
13 avril 2025 #TCHAD #Afrique centrale Cemac : les ministres de la zone en conclave à Paris.
À l’invitation du ministre français de l’économie, Éric Lombard, les ministres des finances et de l’économie de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale se réuniront ce 17 avril à Paris pour faire le point sur la stabilité de la zone.
Les ministres de l’économie et des finances de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) se réuniront à Paris, ce 17 avril, à l’invitation de leurs homologues français, Éric Lombard (économie), et équato-guinéen, Ivan Bacale Ebe Molina (finances). Les responsables des institutions sous-régionales, en premier lieu le président de la Commission, l’Équato-Guinéen Baltasar Engonga Edjo’o, et le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), le Centrafricain Yvon Sana Bangui, ainsi que des représentants de bailleurs de fonds, participeront également à la rencontre, qui se tiendra à Bercy.
Le dialogue de haut niveau intervient à la suite de celui tenu en avril 2023, encore une fois à l’invitation de la France, et qui avait fait le point sur les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur les économies de la sous-région, ainsi que sur la distribution des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI).
Cette fois encore, les ministres reviendront sur les différents chocs frappant la Cemac, dans un contexte de guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, ainsi que sur les enjeux de financement des économies. Sur ce dernier point, la réunion du 17 avril s’inscrit dans le prolongement du sommet extraordinaire de Yaoundé, tenu le 16 décembre 2024, à l’invitation du président camerounais Paul Biya. Cet événement avait donné lieu à une première alarme sur le niveau d’endettement des États membres (AI du 13/12/24).
Coup de pression américain
S’il n’est pas officiellement à l’ordre du jour, un autre sujet risque de s’inviter dans les conciliabules entre ministres, à savoir la sensible question du rapatriement des fonds de réhabilitation des industries extractives. Le 25 mars, aux États-Unis, le congressman républicain William P. Huizenga a déposé à la Chambre des représentants le « Cemac Act », concernant tous les États de la sous-région. Le projet de loi prévoit que les États-Unis s’opposent à toute action de soutien du FMI envers les pays de la Cemac, « jusqu’à ce qu’une décision soit prise concernant les réserves brutes de change ».
Depuis plusieurs mois, les industries extractives, en particulier américaines, ont entamé des négociations serrées avec la BEAC au sujet du rapatriement des fonds de préservation, avec le soutien des États membres. Or les pourparlers, menés par le directeur Afrique de la Chambre de commerce des États-Unis, Guevera Yao, bloquent sur l’immunité juridique de la BEAC, sur son rôle de dépositaire des comptes du fonds de réhabilitation, ainsi que sur la mise en œuvre des clauses de double incrimination et de changement défavorable important (AI du 05/11/24). Yvon Sana Bangui avait laissé jusqu’au 30 avril aux opérateurs extractifs pour trouver un accord, sous peine de sanctions. Ceux-ci sont défendus par l’avocat londonien Steven Galbraith.
Ce coup de pression américain est davantage à destination de la direction exécutive du FMI que des États de la Cemac. C’est le FMI qui, entre autres, a poussé la BEAC à demander à rapatrier les fonds, afin de renforcer les réserves de change et de stabiliser le franc CFA. Dans son argumentaire, le congressman estime que « le FMI a induit en erreur les États membres de la Cemac ». La question figurera assurément au centre des discussions lors des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, du 25 au 27 avril.