinette Sassou Nguesso, ou plus rarement Oyo, le fief du président, dans le centre du pays. Un second appareil de Bestfly, un élégant Gulfstream G550 blanc et gris, est parfois mobilisé, pour les mêmes raisons. Il est vrai que le chef de l’Etat et son entourage ont plus que jamais besoin de moyens aériens depuis la saisie en France, en juin 2020, du Falcon 7X de la présidence, à l’initiative de la société Commisimpex, qui réclame 1,3 milliard d’euros à l’Etat congolais (AI du 11/06/20). Bestfly n’a toutefois pas l’exclusivité de cette activité, puisque les Sassou Nguesso se sont aussi tournés vers Luxaviation, propriété du franco-turc Fadil Yuzal (AI du 23/06/21). C’est ainsi à bord du Bombardier GlobalJet 5000 blanc et or de cette compagnie qu’Antoinette Sassou Nguesso s’est rendue le 21 novembre à Abuja pour participer le lendemain à la neuvième assemblée générale de la Mission de paix des premières dames d’Afrique, dont l’hôtesse était la First Lady nigériane, Aisha Buhari.

Tchadanthropus-tribune avec Africa Intelligence

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